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L’invite de la Chine face au potentiel de la vidéo courte

Les participants au séminaire qui se tient à Beijing: fonctionnaires des ministères en charge de l’information, du tourisme, des droits d’auteur ou encore de la culture, créateurs de contenu, directeurs des médias publics et privés, délégués des agences de presse, etc.

43 praticiens de l’image venus de 13 pays dont quatre du Burundi, sont en Chine pour un séminaire du 5 au 18 juin 2024 portant sur « la création des vidéos courtes et la communication dans les pays en développement ». Outre l’ambition implicite de promotion du modèle chinois en matière de gestion médiatique, il est question de saisir l’ampleur inouïe de l’image dans les processus contemporains de transformation sociétale…

Officiellement, la Chine a tiré près de 800 millions de personnes de l’extrême pauvreté en quarante ans. Si cet exploit s’explique foncièrement par l’innovation découlant des réformes drastiques touchant l’agriculture, l’industrie, la science et les technologies, il y a aussi la part non-négligeable d’un projet ambitieux de contrôle du récit national.
La perspective historique l’explique: trois millénaires de culture politique basée sur l’efficacité du pouvoir central autour du concept-clé d’unification, avec 1,42 milliards d’habitants à gérer sur 9,59 millions de km² impliquent une gestion intelligente de la communication. Surtout à l’ère des réseaux sociaux, porteurs à la fois de progrès et de chaos…

Ainsi, depuis quelques années, la Chine mise sur le digital pour accompagner le changement de paradigme opéré en 2012, le Parti-État ayant décidé de passer du « high speed development » au« high-quality development ».
Afin de faire adopter de nouveaux modes de vie (notamment face au COVID-19), désenclaver économiquement les communautés rurales, maintenir le rythme et les standards d’urbanisation, garantir la sécurité au sein du sixième de la population mondiale, l’État chinois s’appuie sur le big data, l’économie digitale et une communication de masse visant particulièrement les réseaux sociaux.

A VOIR | « Il n’existe pas qu’un seul système pour diriger une nation moderne prospère »: le cas de la Chine

La prééminence du numérique

Les chiffres sont éloquents: l’économie digitale en Chine a généré plus de 7,5 trillions $ en 2023, alors que pour les 99,7% de Chinois abonnés à la télévision et aux réseaux sociaux, chacun suit en moyenne 151 minutes de vidéos courtes par jour et par personne…

Le Pr Hong Li présentant un cours portant sur « la compréhension de la Chine à partir d’une perspective culturelle »

« C’est notamment grâce à cet investissement dans le digital que l’on parvient à apporter le développement dans les villages les plus reculés de la Chine, nourrir l’innovation et le dialogue social entre les 56 groupes ethniques qui constituent la population chinoise, tout en préservant le partage de l’héritage culturel », explique Dr Yan Ni, Directrice général adjointe du Département de la coopération internationale de la NRTA, l’administration nationale de la radio et de la télévision, une agence exécutive de niveau ministériel dépendant du Département central de la propagande du Parti communiste chinois.

Pour la seule année de 2023, ce sont plus de 547 millions d’heures de vidéos courtes qui ont été recensées par la NRTA en Chine, consommées par 1,74 milliard d’abonnés aux plateformes numériques telles que WeChat (890 millions d’utilisateurs), TikTok ou Douyin (plus de 800 millions d’usagers au quotidien), ou encore Tencent QQ (plus de 600 millions de comptes mensuels actifs). Parmi cet immense amas de données, 2 millions d’heures dédiées à l’agriculture et l’élevage en milieu rural, ou encore des centaines de milliers d’heures consacrées au système national de radiodiffusion d’urgence destiné à la gestion des alertes (pandémies, catastrophes naturelles, etc). Pour gérer la production et la diffusion de tout ce contenu, une structure unifiée depuis 2018: la China Media Group – CMG, dont les filiales les plus connues en Afrique sont CGTN et Xinhua.

Et si des pays comme le Burundi (13 millions d’habitants) sont encore à batailler avec une couverture/réseau mobile de 3G et 4G qui couvrent respectivement 50,6% et 32,18% de la population burundaise, la Chine, elle, est en à la 6G, avec l’usage sur des terminaux mobiles d’images à 8k de résolution.
Pour rappel: en 1978, lors du lancement par Deng Xiaoping des réformes ayant mené à la spectaculaire transformation de la Chine, cette dernière présentait un PIB par habitant de 228.52 USD, contre 151.07 USD pour le Burundi. Quarante-cinq ans plus tard, le rapport est de 11560.24 USD contre 262.18 USD… N’y aurait-il pas quelque chose à apprendre de la Chine?

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