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Influenceur à l’ère des réseaux sociaux, un statut non sans risque

Portés par la popularité dont ils jouissent, les influenceurs (Youtubeurs, Leaders d’Opinions, Journalistes citoyens, etc) sont des acteurs incontournables dans la lutte voire la prolifération des messages haineux à l’ère des réseaux sociaux. Comment les amener à adopter une communication constructive, quelles en sont les limites. Plus de détails avec Inès Kidasharira, influenceuse et défenseuse des droits de l’Homme…

Qu’est-ce qu’un influenceur à l’ère des réseaux sociaux ?

Toute personne qui communique, qui partage son opinion, peut être considérée déjà comme influenceur. Si par exemple tu racontes à une personne que tu as été à tel restaurent. On y sert de bonnes choses. » Implicitement, tu l’encourages à aller visiter ce restaurent. La personne qui communique et déjà par essence, un influenceur. Alors il y a des chiffres, cette fois-ci qu’on peut considérer si on veut faire du marketing digital ou classifier le niveau d’influence des personnes qui communiquent sur les réseaux sociaux. Mais ça c’est autre chose. Mais déjà si tu as une personne et que tu postes quelque chose et que la personne répond, tu es plus influenceur que la personne qui poste pour cinq mille individus et personne ne réagit au message.

Un influenceur jouit donc d’une popularité ?

Oui il y a un niveau de popularité qui va avec ce statut car il y a des gens réagissent au message qu’il donne, qui interagissent avec lui et à la fin de la journée peuvent être influencés par sa façon de penser, sa façon d’être, etc. Les gens finissent par le citer et cette popularité finit par venir et faire partie intégrante de la personne.

Pourquoi la société est plus réceptive aux messages des influenceurs ?

Je pense que la société est réceptive à ce qui est visible ou à ce qui est audible. Si une personne ne parle pas, ne partage pas son opinion, tu ne peux savoir ce qu’elle pense. Mais si cette personne partage ce qu’elle pense, la résonnance fait qu’on finit par s’identifier à la personne et c’est de là en fait que vient l’influence.

Dans une société post-conflit comme la nôtre située dans une région qui a connu plusieurs crises, comment ces influenceurs peuvent agir pour lutter contre la prolifération des messages de haine ?

Inès Kidasharira: « Si une, deux, trois, quatre millions de personnes adhèrent aux idées violentes, ça pose problème »

Les influenceurs peuvent agir en étant conscient de la portée de leurs mots parce qu’il est important que chaque personne qui communique, qui parle, soir conscient de la teneur des mots qu’elle partage. Et ça, j’ai l’impression que beaucoup d’entre eux l’oublient mais les mots que nous sortons, les mots que nous écrivons s’adressent à des personnes, qui véhiculent ou peuvent susciter des émotions, qui peuvent blesser des personnes ou bien les aider à se construire. Et donc cette conscience doit se construire au niveau des personnes qui ont de l’influence, qui parlent à un large public et cette conscience va les pousser à être prudentes dans leur façon de choisir les mots, dans leur façon de s’exprimer ; parce que vous l’avez dit le contexte est assez fragile, l’histoire qui est là, sachant que tout commence par des mots, il est évident que si tu commences à traiter tel groupe de nom d’oiseau, tu le transformes en cible des messages de haine, ce qui peut dégénérer en actes violents physiquement.

Et comment se construit cette conscience ?

Les personnes qui se réclament influenceurs doivent être conscientes de la portée des mots ou des idées qu’elles transmettent via différents canaux de communication. Ici intervient la notion de responsabilité envers autrui car ce n’est pas parce que tu es assis derrière un écran que tu n’es pas une personne ou bien ce n’est pas parce ceux à qui tu t’adresses sont justes des noms qu’il ne s’agit pas d’êtres humains et cette conscience doit nous guider tous.

Alors qu’est ce qui explique les dérapages observés ici et là ?

Je pense qu’ici chez nous se pose aussi la question de régulation parce que si une personne n’arrive pas à s’autoréguler elle-même, à respecter les bases de la communication non violente, du respect de l’autre, il devrait y avoir une manière de pouvoir réguler ces personnes-là parce qu’elles peuvent nuire. Si une, deux, trois, quatre millions de personnes adhèrent aux idées violentes, ça pose problème.

Vous évoquiez tantôt la notion de communication non violente, comment justement peut-on responsabiliser ces influenceurs pour une communication non violente et surtout constructive ?

Déjà ce sont des entités individuelles régies par la loi des pays dans lesquels elles sont et donc la première responsabilité vient de là. Mais je pense que c’est assez difficile parce que les personnes s’expriment souvent comme elles sont. D’où l’intervention du niveau d’éducation, du niveau de sensibilité, le niveau de connaissance des lois ou règles de base, des bonnes manières. Je vois des gens qui s’insultent, qui dépassent les limites et je me pose la question de savoir si ces personnes-là, dans la vie réelle, pourraient vraiment se comporter de cette manière-là, ou bien si ce n’est pas cette impression d’être dans l’anonymat, d’être protégé par la foule qui les pousse à interagir de la sorte. Alors pour les responsabiliser, si elles sont identifiables, je pense que les instances de régulation doivent agir. Du côté des victimes, la loi permet de porter plainte en cas d’insultes, d’injures, de calomnies ou toute forme d’infractions du genre.

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