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Choix du conjoint: quelle limite pour les parents ?

Dans le Burundi ancien, le mariage était entièrement un arrangement des parents, sans recourir aux futurs mariés. Cette pratique est certes révolue, mais l’implication des parents dans le choix du conjoint de leur enfant pèse encore dans certaines relations, en bien qu’en mal. 

Partons des pratiques ancestrales. Comme le raconte l’Abbé Adrien Ntabona, anthropologue, dans le Burundi ancien, le choix du conjoint était assuré par le père de la famille. «Ce dernier observait les comportements et changements de son fils qui grandissait, et jugeait  qu’il était assez mûr pour se marier. Ils en causaient en famille, puis se fiait à un intermédiaire-connaisseur dans la détection des jeunes filles proportionnelles aux exigences de la famille du garçon», explique l’Abbé.

Puis, le père du garçon se chargeait de s’assurer que la probable future belle famille est la bonne. «Il devait s’assurer que cette famille est d’un même rang social ou supérieur au sien. Ensuite, la belle fille était scrupuleusement inspectée, entre autre en matière de travaux ménagers, d’accoutrement et de politesse», indique toujours Ntabona.

A cela suivait alors les éventuels rituels liés à l’union des deux familles, au mariage : «La mariée était emmenée incognito le soir. La plupart des fois, les mariés se connaissaient à peine. Il arrivait même qu’on échange volontairement la marié, si la vraie avait une grande sœur non encore mariée.»

A l’ancienne ou à l’actuel ?

«Tout est à contextualiser. Il serait aujourd’hui insensé de choisir une femme/un homme pour son enfant. Cela est révolu. Mais, tout de même, la part des parent reste incontournable dans la relation vers le mariage de leur enfant», tranche l’abbé tout en conseillant aux jeunes générations d’éviter de mettre les parents devant un fait accompli : «Ils ont leur mot à dire. Les parents sont les premiers conseillers, les premières sources de bénédictions, et le bonheur des enfants est leur plus grand souhait. Les ignorer serait l’erreur fatale de la part de la jeunesse.»

Florissa Ndayiragije, 23 ans, estime que le poids des parents ne devrait pas beaucoup peser sur le couple : «Ils ne devraient pas beaucoup intervenir dans le choix du conjoint. Par contre, leur contribution la plus cruciale est dans l’éducation de leur enfant lorsqu’il devient adulte, pour le préparer à mieux faire son choix quand il adviendra le bon moment.»

Abondant dans le même sens mais de façon un peu plus catégorique, Loïc Cubahiro, 29 ans, s’indigne contre l’implication des parents dans les relations de leurs enfants : «Les gouts, les appréciations, les motivations des jeunes sont actuellement différents de ceux de leurs parents. Aujourd’hui, on ne choisit pas son conjoint en se fiant aux ethnies aux clans ou aux régions. Seul l’amour compte entre les deux futurs mariés, et j’estime qu’il s’agit de la manière la plus excellente pour des mariages dignes et beaux.»

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