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« Amayaya y’intare », une pièce de théâtre pour dire non aux violences faites aux femmes

Acteurs simulant un débat sur les VBG, en transport en commun

Ce samedi 16 janvier 2021 se jouait à l’IFB une pièce de théâtre sur la sensibilisation aux droits des femmes, un projet de Visage artistique du Burundi en collaboration avec « A portée de Main », soutenu par l’Ambassade de France au Burundi.

On ne croyait pas qu’on allait se faire une leçon sur les droits de la femme, les histoires de couples, les difficultés de la vie, … par des jeunes adolescents. Mais le théâtre étant le véhicule idoine pour transmettre toute forme de message, on n’a pas le choix que celui de consentir. C’est donc 7 jeunes acteurs qui allaient accaparer la scène pour leur baptême sur un sujet aussi clivant que les droits de la femme. Il est 15h 30, l’ambiance dans la salle polyvalente de l’Institut Français de Bujumbura est calme.

Le slam d’abord pour donner le ton au jour. La championne de slam Kerry Gladys est de service, avec un texte explosif, à la limite belliqueuse. Elle balance ces quatre vérités sans faux-fuyant sur le dégout que lui inspire ce qu’endurent les femmes dans la société burundaise. C’est entre autres l’inégalité des chances, les violences domestiques basées sur le genre. Ça se sent, elle est frustrée, révoltée, c’est classique chez elle.

Les violences conjugales faites aux femmes sont susceptibles d’avoir des répercussions sur la vie des enfants et fortement handicaper leur avenir

Une dénonciation sans faux-fuyant

L’obscurité alors, comme celle qui régit le quotidien de ces femmes rurales et urbaines maltraitées par leurs époux et desservies par une société moins compatissante. 6 garçons et une fille sont couchés sur le sol. C’est dans leur pièce « Amayaya y’intare »ou encore « la danse du lion » mise en scène par Rivardo Niyonizigiye, parmi ces jeunes chacun joue son histoire. Ainsi par exemple, un des jeunes, fils d’un polygame joue le rôle du père considéré comme le lion dans sa famille. La tâche pour le jeune est de taille. Il doit bien illustrer la terreur que sème ce père dans la famille, avec une maman qui se réveille tôt tous les jours pour entretenir son foyer et n’a, en retour, que la violence conjugale comme remerciement.

Mais cette violence envers les femmes ça ne s’arrête pas dans les ménages. Elle est présente dans le milieu du travail où elles subissent attouchements voire séquestration ; dans le transport en commun où des femmes sont tripotées ; dans le milieu rural où elles sont violées impunément et doivent subir les moqueries de la société. Un des acteurs s’éclatera d’ailleurs comme pour recadrer la salle qui en riait ː « vous riez et pourtant ça se fait devant vos yeux et pourtant vous ne faites rien. »

La satisfaction

Si des jeunes acteurs s’activent pour mettre en scène ces drames, l’objectif est clair, il s’agit de libérer la parole et favoriser les prises de conscience, une façon à eux d’agir pour prévenir tous ces maux. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec un beau texte et une mise en scène bien ficelée qui mettent en exergue ce sujet et fait réfléchir, pour leur première en tant qu’acteurs, ils ont réussi à captiver la salle, le tout avec beaucoup de pédagogie, signe que le message est arrivé à sa destination.

Les spectateurs attentifs dans la salle de l’IFB

Satisfaction ressenti par Rivardo, le metteur en scène pour qui, la représentation n’était pas seulement une pièce de théâtre, mais également une voix de jeunes qui en ont marre des violences faites aux femmes : « Ces jeunes voulaient dire non aux abus sexuel et autres maux qui minent le quotidien des femmes à haute voix. Je pense que c’est un succès pour des jeunes qui prestaient pour leur première fois. »

Pour clôturer l’évènement, le public a eu la joie de savourer la bonne musique fournie par la star montante de la musique burundaise Ester Nish.

Rappelons que cette pièce de théâtre s’est jouée dans le cadre d’une restitution d’une formation sur le théâtre que les jeunes acteurs ont bénéficié 2 mois durant, de la part de VAB en collaboration avec « A Portée de mains », soutenus par l’Ambassade de France au Burundi. Amusée, une des spectateurs nous glissera : « J’ai été touchée par la justesse de leurs propos ». Nous, c’est tout le jeu qui nous a touché.

Un article rédigé par Lydia Kwizera dans le cadre du stage au sein du Magazine Jimbere comme un ancien du programme « Enfants journalistes » de l’UNICEF Burundi.

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