Que ce soit dans les discours du Numéro Un Burundais, Evariste Ndayishimiye ou encore le Premier Ministre Alain-Guillaume Bunyoni, les sociétés publiques et à participation publique ont été souvent fustigées en 2021 pour leurs finances qui sont dans le rouge depuis des décennies. D’autres essayent de tenir bon gré mal gré. Plusieurs facteurs, endogènes comme exogènes expliquent cet état de fait. 2022 sonne-telle l’heure de la renaissance?
14 septembre 2021, le Premier Ministre Alain-Guillaume Bunyoni tient une réunion d’évaluation de l’état des lieux du paiement des dividendes de l’État par les Sociétés publiques et les sociétés à participation publiques à l’endroit des responsables de ces sociétés. Le constat est sans appel : ces sociétés sont déficitaires. Certaines n’ont pas payé de dividendes à l’Etat depuis des années.
Après les discours de circonstance, le 1er Ministre appelle ces responsables à s’exprimer à cœur ouvert : « Du côté du gouvernement, nous reconnaissons nos manquements mais je voudrais vous entendre, vous, de votre côté, écouter votre auto-évaluation et pourquoi nous en sommes arrivés là. Si vous estimez que tout va bien, clôturons cette réunion et partons mais si vous estimez qu’il y a des choses à dire, dites-le. »
Prenant la parole, Charles Ndagijimana, Directeur Général de la Socabu évoque, parmi les causes qui expliquent la mauvaise santé financière de ces sociétés, un mauvais management avec comme incidence la baisse de la production, des détournements des fonds ou des fonds utilisés à mauvais escient, le niveau de formation du personnel qui est bas lorsque ceux qui sont compétents ne sont tout simplement pas débauchés par le secteur privé, l’absence de contrats basés sur la performance et surtout une pléthore des salariés : « Si l’on compare nos sociétés avec celles du secteur privé, nous avons souvent un personnel trois fois supérieur à celui utilisé par elles pour un même travail.»
Quid du remède ?
Pire, lâchera M. Ndagijimana, même lorsqu’un employé commet une faute lourde, il est presque impossible à la société de le renvoyer à cause des procédures administratives : « Chaque fois que ces cas se sont produits, les intéressés ont porté plainte devant la Cour administrative et ont eu gain de cause. »
Interrogé, un cadre de l’une de ces sociétés n’y va par quatre chemin. L’Etat comme les gestionnaires successifs de ces sociétés pointées du doigt sont tous responsables de cette situation. Sinon, s’interroge-t-il, comment comprendre qu’une société comme l’Onatel soit déficitaire alors qu’il existe un ministère de Tutelle, une Inspection des Finances et Parlement dans notre pays : « Ces sociétés ont eu des directeurs nommés par l’exécutif, des conseils d’administration, et surtout des ministères de tutelle chargés de veiller à la bonne marche de ces entreprises. Il faut qu’ils rendent des comptes. »
En attendant suggère-t-il, l’Exécutif devrait commencer par nommer des gens compétents à la tête de ces entreprises au lieu de privilégier des nominations sur base du militantisme politique.
Au Parlement et différentes institutions étatiques de contrôle, notre source leur lance un appel à jouer pleinement leur rôle de chien de garde : « Nous avons des commissions parlementaires des Finances à l’Assemblée Nationale comme au Sénat, une Inspection Générale de l’Etat. Tout ce monde doit faire son travail si nous voulons rectifier le tir. » Maintenant que toutes les causes et pistes de solution ont été explorées, tous les espoirs sont permis pour un avenir meilleur de ces sociétés qui par conséquent, va profiter à l’économie nationale. Wait and see.
