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«Plus de circoncision» et «M’appelle Mohamed Ali»: réclamer la justice sociale sur scène

© Buja Sans Tabou│De gauche à droite: 14è avenue du quartier Buyenzi et le siège de Buja Sans Tabou (Kabondo)

• La quatrième journée du festival Buja Sans Tabou a été animée par deux pièces «Plus de circoncision» de la troupe Lampyre  et «M’appelle Mohamed Ali» de « La charge du Rhinocéros »(Burkina Faso).

• Bien que les horizons soient à des milliers de kilomètres de distances, les réalités sont les mêmes: la recherche de la liberté, la considération et la justice  

On est à la 14ème  avenue numéro 6 à Buyenzi, en pleine route, devant une vielle maison en étage. L’endroit n’a pas été choisi au hasard. Un vieux du quartier, Anzuruni de son nom, va évoquer que le bâtiment, aussi vieux et moins bien coloré soit-il, représente la libération du peuple Murundi. «C’est ici que le Prince Louis Rwagasore, avec ses alliés planifiaient toutes les stratégies d’accession à l’indépendance. Appartenant à un natif de Buyenzi, et ami fidèle au Prince, ce fut la permanence des partisans révolutionnaires contre la domination Belge.»

Alors qu’à cette époque les «Baswahili» étaient moins considérés par les «vrais» Burundais, le Prince, lui, avait une certaine confiance en eux, comme l’explique Anzuruni. «Il venait de la Belgique pour lutter contre l’injustice et la domination des blancs sur son peuple. Et nous autre subissions le même scénario, car nous étions pris pour des étrangers dans notre propre pays. Il a voulu brisé cette injustice, et par expérience, les baswahili lui ont été plus fidèles que ses frères de sang

«Plus de circoncision» pour relater Buyenzi

Interprétée par 3 acteurs, la pièce met sur plateau les débuts du quartier et son évolution. Par la voix d’un imam appelant au Hadhan (appel à la prière), les débuts de la pièce donnent déjà une certaine impatience au public sur le fond de la création, jouée bien évidemment en Swahili pour la satisfaction des habitants du quartier.

Interprétant le débarquement des premiers habitants, venus majoritairement de Kabondo, nous sommes dans les années d’avant l’indépendance du Burundi. Ce fut l’amertume pour ce peuple «gâté» par la vie qu’il menait avant, contraint de s’adapter et donner jour aux multiples petits métiers pour survivre. Petit à petit, Buyenzi sera le carrefour des débrouillards dans tous les domaines de la vie. Le combat contre les clichés de la femme musulmane sensée rester à la maison pour prendre soin de son mari sera mené, pour la cause de la génération future. Tout trouvera solution avec la révolution qui mènera vers l’indépendance, dont les grandes opérations se faisaient à la 14ème avenue.

«M’appelle Mohamed Ali» pour couronner le tout       

Interprété en solo par Etienne Minoungou, dramaturge Burkinabès, le jardin du siège de Buja Sans Tabou a abrité un chef d’œuvre. L’acteur joue le rôle du grand sportif américain, Mohamed Ali tout en mélangeant le passé au présent, pour accoucher certaines réalités sur la ségrégation raciale, encore existante au 21ème siècle.

L’histoire du petit Cassius Marcellus Clay Junior qui deviendra le célèbre Mohamed Ali n’aurait pas été inspirante si elle s’était arrêtée sur le choix de la boxe pour combattre ceux qui lui avait volé son vélo.

Au contraire, son combat fut pour la justice envers sa race et envers le respect de l’être humain. Refusant de participer à la guerre de Vietnam, le triple champion du monde en boxe, avec 56 victoires sur 61 combats sera le reflet d’un révolutionnaire très engagé, par les moyens qui lui sont pratiques.

Comme en témoigne Clara Nahayo, spectatrice de la pièce, «M’appelle Mohamed Ali» aura en quelques sortes été le complément parfait de la pièce sur Buyenzi, d’autant plus que les histoires convergent sur la lutte contre une certaine domination injuste.

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