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Capitaine Dieudonné Dukundane, la force tranquille

Sa présence sur terrain, sa réactivité envers les internautes, sa volonté maintes fois affichée de renverser la vapeur au sein du stratégique portefeuille ministériel des infrastructures, équipements et logements sociaux, quatre mois après sa nomination, lui valent auprès de tous l’image d’un Ministre “hyperactif”. Pour les proches collaborateurs de Dieudonné Dukundane, son attitude révèle plutôt un pragmatisme inné. Portrait d’un capitaine de bateau dont le parcours, atypique, fait que nous le classions parmi les jeunes … à 47 ans! 

Si les projets, entre autres, de bouchage des nids-de-poule et dégagement des caniveaux sur le tronçon Bujumbura-Gitega, d’aménagement du passage piéton sur la RN1, de réhabilitation des points critiques sur la RN16, de réfection du tronçon Kanyosha (RN3) … ont été si vite exécutés et que certains processus de construction du chemin de fer et de l’édification des buildings ministériels vont bon train, le ministre Dieudonné Dukundane y est pour quelque chose. En témoignent ses incessantes descentes sur terrain, pour le suivi de la mise en œuvre de ces ouvrages.

En visite dans le parc naturel de la Ruvubu (50.000ha) en février 2023, le Ministre Dukundake s’est engagé à y tracer des pistes praticables pour renforcer l’affluence des touristes

Rares sont les commentaires négatifs à son égard. Ses proches lui détectent un seul défaut, loin d’être rédhibitoire: “Mener une vie de renoncement”. Un constat que lui-même acquiesce sans broncher. Peu disert et relativement discret, malgré un impressionnant réseau personnel et professionnel, rien ne le prédestinait à une carrière si fulgurante.

Né en 1975 sur la colline Tara, commune Songa en province Bururi, Dukundane a vu son cursus scolaire partagé entre l’école primaire Kiriza à Matana, le collège Rumeza et le lycée Bururi. Tout en menant une vie rustique, il a réussi partout. Avec brio.

Très cultivé et surtout matheux, il est convaincu bon gré mal gré par ses enseignants de poursuivre la section Scientifique A, grâce à ses excellentes notes dans le test clôturant alors la 10è année, lui qui est un mordu des sections qui offrent une connaissance générale (Scientifique B, Lettres modernes…). Ce choix ne l’empêchera pas, par la suite, de prendre le pouls de l’économie à l’Université du Burundi où il embrayera, très motivé, avec la Faculté des Sciences économiques au cours de l’année académique 1999/2000.

Méticuleux, le Ministre Dukundane s’illustre par de fréquentes visites sur terrain. Ici, en inspection de la propreté du pavage récemment posé bordant la RN1

Trois ans plus tard, alors qu’il prépare son mémoire, celui que ses pairs qualifient de touche-à-tout, est tenté par une opportunité d’une bourse d’études à l’Académie maritime de l’École supérieure de navigation d’Anvers en Belgique. Dilemme vite résolu: il jette son dévolu sur la carrière navale.

De l’ombre à la lumière

Fraîchement diplômé avec distinction, le jeune capitaine de marine fait le pari risqué de rentrer au Burundi dès 2006, aux balbutiements de la sortie de la crise politique: «Nombre de mes amis, la famille et les proches ont tout fait pour m’en dissuader. Mais je sentais dans mon for intérieur l’envie de donner quelque chose en retour à mon pays», confie-t-il.

A son arrivée dans son pays natal, accompagné d’un seul boursier burundais parmi les dix avec lesquels il a partagé l’aventure en Belgique, sa priorité sera de finaliser sa licence en Économie. Il sera obligé de reprendre la dernière année sans aucune lassitude, pour enfin défendre son mémoire.

Celui qui se voyait depuis sa prime jeunesse dans la peau d’une blouse blanche, connaîtra en 2008 sa nomination dans un domaine qu’il maîtrise désormais sur le bout des doigts, au sein du département des transports internationaux du Ministère en charge des transports, en qualité d’inspecteur des bateaux dans le lac Tanganyika. Il va gravir les échelons jusqu’à tenir les rênes de la direction dudit département en 2011, dans la foulée de la création de la Direction générale de l’autorité maritime, portuaire et ferroviaire, qu’il sera le premier à chapeauter en 2012.

Il effectuera par après un passage éphémère à l’actuelle Agence de Développement du Burundi (ADB, ex API) au poste de suivi-évaluation en février 2014, avant de rejoindre l’ONG Trade Mark East Africa, en tant que responsable du trade logistics. Son travail assidu, nourri de dextérité et d’abnégation, le propulse au sommet de l’Agence de facilitation du transport du Corridor Central (TTFA), où il exercera les fonctions de secrétaire exécutif de mai 2015 jusqu’avril 2022.

Durant cette période, Dieudonné ne change pas son fusil d’épaule. Il est plutôt une figure de proue, qui va courir les antichambres pour mobiliser les fonds de soutien des projets de développement des réseaux intégrés de transport et de commerce au niveau des pays qui forment le Corridor Central (Burundi, RD Congo, Rwanda, Tanzania et Ouganda).

Ce Pentecôtiste, père de quatre enfants, a ainsi acquis une réputation d’inoxydable et des reconnaissances tant nationales qu’internationales. A son palmarès, notamment: le prix de l’Agence de développement de l’Union Africaine (NEPAD) comme champion des programmes dans le cadre du PIDA (programme d’infrastructures de développement en Afrique) en mars 2022, deux prix présidentiels en juillet 2018 et mai 2022, etc.

Du pain sur la planche

À 47 ans, Dieudonné Dukundane se retrouve face à d’immenses chantiers. En effet, le maroquin des infrastructures, équipements et logements sociaux se taille la part du lion dans l’exercice budgétaire 2022/2023, avec 16% du budget de l’État (environ 391,4 milliards de Fbu, en pole position) avec essentiellement comme grand chantier, la construction du chemin de fer Uvinza-Gitega, qui va accumuler à lui seul près de 200 milliards de Fbu.

A LIRE | Engagement de la BAD d’investir environ 100 millions USD dans la construction du tronçon Uvinza-Musongati-Gitega (entre la Tanzanie et le Burundi)

Sur son bureau, d’autres dossiers l’attendent: la réhabilitation du réseau routier national, la modernisation de certaines infrastructures comme le port de Bujumbura, des ponts reliant certaines zones, la problématique de financement des logements sociaux, le problème de parcelles au quartier Kizingwe Bihara, viabilisées depuis 2013 mais qui n’ont pas jusqu’ici été octroyées aux acquéreurs…

Avec une expérience riche de 15 ans et un solide carnet d’adresse, Dukundane en a le cœur net: d’un optimisme à toute épreuve et fortement résolu, il compte mettre les bouchées doubles dans l’exécution efficiente des projets, surtout grâce à une gestion rigoureuse et transparente des fonds alloués. Par-dessus le marché, il ambitionne de promouvoir le “Made in Burundi” en équipant les différents bureaux par des produits fabriqués localement.

Bref, des dossiers «chauds» et du pain sur la planche: voilà un parcours qui devrait inspirer plus d’un jeune!

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