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« Les mariages mixtes étaient très fréquents au Burundi, jusqu’à la 1ère république »

©Jimbere | Un couple devant un Officier de l'état-civil du Burundi

Face à la problématique que peut poser les mariages mixtes dans la société burundaise du fait des traumatismes liés à l’histoire, l’historien Dr Pascal Niyonizigiye lance des pistes d’éclairage

Les mariages mixtes étaient-ils fréquents dans le Burundi ancien ?

Dans le temps, le mariage était un arrangement entre les parents des futurs mariés. Les mariages mixtes étaient très fréquents jusqu’à l’avènement de la première république. La mobilité sociale était très fréquente également, surtout avec la pratique de changement d’ethnie. Toutefois, la question des mariages intercommunautaires soulève des problèmes réels de définition de l’appartenance ethnique des descendants au niveau des groupes ethniques dont sont issus les parents géniteurs.

L’historien Dr Pascal Niyonizigiye

Dans quelles conditions ces types d’unions ont-elles été scellées ?

De manière naturelle. Les relations étaient basées sur le clientélisme. Les gens de l’Imbo venaient dans les régions éloignées comme le Mugamba avec leurs produits qu’ils échangeaient avec d’autres produits de la région visitée. C’est à partir de ces relations de clientélisme qu’un bon nombre de mariages intercommunautaires étaient noués. Comme les communautés habitaient ensemble sur le terroir, il y a même des cérémonies comme le rite de Kubandwa qui exigeaient la présence des représentants des deux ethnies. Aucun mututsi ne pouvait organiser n’importe quel événement sans la présence d’un hutu et vice versa.

A quelle période les mariages mixtes ont-ils régressé ?

Pendant la première république, le Burundi a été confronté à des problèmes de cohabitation entre les deux communautés. Certaines élites burundaises ont fait référence à ce qui a été appelé “une révolution sociale au Rwanda” et ont tenté de rééditer les mêmes faits. De là est né le problème de définition d’un statut identitaire ou d’une appartenance sans ambiguïté des descendants, et mêmes de leurs parents. Car pour avoir pris pour femme ou pour homme une personne différente de son groupe ethnique, les conjoints subissent certains désagréments au sein de leur groupe d’origine, et souvent aussi dans le groupe ethnique du conjoint. Le Burundi a connu une paix relative grâce à la nature même de la royauté qui était aux affaires à une époque et qui ne s’identifiait à aucune ethnie.
Il y en a qui ont connu une persécution sans nom de la part des membres de leurs familles biologiques, voire même des parentés lointaines ou des amis. Cela dérangeait énormément les fiancés.

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