Après 15 ans dans les grandes organisations internationales au Gabon (ONU SIDA, UNICEF, OMS) et un passage en Belgique, Dr. Christine Nina Niyonsavye a fait son retour au pays natal en 2014. Son objectif : contribuer au développement du pays. Récit.
Aussitôt débarquer au Burundi, elle n’a pas tardé à s’intégrer dans les hautes sphères du domaine de la santé. Dr. Niyonsavye a progressivement gravi les échelons au sein du ministère de la Santé. Elle est devenue conseillère au ministère de la Santé Publique et de la Lutte contre le SIDA, puis Directrice adjoint au Centre Nationale de Transfusion Sanguine avant de finir comme Directrice générale de cette institution. Dans son ascension, l’épisode dont elle est la plus fière concerne sa nomination à la direction de l’Hôpital Prince Régent Charles. « A mon arrivée, cet hôpital autrefois de référence, était dans un état déplorable. Un hôpital de 600 lits sans service de radiologie, vous ne le verrez nulle part ailleurs au monde. », se rappelle-t-elle. Dans pareil cas, l’urgence est de se procurer d’autres équipements dans les plus brefs délais. L’assistance aux victimes d’accidents graves n’y était plus possible. La nouvelle directrice a immédiatement enclenché le processus de les acquérir. Elle va apprendre à ses dépens qu’il avait été lancé via le marché public mais n’avait pas abouti faute de moyens. Elle décide alors de prendre le taureau par les cornes en convoquant une réunion du conseil d’administration pour essayer de trouver une solution alternative. Résultat : des nouveaux équipements radiographiques seront commandés sur les fonds propres de l’hôpital.
Agir à tout prix
Contrairement au service de radiologie, l’hôpital avait des équipements nécessaires pour traiter les patients par hémodialyse. Mais depuis 8 ans, elle ne fonctionnait toujours pas faute de techniciens pouvant les utiliser. Pour que ce service soit de nouveau opérationnel, il fallait recruter 26 employés. Sans toutefois recourir aux méthodes habituelles (appel d’offres), ce personnel sera embauché. Critiquée pour ce vice de procédure, elle assume. « Je ne pouvais pas rester les bras croisés sans rien faire en attendant un processus qui dure toute une éternité alors que l‘hôpital en avait grandement besoin et disposer des moyens pour payer les salaires », lâche-t-elle. Elle s’est ensuite attaquée aux problèmes des employés fictifs. « On avait un personnel nombreux sur papier mais la réalité était une autre chose. Nous manquions le personnel soignant. Il fallait agir dans l’immédiat ». Comme solution, elle va instaurer un système d’horaire rotatif pour mieux gérer ce déficit. Au fait, beaucoup de soignants étaient partis ailleurs et d’autres avaient pris leur retraite. Au lieu d’être remplacé, c’est le personnel non soignant (gestionnaires, comptables) qui avait été recruté à leurs places.
Discipline et propreté
Non seulement, le personnel soignant ne suffisait pas mais elle travaillait mal. C’est le cas du service de laboratoire qui pouvaient clôturer les prélèvements à 10h30. Un rappel à l’ordre et un strict suivi ont suffi pour qu’il refonctionne 24 heures sur 24. « Les laborantins passaient du temps à faire des prélèvements pour d’autres maisons médicales concurrentes. Ces derniers profiter des tarifs très bas de notre établissement public. », assure cette dame issue de la 8ème promotion de médecine de l’Université du Burundi.
Dans toute institution médicale, l’hygiène doit être au centre de toutes les préoccupations. La nouvelle patronne l’a si bien comprise qu’elle s’est même surnommée le planton en chef. « Je devais me présenter très tôt le matin pour surveiller si le travail fait par les plantons était bien réalisé. », fait- elle savoir. Interrogé sur son bilan, un ancien employeur de cet hôpital (sous anonymat), estime que tout n’était pas rose sous son autorité, dénonçant au passage ses méthodes de recrutement. Mais, elle reconnait qu’elle a pu redresser l’Hôpital Prince Régent Charles au bord du gouffre.