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Jeunesse

Jeunes : nombreux au sein des partis, invisibles dans les institutions

Est jeune, toute personne âgée de 18 à 35 ans, dixit la charte africaine de la jeunesse. D’après cette définition, il y a donc zéro jeune au Sénat, zéro jeune à l’Assemblée Nationale et au Gouvernement. Une réalité dure à accepter lorsque 70% de l’électorat est composé par la jeunesse.

Selon les données disponibles sur le site du sénat Burundais, l’âge moyen des sénateurs oscille autour de 48 ans, le plus jeune ayant 36 ans. Au gouvernement, tous les membres ont plus de 35 ans.

Pour accéder à ces postes de responsabilités, le process passe par les élections et les candidats promus au sein de leurs partis politiques ont plus de chances de passer.

Mais force est de constater que peu de jeunes sont mis en avant au sein des formations politiques alors qu’ils sont plus de 70% d’électeurs à chaque scrutin.

Cette réalité réduit leur chance quant à l’accès aux postes de responsabilités. Tenez : au sein du CNL par exemple, sur les 32 députés du parti, seuls 6 sont jeunes, affirme Agathon Rwasa, président dudit parti politique.

Selon un sociologue enseignant, chercheur à l’université du Burundi qui a gardé l’anonymat, plusieurs raisons expliquent cet état de fait. Primo, tout part du simple fait que le jeune est par essence, un être inachevé, en cours de maturation. Par conséquent, très léger par son esprit immature pour faire le poids sur la balance de la démocratie : « Le jeune est renvoyé dans le ghetto de la juvénilité, qui, naturellement, l’indispose et le stigmatise, quant à la possibilité d’occuper les postes décisionnels. »

La  ‘‘mise en à l’écart expliquée’’

Côté acteurs politiques, note le sociologue, pour éviter d’intégrer les jeunes par peur de perdre certains privilèges, ils le projettent dans l’avenir  avec des discours du type : « Vous êtes le Burundi de demain »­­, ce qui est en partie une réalité.

L’autre élément est l’absence de consensus sur le sens de ce concept de jeunesse qui alimente la confusion, et surtout mine toute tentative de construire un discours du plaidoyer en faveur de la jeunesse.

Si la charte africaine de la jeunesse conçoit la jeunesse comme, toute personne dont l’âge est compris entre 18 et 35 ans, les partis politiques gardent la latitude de pouvoir se faire une définition à eux, généralement taillé sur mesure en fonction de la vision du  parti.

Défis et quelques pistes de solution

Ainsi, Léonce Ngendakumana explique qu’au sein du parti Frodebu, la jeunesse a l’âge qui va jusqu’à 38 ans. « Cet âge pourra être porté à 45 ans pour qu’on puisse avoir un président jeune », renchérit-il. 

Ce qui donne à réfléchir sur le sens profond de la définition de la jeunesse, car en cela pourrait se cacher une stratégie d’exclure la jeunesse toute en la faisant croire qu’elle est représentée, analyse Jean Claude Sinzinkayo, étudiant à l’université lumière.

«Le problème majeure de la jeunesse est le problème du rapport entre les générations», nous confie le même sociologue enseignant chercheur à l’université. Pour ce qui concerne la jeunesse, il affirme que la prééminence des anciens se justifie, par l’idée que la sagesse est l’apanage des anciens car elle vient de l’expérience que donne l’âge et qui fonde le pouvoir.

Dr. Thierry Ingabire

Dr. Thierry Ingabire, président du Conseil National de la  jeunesse Burundaise, quant à lui, estime que le défi majeur auquel la jeunesse doit faire, est la libération de sa conscience : « Tant que la jeunesse sera manipulée, divisée, elle sera minorée pour servir les intérêts des gérontocraties. »

Il appartient aux jeunes, insiste M. Ingabire, de prouver ce dont ils sont capables, s’imposer par les compétences, se forger à une  vitesse grand V cette expérience qui est la clé du pouvoir : « C’est surtout maintenant que la jeunesse a l’avantage sur les anciens à cause des TIC. Elle devrait profiter de cet avantage et surtout se lancer dans la politique afin d’exprimer ses opinions plutôt que de suivre le mouvement. »

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