Elyna Marie Leslie Nishimwe, élève à l’École Française de Bujumbura, accueillait ce 11 mars 2024, jour d’anniversaire de ses 17 ans, la parution de « Les étoiles dans le brouillard », son premier roman. Un parcours inspirant
Fruit d’une rédaction sur quatre ans, ce texte qui constitue le premier roman publié par les éditions Gusoma, a été rendu public lors d’une soirée riche en témoignages, leçons et encouragements. Il raconte une histoire fictive mêlant intrigues familiales et amours de jeunesse sur fond d’une vie tourmentée d’un adolescent.
L’accouchement de l’ouvrage, d’une centaine de pages, a été l’occasion pour le père de l’auteure, Dr Jean-Bosco Girukwishaka, de rappeler comment « comme tout parent, nous avons été réticents il y a quelques années quand Elyna nous a annoncé vouloir écrire un roman. Nous ne voulions pas la voir emportée par un divertissement alors qu’il y a avait l’urgence des cours au lycée. »
Mais la jeune fille poursuivra en cachette son entreprise, couverte par son grand-frère. « C’est vers la fin 2023 qu’Elyna nous a annoncé qu’elle voulait publier son roman. Je suis tombé des nues en lisant son texte. Et nous avons fait un deal: j’acceptais de pré-financer l’édition et l’impression de son roman, avec en retour la promesse que l’argent investi serait remboursé sur les ventes du livre. La seule chose gratuite de ce soir, c’est le verre et le gâteau en honneur de son anniversaire »
Écouter les talents…
L’autre témoignage touchant de la soirée viendra de l’Ombudsman du Burundi, Laurentine Kanyana, qui racontera à l’assistance comment sa fille, envoyée poursuivre sa formation académique aux États-Unis, a choisi des études de design: « Jusqu’aujourd’hui, il m’était difficile d’accepter ce choix, qui va à l’encontre des carrières classiques que nous autres parents au Burundi connaissons. La vue d’un roman rédigé par Elyna à 16 ans, et tout ce qui se passe ce soir vient me convaincre d’adhérer au choix des études de ma fille »
Fondateur des éditions Gusoma, l’éditeur et journaliste Roland Rugero quant à lui tiendra à saluer « le courage des parents d’Elyna qui l’ont soutenue quand est venu le moment critique de rendre public le fruit de son imagination. » Une chance que vivent très peu de jeunes au Burundi, face à l’incompréhension généralisée sur le potentiel de réalisation professionnelle que renferment des métiers dans l’écriture, le cinéma, la musique, l’art en général…
Avant de se tourner vers Elyna: « Il y a exactement 16 ans, j’étais à ta place, dans une salle du Centre Culturel Français, aujourd’hui Institut Français du Burundi, pour présenter mon premier roman, ‘Les Oniriques’. J’avais 22 ans. 16 ans plus tard, grâce à des soutiens divers, j’ai pu monter les éditions Gusoma qui publient ton premier roman. Je forme le vœu de voir au #Burundi, dans 10 ou 15 ans, des studios de production télévisuelle dirigés par une grande réalisatrice nommée Elyna Marie Leslie Nishimwe… »
Voir l’art circuler au Burundi
Le Directeur général de l’Administration et Finances au sein du Ministère en charge de la Jeunesse et de la Culture, Sauter Ndabarushimana a salué « un talent pionnier pour les jeunes au #Burundi, et surtout pour les filles/femmes », insistant sur l’importance de procéder au dépôt légal du roman auprès de l’OBDA pour en protéger les droits d’auteur.
Avant de promettre: « Notre ministère va aider Elyna à avoir son roman dans les différents bibliothèques publiques du Burundi, notamment celles des centres de lecture et d’animation culturelle – CLAC. »
Quant à l’auteure du jour, elle profitera de la soirée pour inviter les jeunes burundais à lire: « La lecture stimule la curiosité, permet de développer son intelligence et les compétences sociales. Les personnes qui lisent beaucoup obtiennent de meilleurs résultats dans divers tests comme ceux sur l’empathie et la communication. »
Et de conclure en « saisissant le privilège de s’exprimer ce soir devant des membres du Gouvernement du Burundi, des décideurs et partenaires du Burundi, pour plaider en faveur d’un fonds national d’appui aux artistes burundais. Les entreprises, des mécènes peuvent le financer… »