Sous le thème ‘‘Ensemble pour une adoption rapide, efficace et durable de la technologie de vermicompostage au Burundi’’, le ministère en charge de l’Agriculture, l’Université de Ngozi, l’Ecole normale supérieure, en collaboration avec IFDC à travers le projet PAGRIS financé par le Royaume des Pays-Bas, a organisé le 30 juin 2025, un forum sur le vermicompostage avec comme objectif la restitution des résultats de recherche afin de valoriser les déchets et résidus organiques à travers cette technologie…
Le vermicompostage, aussi appelé lombricompostage, est un procédé biologique qui consiste à transformer des déchets organiques (comme des résidus du riz, de canne à sucre, de bananes, des palmiers à huile, la biomasse des plantes invasives comme la jacinthe d’eau, la bouse de vache et tant d’autres) en compost grâce à l’action de vers de terre, principalement des vers rouges.
Ce compost peut être obtenu dans un délai compris entre 2 et 3 mois. Lors de la visite guidée vers une station de vermicompostage et de champs d’expérimentation à l’ENS où ce compost est utilisé, il a été constaté que les cultures fertilisées avec du vermicompost donnent un rendement bien meilleur que celles cultivées avec d’autres types de compost. Les participants ont recommandé de renforcer les enseignements sur le vermicompostage afin que davantage d’agriculteurs puissent recourir à cette méthode pour restaurer la fertilité des sols.
Eric Gilbert Kazitsa, enseignant-chercheur à l’ENS travaillant sur ce projet, a cité les objectifs de ce projet de recherche sur le vermicompostage : identifier les déchets permettant de produire de grandes quantités de vermicompost, identifier et multiplier des vers de terres biologiquement compatibles avec la technologie ; montrer comment multiplier ces vers de terres et les utiliser pour vermicomposter les déchets identifiés, initier le transfert de la technologie, etc. Il a également indiqué que les résultats obtenus concernant les effets du vermicompost sur le sol et les cultures montrent qu’il contribue à améliorer plusieurs paramètres de fertilité du sol : « Il favorise l’essor de la germination, la croissance et la productivité accrue des cultures, accélération du cycle de développement et l’amélioration de la qualité des récoltes. Leur utilisation offre un impact exceptionnel. »
Quant à Micaël Beun, coordonnateur du projet PAGRIS à l’IFDC a martelé que le vermicompost offre des qualités physiques, chimiques et biologiques uniques qui contribuent significativement dans l’amélioration de ces mêmes propriétés au niveau du sol : « Cela constitue donc certainement une opportunité stratégique pour le Burundi et pour les agriculteurs, qu’il revient maintenant de vulgariser et diffuser aussi bien au niveau du secteur privé, des entrepreneurs intéressés ainsi que des producteurs. » Il ressort évident, a-t-il ajouté, que la vermicompostage contribue dans l’assainissement des déchets organiques, tous deux constituant un enjeu majeur pour le pays.
IFDC : un partenaire clé pour la relance du secteur agricole
Dans un objectif d’améliorer durablement la sécurité alimentaire des ménages agricoles, IFDC concentre ses actions sur des sols sains, et des plantes saines. Au Burundi, IFDC met en œuvre 2 projets complémentaires et totalement alignés avec sa vision, à savoir le projet PAGRIS (projet d’appui pour une gestion responsable et intégrée des sols) et le projet PSSD (Private seed sector development). Tous deux financés par l’ambassade du Royaume des Pays-Bas au Burundi. « A travers ces 2 projets, IFDC apporte son soutien stratégique et technique dans le secteur de la recherche, dans l’accompagnement des ménages agricoles, dans l’appui au secteur privé et le développement des marchés ainsi que dans le développeur d’un environnement favorable », a mentionné Micaël Beun. Et d’ajouter : « Dans le cadre de son appui à la recherche, IFDC contribue d’une part à renforcer les connaissances des institutions et parties prenantes sur les problématiques spécifiques auxquels les ménages agricoles font face, et d’autre part appuie dans le développement des nouvelles technologies aux ménages agricoles. »
Il a également indiqué que l’université de Ngozi et l’ENS en collaboration avec IFDC à travers le projet PAGRIS ont réalisé une première étude sur les produits déchets organiques afin d’en comprendre leur nature, leurs dispositions et leur potentiel dans la valorisation de cette biomasse pour améliorer la santé des sols.
Ensuite, cette étude s’est essentiellement concentrée sur les déchets de brasserie des cannes à sucre, de café, des abattoirs, des marchés, le son de riz et les déchets oléagineux du palmier à l’huiler : « Nous avons procédé à une identification des espèces de vers de terre endogènes afin d’effectuer des tests d’adaptabilité, de multiplication et d’évitement sur les différents déchets cités ci-dessus. Cela a permis d’identifier 3 espèces de vers de terre ayant un potentiel significatif pour le vermicompostage : ces derniers ont été identifiés, multipliés et présentés en février 2024. »
Il a conclu en saluant la bonne collaboration entre IFDC, UNG et l’ENS à travers l’ensemble des travaux menés conjointement, ainsi que pour l’organisation de cet évènement d’importance capitale pour une agriculture durable au Burundi.
La science au service du développement

Selon Apollinaire Bangayimbaga, le recteur l’université de Ngozi, ce projet soutenu par le gouvernement et réalisé en étroite collaboration avec IFDC, montre que les universités peuvent devenir des acteurs moteurs de la transition écologique et de l’innovation agricole, à condition d’agir en synergie avec les acteurs locaux, les partenaires techniques et les institutions étatiques : « Nous croyons fermement que l’enseignement supérieur, lorsqu’il est connecté à la réalité du terrain, devient un levier puissant de transformation pour le pays et pour la vision Burundi 2040-2060. »
Il a ajouté que ce forum national ne se limite pas à un simple rendez-vous académique. Mais, il constitue, un jalon stratégique dans l’histoire de la gestion de déchets et l’agriculture durables au Burundi. « Pour les jeunes, ce forum montre que l’agriculture n’est pas un secteur du passé, mais un champ d’innovation, d’entrepreneuriat et de solutions. »
De plus, le vermicompostage n’est pas une technique réservée aux scientifiques : c’est une pratique accessible, rentable, et potentiellement créatrice de revenus. En ce sens, ce forum n’est pas une fin, mais un point de départ vers une dissémination nationale du vermicompostage dans les fermes, les écoles, les communes et les entreprises.
Pour le pas déjà franchi, il a fait savoir que le projet qu’ils valorisent aujourd’hui n’aurait jamais atteint un tel niveau de maturité et de crédibilité sans la contribution active de leurs partenaires institutionnels et scientifiques nationaux comme l’Université Polytechnique de Gitega et l’Université du Burundi, l’École Normale Supérieure du Burundi, ainsi que le soutien scientifique de l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi (ISABU).
Il a également exprimé sa profonde reconnaissance à IFDC, bailleur et partenaire clé dans la mise en œuvre technique du projet : « Grâces à ses conseils, IFDC a apporté son expertise dans la structuration des chaînes de valeur, dans le renforcement des capacités, et dans le transfert méthodologique vers les écoles et les entreprises qui produisent des déchets. » Et d’ajouter, ce partenariat triangulaire, université, ministère, partenaire technique est un modèle de coopération intelligente, équilibrée et orientée vers les résultats. Il a permis non seulement de produire de la connaissance, mais aussi de la transformer en pratiques et en innovations.
Progrès du projet : le Ministère applaudit
Lors de ce forum, Emmanuel Ndorimana, le secrétaire permanent du ministère de l’agriculture a fait savoir que sous l’impulsion du ministère et grâce à la coordination scientifique exemplaire de l’Université de Ngozi en partenariat avec l’ENS, le projet de recherche a franchi des étapes décisives qui méritent d’être saluées. Il a indiqué que ce forum est une étape majeure sur le chemin de l’innovation rurale au Burundi. Et il s’inscrit dans les orientations stratégiques du gouvernement en faveur de l’agriculture durable, de la valorisation des ressources locales, de la protection de l’environnement et de la création d’emplois verts pour la jeunesse : « Il ne s’agit pas d’un simple événement scientifique ou technique. Il s’agit d’un signal fort, d’un appel à l’action, d’un moment de bascule où la recherche appliquée devient politique publique, où les déchets deviennent richesse, et où les jeunes peuvent voir dans le sol une source d’opportunités. »
Il a rappelé que le Burundi produit chaque année d’importantes quantités de résidus organiques agricoles, agroalimentaires et urbains, souvent abandonnés, brûlés ou mal valorisés, alors qu’ils représentent une ressource précieuse pour la fertilisation des sols et la protection de l’environnement : « Il y a là une opportunité réelle, mais encore sous-exploitée. Dans ce contexte, le vermicompostage une technique moderne et rapide de compostage qui utilise l’activité synergique des vers de terre composteur et des micro-organismes, se présente comme une solution innovante, efficace, écologique et accessible. »
Il a exprimé sa gratitude envers tous les partenaires ayant contribué à la réalisation du projet de vermicompostage, tout en réitérant l’engagement ferme du ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Élevage : « En tant que ministère, nous réaffirmons l’engagement du gouvernement burundais à promouvoir, soutenir et encadrer toutes les initiatives innovantes qui contribuent à la durabilité de notre agriculture, à la gestion des déchets et à la création d’emplois pour notre jeunesse. »




