Les Congolais ayant fui les violences de l’Est de la RDC installés au centre de transit de Makombe, situé dans la commune de Rumonge, vivent dans des conditions déplorables telles que le manque d’abris adéquats. Ils réclament d’être soignés, du matériel de couchage et des bâches de protection. Reportage.
À l’entrée de ce centre, femmes et enfants s’entassent dans un espace exigu, dormant à même le sol. Exposés au soleil brûlant le jour et au froid la nuit, ces réfugiés congolais vivent dans des conditions difficiles.
Les hommes, pour leur part, cherchent refuge sous les arbres, y passant leurs journées et leurs nuits. Selon Léonard Niyonsaba, Gouverneur de la province de Rumonge, le centre dépasse largement sa capacité : conçu pour accueillir 500 personnes, il héberge actuellement plus de 1 200 réfugiés.
Gérard Bukeyeneza, responsable dudit centre précise que 1 268 personnes sont actuellement hébergées, dont 569 hommes et 699 femmes. « Depuis leur arrivée, aucun transfert n’a été effectué. Parmi les défis, nous manquons de moustiquaires. Nous distribuions initialement 270 g de riz par personne, mais cette ration a été réduite à 180 g. Quant aux petits pois, la quantité est passée de 100 g à 60 g. La nourriture est insuffisante, et cela pourrait entraîner des cas de malnutrition. Si la pluie venait à tomber, la situation deviendrait catastrophique. »
Des conditions de vie alarmantes
Interrogés, ces réfugiés indiquent ne plus savoir sur quel pied danser. « Nous dormons à même le sol sans nattes, sans couvertures, et même sans moustiquaires pour nous protéger des moustiques », déplore un homme du site. Et d’ajouter : « Depuis notre arrivée, nous recevons à peine 1,2 kg de maïs et 1,5 kg de petits pois par personne pour une semaine. Les réductions successives rendent la situation critique. »
Ces réfugiés demandent des soins immédiats et un transfert vers un espace mieux adapté. « Nous avons besoin de bâches, de nattes, de couvertures et de moustiquaires. Ce centre peut accueillir 700 personnes, mais nous sommes plus de 1 300. Il est urgent de nous transférer vers un camp ou un site d’hébergement digne de ce nom », insiste un réfugié.
Outre la ration alimentaire insuffisante, le centre dispose seulement de deux blocs de latrines, avec six toilettes pour hommes et six pour femmes. Le centre de santé est fermé, et les malades doivent être transférés à Rumonge. Bien que les soins soient gratuits, les patients doivent financer eux-mêmes leur déplacement et acheter leurs médicaments en pharmacie. Jusqu’à présent, aucune épidémie n’a été signalée.
Les femmes et les filles en première ligne face aux difficultés
Parmi les aides reçues, seule la nourriture est fournie. Les filles et les femmes n’ont pas accès à des kits hygiéniques de base, comme du savon pour laver leurs vêtements et ceux de leurs enfants. En outre, aucun centre éducatif n’est mis en place pour les enfants. P.F, une réfugiée, témoigne : « Bien qu’un bâtiment soit marqué comme centre de santé, il est fermé. Les maladies commencent à nous toucher, et un enfant est décédé dans la nuit du 5 au 6 mars 2025. Des soins d’urgence auraient pu sauver cette vie. »
K.M, une autre femme rencontrée dans ce centre confie : « Je suis allée à l’hôpital de Rumonge, où ils m’ont consultée, mais ils m’ont demandé d’acheter les médicaments moi-même, alors que je n’ai pas d’argent. Mes enfants et moi souffrons encore, et j’ai peur que nous ne survivions pas. »
L’appel à la solidarité
Gérard Bukeyeneza recommande de transférer certains réfugiés vers des sites dédiés pour alléger la surpopulation. Il préconise également l’installation d’un centre de santé sur place pour gérer les urgences nocturnes. La majorité des réfugiés proviennent d’Uvira, de Bukavu et d’autres régions de la RDC, ainsi que de la Tanzanie.
Le Gouverneur Léonard Niyonsaba appelle à la solidarité. Les responsables religieux ont commencé à contribuer en fournissant des vivres ou des fonds, gérés via un compte dédié impliquant plusieurs parties dont les autorités provinciales et les églises : « Nous interpellons les sociétés, les banques et les organisations pour venir en aide à ces réfugiés. Dès leur arrivée, ils ont besoin de nourriture, d’un endroit pour dormir et de quoi se couvrir en attendant leur transfert vers des sites d’hébergement adaptés. »
