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Césarie Nindabira : «Transcender l’handicap »

Malgré une vie qui s’annonçait sous un ciel noir, Césarie,  couturière dans la quarantaine,  a pu faire mentir tous les pronostics. Portrait.

Au centre de Muramvya, il y a les boutiques d’habits et LA BOUTIQUE d’habits. Cette dernière se trouve aux abords de la RN2, non loin des locaux de la Croix-Rouge. Ce petit fourbi desservi par une unique porte, c’est la seconde maison de Césarie, après celle qu’elle partage avec son mari et père de ses deux enfants.

Une petite pancarte signale aussi que le magasin fait office aussi de bureau pour une association : ‘‘Rema, Abamugaye b’i Muramvya.’’

Le barza de magasin est occupé par plusieurs couturières, toutes concentrées sur leurs machines. Pour voir la présidente, il faut entrer à l’intérieur du magasin. La salle déborde d’habits flambants neufs, les uns suspendus, d’autres posés sur une table. La patronne se trouve au milieu, levant la tête à chaque intrusion. Le sourire de Césarie est un baume au cœur. Même celui qui ne veut pas acheter risque de le faire, subjugué par la chaleur de l’accueil.

Pourtant, cette bonne humeur vient de loin, car très tôt, Césarie perd l’usage l’une de ses jambes. À neuf ans, des humanitaires de passage lui apprennent à marcher, et lui confectionne une prothèse. Après une difficile école primaire dans sa région natale, Kiganda, elle intègre le tout nouveau Centre pour handicapés de Kiganda, où elle va apprendre un métier : la couture.

Un parcours de combattant

Major de sa promotion, elle rentre chez elle à 17 ans, avec dans ses valises un certificat et une machine à coudre. Après avoir passé quatre ans à coudre les petits habits du voisinage, elle se rend compte que son savoir-faire et en train d’être gaspillé. Avec un petit capital, elle décide d’aller à l’aventure dans la grande ville de Muramvya, pour y gagner sa vie.

« Les débuts ont été difficile, j’ai quémandé une petite place où mettre ma machine, malheuruesement les clients ne venaient pas », se remémore-t-elle. Pourtant elle persévère. Petit à petit, les habitants de Muramvya commencent à la solliciter. « Si Dieu ne lui pas donné les jambes, Il lui a donné des doigts de fée », confie un habitué, émerveillé. Pendant sept ans, elle travaille dur, épargnant. Entretemps, elle se trouve un mari, un client envouté par la dextérité de ses doigts.

Après sept ans, en 2007, elle finit par se payer son propre atelier, où elle invite les lauréats des promotions ultérieures du Centre pour handicapés de Kiganda. « J’avais déjà vu combien c’est dur de se faire une vie dans notre état, combien de temps cela prend.  Je ne souhaiterais cela à personne », s’explique-t-elle.

Une année après, en 2008, elle crée ‘‘Rema’’ et en devient la présidente, avec 60 adhérents. Aujourd’hui, Rema compte 85 adhérents. Dans la société de Muramvya, Césarie est un modèle de force, une lumière, un espoir pour les handicapés de la région.

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