Alors que les parents exercent, en général, une influence sur la santé sexuelle de leur progéniture, ce sujet reste dans la plupart des cas tabou. Une once de changement se fait toutefois sentir depuis l’avènement de l’AGE.
Quand les affres et les tourments de l’adolescence et la résurgence de ses conflits et complexes caractéristiques de cet âge apparaissent, il est plus naturel souvent au parent burundais de se prémunir d’un bâtonnet pour redresser son enfant que de vouloir l’accompagner par l’écoute et le dialogue.
Hélas malheureusement, être un bon parent, en avoir la certitude, n’est pas donné à tous…enfin. Avoué ou inconscient, ce souhait taraude bon nombre de parents. En la matière, Nahimana Fabiola parent-modèle de Kiganda, à en croire ses dires, aurait quelques confidences à partager aux autres parents. En effet, témoigne-t-elle, le parent qu’elle est devenue aujourd’hui grâce à l’AGE, n’a rien avoir avec celui qu’elle fut. Elle est devenue une mère attentionnée, prête au dialogue et à l’écoute de ses enfants. L’efficacité de Menyumenyeshe avec sa nouvelle approche AGE en action à Kiganda en est la cause.
Auparavant, soutint-elle, son rôle se limitait à de la surveillance parentale et autoritaire. La communication parents-enfants était le cadet de ses soucis : « J’en avais même pas conscience et cela était pareil même pour d’autres parents. » Résultat : Les adolescentes de Kiganda ne cessaient d’avoir des grossesses non désirées. Une situation en passe de devenir un souvenir lointain grâce à l’AGE.
De gardiens à amis aves sa progéniture
Pour Fabiola, la première des choses apprises à travers Menyumenyeshe a été de transformer ses enfants en amisː « Partager du temps, des fous rires, des discussions, de bons moments, être sûr de leur confiance et de leur bienveillance comme ils le sont de la nôtre : j’ai appris que tout cela est très important ».
Copine avec ses enfants et ses ados voilà ce que Spès Caritas Nshimirimana, quinquagénaire trouvée à Kayanza ne voulait pas entendre parler mais depuis sa position a évolué ː « Avec tout ce que cela comporte de confusion générationnelle je trouvais que c’est une sorte d’intrusion affective, qui n’était pas du tout souhaitable. Mais, Il me semble en revanche qu’une fois que nous nous y sommes mis avec mon mari, les enfants ont bien adoré et ça nous a tous transformé à la maison. On a tissé avec eux une relation complice, riche en échanges ».
Et à Remy Ndikumana, directeur du Lycée Communal Kiganda, de surfer sur la vague en indiquant que les enseignants doivent s’assurer que ce qu’ils enseignent à leurs élèves à l’école dans le cadre de Menyumenyeshe parvienne aussi à leurs parents et que parents et enseignants comprennent de la même façon les enseignements car avant de les impliquer et de bien leur expliquer ce en quoi Menyumenyeshe consistait beaucoup sont les parents qui croyaient qu’on voulait détourner leurs enfants de leur objectif premier d’étudier en leur parlant des choses obscènes.
Et d’embrayerː « La collaboration entre les parents, l’école et la communauté profite à tous ceux qu’elle mobilise, c’est-à-dire aux parents, à la famille étendue, au personnel scolaire, au personnel des garderies, au personnel des programmes de soutien aux familles et aux associations communautaires afin de soutenir, d’améliorer et de promouvoir des occasions d’apprentissage, ainsi que le rendement et le bien-être de tous les élèves », une vision des choses corroborée par divers intervenants du monde de l’éducation rencontrés.