Jimbere

Kirundi French
Culture

Musée national de Gitega, la médaille et son revers

Musée national de Gitega

Fondée en 1955 par le pouvoir colonial, cette institution unique dans son genre au Burundi est confrontée à plusieurs obstacles qui entravent son bon fonctionnement. Coup de projecteur

Sur la route nationale numéro 2, en face de l’aérodrome à quelques centaines de mètres du palais présidentiel se dresse  majestueusement  une construction à l’architecture  antique reconnaissable par ses arcades frontales.  Ecrit en noir sur blanc avec une taille qui le rend facilement lisible à plusieurs mètres, l’inscription « Musée national de Gitega » renseigne sur son statut.

Pris par une irrésistible envie de visite, une statue de Binyoma, un guerrier de Mwezi Gisabo reconnaissable par l’ihumvyo, la peau de léopard symbolisant la vaillance vous accueille tout juste après avoir gravi les marches du perron du musée. S’en suit un vrai voyage dans le temps qui commence par le saint de saints : Le palais royal.  La reine à l’intérieur, objet de tous les soins des servantes, le roi rendant justice dans la cour de son palais, une exploration de la vie d’antan ne saurait mieux commencer. Même l’alcôve ne fait pas figure d’exception.  L’uburiri, lit royal reconstitué avec l’urukama,  sorte de papyrus entassé entre deux nattes est à portée de votre regard. « L’on veillait à chaque fois de changer l’urukama tous les trois jours afin de rendre discrets les ébats de leurs majestés », précise la guide.Un peu plus loin, toute une panoplie de témoignages du train de vie chez le Burundais lambda que ça soit en temps de guerre ou de paix.

Cependant …

Les défis auxquels fait face ce joyau de la connaissance sur le Burundi ancien fait de lui un véritable colosse aux pieds d’argile. Loin d’effleurer les standards internationaux de la muséologie, son état est plutôt désolant comme l’explique Pascal Ndayisenga, le directeur a.i du musée : « Nous sommes confrontés à un défi de taille, celui du budget. L’institution, bien que sous tutelle du ministère ayant la culture dans ses attributions, nous ne recevons le moindre sou de la part des pouvoirs publics pour le fonctionnement. En tant que fonctionnaires de l’Etat nous percevons juste le salaire et c’est tout ».

Pour pouvoir offrir à ses visiteurs un moment agréable, le musée roule sur les frais que paient les visiteurs pour s’approvisionner en nouvelles collections qu’il achète auprès des particuliers qui vendent souvent les objets à prix d’or, ces derniers représentant souvent des bibelots familiaux ayant appartenu à leurs aïeux. Comme le montrent les statistiques relevées au sein du musée, ce n’est pas donné. La moyenne de fréquentation est de quatre personnes par jour, ce qui entraîne une gymnastique financière des plus compliquées.

La dernière grande acquisition remonte de 1984 grâce à un travail de titan abattu par le ministre de la culture et des sports de l’époque, Habimana Balthazar qui a pu faire faire rapatrier des musées belges les objets préhistoriques sur le Burundi qui s’y trouvaient. Depuis, les nouveaux venus dans les rayons du musée arrivent au compte-gouttes.  La preuve la plus frappante de cette situation est la bibliothèque du musée censée être garnie en livres et revues muséographiques « qui vient de passer cinq années sans recevoir aucune pièce suite au manque de sorties des responsables de ce musée pour pouvoir communiquer avec d’autres professionnels et organisations du domaine des musées », regrette M. Ndayisenga.

En plus du manque criant du personnel qualifié, « ceux qui ont reçu des bourses d’études en muséographie à l’étranger ayant choisi bifurquer vers d’autres domaines aux salaires alléchants à leur retour au pays » comme le souligne le directeur a. i du  musée, il y’a aussi l’exigüité des lieux qui s’invite sur la liste des challenges. Depuis sa création, l’espace est resté le même.

Toutefois, le musée peut se targuer de bien jouer son rôle de pérennisation de la culture burundaise. Les jeunes nationaux représentent 90% des visiteurs. Un optimisme presque assuré quant au passage du relais aux générations futures.

 

 

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top