Bien que la société est naturellement troublée par des litiges de tout poil, le mode de gestion de telles situations échappe plus d’un. Sur la colline Manege, de la commune Murwi, en province Cibitoke, l’approche dialogale est une règle d’or…
A l’annonce du sujet, les témoignages de la population tombent dru. Chaque habitant s’enthousiasme à parler de son expérience vécue avec les membres de sa famille, ses collègues, ses connaissances… Charles* (57 ans), un rapatrié dit avoir peiné, dès son retour au bled, à récupérer ses biens accaparés par son voisin. Dans un premier temps, se remémore-t-il, son intention était de saisir les instances judiciaires pour qu’on le rétablisse dans ses droits : « Mais, on s’est concerté avec celui qui est désormais mon ami, pour trouver une issue mutuellement favorable afin qu’au bout nos relations restent sereines. »
De son côté, Pélagie (45 ans), cultivatrice, regrette son calvaire avant de trouver un consensus avec son ex époux. Une affaire familiale qui a failli forcer les portes des cours et tribunaux : « Heureusement que nos proches nous ont réconciliés à travers un dialogue à cœur ouvert entretenu dans l’optique de préserver le bien-être de nos enfants. Sinon, il y’avait un risque que les procédures juridiques soient longues et coûteuses. »
Une démarche pas si aisée
De par ses expériences, la population de Manege reconnaît qu’engager des pourparlers est une tâche loin d’être facile. « Parfois, les parties en conflit peuvent se tenir à carreau, en refusant de se mettre ensemble pour débattre sur les questions de fond, susceptibles de révéler les racines des démêlés », note Protais*, un septuagénaire du coin.
Toutefois, souligne Melchiade Nzokizwanayo, administrateur communal de Murwi, l’absence du dialogue surtout entre les membres d’une même communauté pour gérer des malentendus peut conduire à des hostilités nuisibles à la cohésion sociale : « La partie qui se sentira lésée ou insatisfaite du jugement rendu par les organes juridiques aura du mal à se ressaisir, avec une disposition à se venger contre l’autre. »
La nécessité de consentir un compromis
D’après Sylvère Nsengiyumva, expert en résolution pacifique des conflits, la première étape pour parvenir à un dialogue est de mener des actions impliquant des concessions réciproques : « Les protagonistes doivent comprendre l’importance de s’aligner sur un même objectif, celui de trouver des solutions aux différends qu’ils opposent, tout en prenant conscience des risques et des conséquences de leur entêtement. », explicite-t-il.
Cependant, cet expert déplore que certaines parties, de par leur influence ou leur pouvoir, peuvent rejeter toute proposition au dialogue, prétextant qu’elles sont en position de force : « Dans ce cas, les pressions de tous bords surgissent et peuvent aboutir à des violences. »