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Filda Nahimana : l’incarnation du leadership au féminin

Jusque-là reléguée au second plan, la femme burundaise est devenue un acteur incontournable dans la vie politique. De conseillère dans sa circonscription au poste de responsabilité dans différentes institutions, elle a su attirer l’estime de ses collègues masculins mais également l’appréciation de la population. A Muramvya, Filda Nahimana en est la parfaite illustration.

Originiare de la colline Biganda de la zone Busangana en commune Bukeye, Filda Nahimana est connue dans sa localité comme une femme leader qui a beaucoup œuvré dans le monde politique et associatif de la province Muramvya.

Lorsqu’on lui demande comment tout a commencé. Cette sexagénaire rétorque tout simplement : par le mouvement associatif. Début des années 1990, raconte-t-elle, grâce un certain niveau de scolarité, elle crée avec ses amies l’association Ingeregere avec une double objectif : gagner en autonomie financière et participer aux processus décisionnels : « J’avais remarqué qu’il n’avait pas de développement dans notre collectivité et l’une des raisons était la pauvreté qui touchait principalement les femmes. »

Début 2000, elle est sollicité par ses voisins et amis à se lancer en politique.. Filda Nahimana finit par intégrer le parti au pouvoir: « J’ai commencé par devenir une élue collinaire. Poste que j’ai occupé pendant une année. Après j’ai été élue à deux reprises membre du Conseil communal de 2005 à 2015. »

Lors des élections de 2020, la population la presse de se faire élire  au niveau collinaire. Elle est élue et depuis, elle occupe le poste de chef collinaire.

Un pas salué par Ephrem Ndikumasabo, Gouverneur de la Province de Muramvya, pour qui le travail fait par les femmes dans sa province est de meilleure qualité malgré une ouverture récente de la sphère politique à leur endroit.

A Muramvya, affirme le gouverneur, les femmes sont représentées dans les instances de prise de décisions de la province même si le chemin reste encore long : « Nous ne pouvons pas dire qu’elles sont représentées au même niveau que les hommes mais comparativement à d’autres provinces, il y a pas mal de secteurs où les femmes occupent les meilleurs positions comme le Tribunal de Grande Instance, le District Sanitaire, les Tribunaux de Résidence de Muramvya et de Bukeye, etc ».

Des éloges tous azimuts

Joseph Manirakiza, voisin de Filda Nahimana ne tarit pas d’éloges envers elle : « Elle organise bien les tâches qui lui sont assignées. Si tu l’appelles pour lui faire part de tes problèmes, elle se dépêche pour constater la situation et la résoudre. »

Si on compare avec les autres qui sont passés avant elle, affirme M. Manirakiza, il y a une grosse différence car elle résout les problèmes sans rien demander : « Un jour, je suis allé à la commune et on m’a demandé d’appeler le chef de colline et elle a répondu et après mes problèmes ont été résolus ».

D’après une voisine de Filda Nahimana, beaucoup de choses ont changé depuis que la colline est dirigée par une femme.  C’est notamment la construction des sources d’eau : « Elle est vigilante quand il s’agit des réparations mais quand on était dirigé par un homme, il ne s’intéressait pas à ça. Elle s’intéresse aux travaux communautaires. Elle soutient les femmes qui sont maltraitées en conseillant leurs familles. Les hommes exigent souvent des pots de vin quand on leur demande de l’aide mais cette femme ne demande rien ».

Un engagement non sans difficultés

Filda Nahimana est un véritable leader communautaire avec un background reconnu de tous. Mais, comme elle le témoigne, les difficultés ne manquent pas : « Par exemple, les hommes qui voulaient être dans cette place étaient jaloux envers moi. Heureusement, j’ai obtenu le plus de votes et c’est moi qui suis sortie vainqueur ».

De plus, pour cette femme leader, les hommes ne facilitent pas le travail des femmes lorsqu’elles ont une parcelle d’autorité. Il y a des hommes qui dénigrent les idées des femmes et leur autorité juste parce qu’ils sont des hommes.

Cet état des faits est reconnu par Joseph Manirakiza : « La femme reste une femme. Elle a d’autres tâches à faire ; ce qui fait qu’elle éprouve des difficultés à les réaliser le plus rapidement possible comme le ferait un homme. Mais, c’est toujours possible de manier les travaux ménagers et diriger la communauté ».

Pour cette femme rencontrée à Biganda, cette lenteur de la femme par rapport aux hommes peut s’expliquer par des travaux ménagers. Mais ce n’est pas le cas pour Filda car « elle a des enfants déjà adultes ». Justement, Filda dit qu’elle prend soins de son ménage, qu’il y a à manger car ses champs sont bien préparés, ses enfants ont fait des études et sont maintenant tous mariés.

Enfin, Filda Nahimana rappelle qu’elle reçoit des messages inappropriés dans lesquels on la traite de vieille femme et il arrive même que certains hommes aillent directement chez le procureur exposer leurs problèmes sans avoir passé par elle.

Les femmes appelées à occuper les postes de responsabilité

Pour que les femmes se développent, Filda Nahimana propose de mettre tous les enfants à l’école y compris les filles car d’après elle, tout ce qui va avec l’administration s’apprend à l’école : « L’important chez une femme qui est dans l’administration, c’est l’épanouissement dans sa tête car cela lui permet d’avancer ses idées sans peur. » Et de poursuivre : «  Les gens regardent ton attitude pour t’élire. Quand je vois une femme qui désire se faire élire, je l’encourage malgré les défis qui l’attendent. J’aimerais d’ailleurs qu’elles intègrent les instances de prise de décision car il y a plusieurs choses qui changeront surtout lorsqu’il faut résoudre des problèmes spécifiques aux femmes».

Elle n’oublie pas, conclut-elle, de les aider dans la façon dont elles doivent se comporter, comment elles doivent présenter des rapports dans les meilleurs délais, etc.

Le gouverneur de la province de Muramvya demande à toutes les femmes burundaises de se représenter et de se montrer courageuses : « Elle doivent intégrer les partis politiques car pour être dans les positions administratives, il faut passer par les partis politiques. Elles doivent aussi avoir des compétences requises pour occuper ces postes. »

Et de conclure sur une note positive : « Du haut de mes 14 ans de service dans l’administration, je n’ai jamais eu de mauvais témoignages sur le travail des femmes. Pendant les premiers jours de la promotion de la femme, le chemin n’a pas été facile mais petit à petit les gens s’habituent et remarquent que les femmes peuvent bien faire ».

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