Longtemps entretenues dans la société burundaise, les différentes formes de violence faites aux femmes contribuent à pérenniser une culture du non-respect des droits humains, avec des conséquences plus dévastatrices sur le court, le moyen et le long terme…
Parler des conditions des femmes dans la communauté sur la colline Bubaji, en commune Nyabiraba, de la province Bujumbura, est un exercice pas si doux. A en croire les témoignages surtout des habitantes, le quotidien de la femme n’est pas une sinécure.
Pour Goreth*, la trentaine, la femme de Bubaji n’a toujours pas droit de cité sur ce qui lui appartient alors que nous sommes en 2024 : « S’il arrive qu’une femme s’achète une poule ou une chèvre pour l’élever, son mari s’en accaparer de force sous prétexte que traditionnellement, la femme n’a aucun droit sur les ressources. »
Bien plus, interpelle Jeannine*, habitant elle aussi la colline Bubaji, la discrimination envers les femmes reste toujours d’actualité dans cette contrée : « Quand on dit que la femme doit rester au foyer pour procréer, ça revient à restreindre son épanouissement, et son développement sur divers plans est mis à mal. C’est regrettable que des femmes ne soient pas autorisées par leurs maris à entreprendre des activités génératrices de revenus. »
La violence engendre la violence
Selon toujours Jeannine*, cette situation crée des tensions dans les foyers, qui aboutissent parfois à des hostilités fâcheuses : « Il y’en a celles qui ne tolèrent pas cette injustice, et cherchent à se libérer à tout prix. »
Pour Augustin Niyongabo, président de l’association « Men Engaged », une femme violentée par son mari peut se retourner contre lui : « Il peut y avoir des massacres, des tueries en série. Pour le cas d’espèce, il y a des exemples que je connais. Des enfants qui se sont organisés pour punir leur papa qui maltraitait leur maman. Donc ça montre que la violence qui se répète rend rigide le cœur des victimes. »
Toutefois, déplore Mr Niyongabo, on constate que les VBG restent impunies. « Dommage que c’est l’arrangement à l’amiable qui est privilégié dans de telle situation. Quand il y a de l’impunité, la personne peut chercher toujours à se venger. »
Au niveau de l’administration de la commune Nyabiraba, Simon Ndinzemenshi, conseiller en charge des affaires sociales et juridiques, indique que des sensibilisations pour la protection des droits des femmes sont nécessaires pour prévenir des abus et autres violences qui peuvent en résulter.
