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Les aspirations des jeunes burundais au bien-être

Aspiration au bien-être matériel

Si la première aspiration est totalement immatérielle, les données de l’enquête ont noté que les jeunes aspirent également au bien-être matériel à une même hauteur : sur le graphique, avoir beaucoup d’argent compte presqu’autant que la paix et la sécurité (56,6%), voire plus en zones rurales (61,2%). Mais cela semble très relatif, si on regarde la hiérarchisation des besoins matériels. Ainsi par exemple, avoir une moto (45,5%) est de loin plus important qu’avoir une belle voiture (19,6%). Plus étonnant encore, avoir un vélo passe avant la voiture (19,7%).

Par-là, on peut remarquer que les jeunes font des choix simples, qu’ils jugent sans doute à leur portée. Cela ne veut pas dire qu’ils n’aimeraient pas avoir une belle voiture, mais beaucoup n’en ont jamais vu dans leurs familles, voire dans leurs milieux de résidence. Le deux-roues leur semble plus accessibles, et si on les écoute bien, ils envisagent en faire un outil de travail, un taxi-moto ou taxi-vélo, gagner un peu d’argent, fonder une famille, construire une maison, joindre les deux bouts du mois. Ce n’est donc pas une finalité en soi.

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Ainsi, pour ces derniers : « La moto peut assurer un revenu de 15.000 Fbu par jour si on en fait un taxi. En plus c’est un moyen de déplacement rapide ». Mais ce n’est pas la multiplication des motos qui va apporter le développement aux jeunes, ils aspirent à des transformations profondes qui leur permettraient de s’épanouir économiquement.

Par ailleurs, le phénomène le plus étonnant de l’étude est la place occupée par l’emploi dans la hiérarchie des priorités des jeunes : 0.7%, soit la dernière place. De ce constat, on pourrait logiquement se poser la question de savoir si les jeunes négligent effectivement l’emploi ? Mais tout d’abord comme certains l’ont évoquée : « Il faudrait tout d’abord se convenir sur ce qu’on appelle emploi ». Selon l’enquête, la réalité est que les jeunes voient souvent autour d’eux des gens qui travaillent mais gagnent très peu.

Autre point qui les démotive : « Certains jeunes ont acquis la mauvaise habitude de penser qu’on peut avoir facilement de l’argent, en comptant sur des soutiens d’autres personnes ». Éventuellement, on pourrait ajouter un troisième facteur qui démotive les jeunes à vouloir chercher de l’emploi : plus de 65% des jeunes se trouvent au chômage (ADISCO, 2018). Logiquement, les jeunes, à force de voir la plupart de leurs aînés avec ou sans instruction au chômage, sans perspectives d’avenir aucune, s’en lassent de chercher un emploi.

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