Boris Maver, Chef du Bureau de la Coopération Suisse au Burundi, revient sur l’esprit des récentes collaborations portant sur le domaine artistique…
Quelle est la genèse de ce projet de photographie ?
Pour nous au Bureau de la Coopération Suisse, ce qui était important c’était de trouver une idée avec les Burundais pour marquer l’anniversaire de 60 ans d’Indépendance du Burundi. C’est un moment symbolique pour le Burundi mais aussi pour la Suisse qui est ici depuis 20 ans ou elle est engagée sur des questions de développement, des questions humanitaires et sur des questions politiques. Il y a entre la Suisse et le Burundi une amitié forte, inébranlable. La Suisse a toujours été aux côtés du Burundi malgré les hauts et les bas de l’histoire. Marquer cet évènement était important, la seule question était de savoir sous quelle forme le faire. On a eu de la chance de connaître par d’autres collaborations, un photographe qui était disponible et qui avait la volonté de venir au Burundi pour réaliser un travail photographique capable de représenter les Burundais aujourd’hui 60 ans après l’indépendance. Nous voulions que ces burundais-là puissent s’exprimer au sujet de cette indépendance. Pour nous il était important de pouvoir montrer les aspects positifs de ce pays au travers des gens qui le font, qui le construisent, qui le vivent.
Avec qui avez-vous construit cette exposition ?
La Coopération Suisse a d’abord trouvé des partenaires présents dans le milieu culturel, notamment le Magazine Jimbere pour piloter ce projet de photographie. Nous en avons longuement discuté, avec son Directeur exécutif, Roland Rugero, et son équipe. En termes de mise en œuvre, ce que je souhaitais c’était également de trouver de jeunes photographes burundais, pour que l’exposition ne soit pas in fine le seul travail d’un photographe étranger, mais qu’il puisse transmettre ce qu’il sait à des talents locaux, et inversement. C’est un projet commun, construit avec des partenaires burundais.
Ce projet de photographie survient alors que la Suisse s’apprête à soutenir le consortium Ku.Zîko, dans son programme de professionnalisation et de popularisation des industries culturelles burundaises. La culture revêtirait-elle un accent particulier dans l’agenda suisse au Burundi ?
La Suisse est engagée au Burundi et dans les Grands Lacs sur plusieurs secteurs : la gouvernance, la formation professionnelle, le développement économique, le secteur de la santé. Ce nouvel engagement pour la culture s’inscrit dans l’engagement plus large de la gouvernance. Nous considérons que la culture est pour chaque pays une opportunité importante pour inviter à la réflexion, au partage mais aussi pour valoriser un patrimoine, se projeter ensemble dans un meilleur vivre-ensemble, bâtir un cheminement commun vers l’avenir. De ce point de vue-là, il est important de signaler que la Suisse veut valoriser la culture pour la culture et ne pas en faire un instrument pour véhiculer des messages.
Dans cette perspective, il était important dans la construction de ce programme, d’essayer de travailler directement avec les acteurs de la culture burundaise et de voir de quelle manière il était possible de construire ce programme avec eux, la Suisse venant en appui à ce cheminement. L’idée a fait son cours, les choses se sont agencées, les discussions ont eu lieu, les échanges ont été nourris et on a trouvé des acteurs de la scène culturelle burundaise qui étaient prêts à s’engager sous cet angle-là.
Le programme est donc une initiative locale ?
Ce n’est pas la Suisse qui a construit le consortium, mais plutôt les acteurs burundais qui ont choisi de travailler ensemble, élisant comme leader du consortium l’organisation Jimbere. La Coopération Suisse a facilité la réflexion en mettant à disposition du consortium des staffs suivant des procédures strictes auxquelles il faut répondre quand on met en place un programme de telle envergure. On a apporté un soutien méthodologique par rapport aux analyses de risque, aux analyses des acteurs pour faire des alliances ainsi que la budgétisation de façon à ce que tout soit fait de manière concertée avec les acteurs. C’est un processus qui a duré plusieurs mois.
Quelles sont les perspectives de ce programme ?
Un élément qui était important et qu’on a pris en compte dès le début des discussions, c’est le fait que la culture, si elle est bien gérée, est une industrie qui génère de l’argent, du tourisme, des emplois. Dès le début des réflexions, on a réfléchi sur ces points-là pour voir aussi comment les retombés économiques qui vont être générés par les projets portés par le consortium Ku.Zîko vont pouvoir être réinvestis dans le fonctionnement du consortium pour pouvoir grandir et créer de nouveaux partenariats.