Le Burundi et son passé restent attachés à certains argumentaires prônant la complicité entre membres d’un même groupe. Néanmoins, l’intention derrière ces tendances est parfois en déphasage avec la cohésion sociale…
Le discours des leaders dans l’arène politique burundais est souvent accompagné d’une assertion à caractère ethnique durant la période électorale. Ceci est plus réel que même la population de la colline Ruvumu, en commune Kiganda, de la province Muramvya en a eu vent.
Selon elle, l’usage de la fibre ethnique à une certaine prépondérance dans les propagandes politiques : « Parfois, un candidat hutu ou tutsi convainc son électorat en se basant sur des affinités ethniques. Ainsi, il assoit son influence en s’identifiant aux membres de l’un de ces groupes pour récupérer leur confiance», formule d’emblée Ezéchiel*, habitant à Ruvumu.
S’appuyant sur des promesses électorales, analyse Marie*, une paysanne de cette contrée, les acteurs politiques jouent sur la sensibilité des gens à leur appartenance ethnique dans le souci de les manipuler à leur guise : « Dans certains discours adressés à leur auditoire pour les persuader, ils essaient d’orienter leurs messages sur d’éventuels privilèges d’un groupe sur un autre selon leur desiderata à l’issue de leur élection. »
Une tactique d’assouvir les intérêts personnels
Pourtant, l’agenda de certains politiciens restent cachés jusqu’à ce qu’ils accèdent au pouvoir. Tant et si bien que même leurs engagements vont contredire leurs slogans de campagne. « On se rend compte par après que ce n’était que de la poudre aux yeux, puisqu’une fois élus certains leaders agissent suivant leurs intérêts aux dépens des électeurs », poursuit Marie.
Toutefois, explique Jean Claude Nkundwa, expert en résolution pacifique des conflits et consolidation de la paix, la carte ethnique utilisée par certains hommes politiques surtout en perte de vitesse pour galvaniser leur électorat traduit une défaillance du leadership et un manque de vision à long terme : « De tels leaders ferment les yeux sur les défis de l’heure pour recentrer le débat sur des questions ethniques qui ne sont pas du tout préoccupantes vis-à-vis des besoins de la population. »
Risques du grabuge
Selon toujours cet expert, la mobilisation sur base ethnique crée deux blocs qui parfois se regardent en chiens de faïence et cherchent à en découdre à la moindre escarmouche. « Dans ce cas, les rapports sociaux se détériorent et le risque des violences de masses est inévitable », déplore Mr Nkundwa
Ce regret est partagé par Fiacre Sinumvayaha, secrétaire exécutif communal de Kiganda. Dans le passé, rappelle-t-il, ces mobilisations sur base ethnique ont poussé des gens à la méfiance puis à la haine les uns envers les autres pour finir dans des tueries.
*noms d’emprunts