Jimbere

Kirundi French
Santé

Valorisation salariale, une des solutions pour garder les médecins au pays

Absence d’une politique salariale claire, non-paiement des heures supplémentaires, manque de matériel médical surtout dans les hôpitaux publics. Ce sont entre autres les raisons des départs massifs vers les pays étrangers observés dans le milieu médical burundais. Le gouvernement appelé à rectifier le tir avant qu’il ne soit trop tard…

Alarmant. Le mot est bien pesé pour qualifier le phénomène décrié par le Syndicat national du personnel de la santé (SYNAPS) et le Syndicat des médecins généralistes du Burundi (SYMEGEB) à l’occasion d’un point de presse tenu le 14 septembre dernier à Bujumbura, autour de la problématique du départ massif des médecins burundais vers l’étranger.

Pour bien prendre la mesure du mal, la tendance actuelle montre qu’aujourd’hui beaucoup plus de médecins burundais exercent à l’étranger qu’au pays. Jusqu’à juin 2023, 2.940 médecins étaient inscrits à l’ordre des médecins. Mais force est de constater que les hôpitaux burundais tant publics que privés en manquent cruellement.

Et les raisons de ces départs sont un secret de polichinelle.  « Ce qui fait partir nos docteurs est évident : c’est la quête d’un mieux-être », lance, sous anonymat, un médecin présent lors du point de presse. « Dans un monde où les compétences se vendent au plus offrant, lâche-t-il, les pays les plus nantis nous prennent nos ressources, et surtout les meilleures. » 

Une position qui n’est pas si loin de celle du Dr Vincent Ndayizigamiye, représentant du syndicat SYNAPS, co-animateur dudit point de presse pour qui « le salaire insuffisant les fait fuir car il ne permet plus de couvrir leurs besoins. Les 500.000 FBU (176,77 USD) qu’ils gagnent mensuellement ne peuvent plus subvenir à leurs besoins, car le coût de la vie dans le pays est devenu très élevé. »

Une situation plus qu’inquiétant

Bien plus, insiste le médecin, c’est toute la politique salariale et les conditions de travail qui sont mises en cause : « L’absence de valorisation des diplômes, le non-paiement des heures supplémentaires découragent les professionnels de santé car ils fournissent beaucoup d’énergie et d’effort sans oublier le manque de matériel médical surtout dans les hôpitaux publics. »

Conséquence : nombreux d’entre eux, à défaut de partir à l’étranger, préfèrent aller travailler dans le privé où ils se sentent considérés à leur juste valeur.  

A côté de ces départs, l’on observe la désaffection des zones rurales, la diminution des activités hospitalières, le découragement des étudiants en médecine, une baisse de la qualité des soins, des coûts inabordables pour un citoyen moyen dans des hôpitaux privés, etc. Pire, confie le médecin, certains envisagent même de quitter leur travail pour ouvrir des petits commerces.

Pour sortir de cette situation inquiétante, Le syndicat SYNAPS et le SYMEGEB proposent au gouvernement de revoir à la hausse le traitement salarial à l’endroit des professionnels Burundais de santé, de rémunérer correctement les heures supplémentaires des médecins. C’est à ce coût qu’il pourra retenir au pays ces médecins : « Il est encore tôt et nous sollicitons l’intervention du gouvernement pour résoudre les problèmes qui pourraient avoir de graves conséquences dans le domaine de la santé publique. »

Et de conclure en espérant que le gouvernement prendra rapidement des mesures pour faire face à ce phénomène plus qu’inquiétant.

Un article rédigé par Anny Christella Dushime, issue de la faculté de Génie et Gestion des Télécommunications à l’Université Espoir d’Afrique, dans le cadre d’un stage au sein du Magazine Jimbere.

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top