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La soif des femmes, une manne économique

Il est des bars dans Bujumbura où, à certaines heures, il y a régulièrement plus de femmes que d’hommes. Entre 17h et 19h, alors que les bureaux ferment, juste avant que les enfants ne commencent leurs devoirs à domicile et que les hommes ne sortent pour prendre la température de la ville, les citadines se retrouvent régulièrement pour commenter les derniers développements dans la cité. Il faudrait toute une batterie de recherches pour savoir les thématiques qu’on y aborde et la portée des discussions au quotidien. Y apprend-on la dernière mode des imvutano, comment résister à la domination masculine, survivre aux maris volages, ou apprendre les mathématiques post-fondamentales aux enfants ?

En attendant les résultats de ces recherches, une caractéristique commune de ces tablées féminines : l’alcool n’y est pas ménagée. Et les brasseries savent capter l’air du temps. Fini la belle image de la pudique Burundais qui se retirait à la maison pour abattre sa bière, ou la grande-mère qui se retirait sans les plis de ses pagnes pour malmener sa Primus.

Désormais, les bouteilles sont assassinées par d’expertes mains en plein jour, au vu et au su de tous. Cela s’appelle « émancipation », plutôt évolution normale de la société. Pourquoi celles qui font désormais le maçon, le taxi-moto ou le coiffeur, ces mères célibataires, ces divorcées et ces businesswomen auraient honte d’en siffler une ou deux si cela leur chante ?

Les affaires étant les affaires, les brasseries qui savent que la femme, c’est le pilier de l’économie burundaise, et plus de 50% de la population du pays, se préparent en conséquence. La Brarudi en tête : la svelte Amstel Bock serait un appât certain de la gente féminine (mélangé souvent avec du Coca-Cola). Et si la version jeune et sexy de la Primus porte le joli nom de « Bajou », ce n’est pas pour rien.
Pour les poches plus garnies, le goût sucré  de la Smirnoff scelle des amitiés féminines.
Sans parler des fourbes distilleries artisanales répandues à travers le pays : plus c’est sucré et fort, plus ça risque de faire fondre de nouvelles adeptes. Et détruire des vies.

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