Du 27 au 29 octobre 2019, Jean Michel Mutima, jeune styliste burundais participait à l’African Fashion Reception organisée par l’Union Africaine, en Egypte. Un événement qui a rassemblé différents designers d’Afrique pour échanger et montrer ce que le continent a comme ressources et potentiels. Jimbere a rencontré l’artiste.
Comment est née l’idée de devenir styliste?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu un faible pour les habits et le mélange de différents tissus. A 16 ans, j’ai intégré le groupe Top Shaka où on faisait de l’encadrement des enfants pendant les grandes vacances. Comme à la fin on proposait des spectacles, j’ai proposé d’ajouter un défilé de mode pour changer un peu et ainsi avoir une audience plus variée. Une année plus tard, je remettais cela à une soirée de gala organisée par l’ANSS dont j’étais membre sympathisant. Cela a renforcé ma réputation comme créateur de mode et m’a poussé à créer des styles peu communs.
Comment cette passion a-t-elle été accueillie par vos proches?
Cela a été accueilli différemment. Ma famille m’a soutenu ainsi que mes amis proches. Mais la société en général n’a pas été très réceptive, étant donné que je suis un garçon. Or on pense à tort que la mode est un milieu exclusivement féminin. Mais, il n’y a pas de métier pour hommes ou pour femmes. La nouvelle génération commence à comprendre cela. Evidemment, les contraintes ne manquent jamais mais l’essentiel, c’est de croire en ce que l’on fait et de prouver que les étiquettes que l’on colle aux hommes dans le domaine de la mode sont fausses.
Quelles sont vos plus grandes réalisations à ce jour?
En 2011, avec Cynthia Munwangari, nous avons organisé un défilé de mode qui nous a permis de nous intégrer dans le domaine et de vendre quelques habits. En 2013, Avec Strut it Africa à Nairobi, j’ai participé à un défilé de mode qui réunissait plusieurs designers venant des différents pays africains. En 2016/2017, j’ai participé en tant que designer et coach à l’organisation de Miss Burundi au sein d’une formidable équipe. Du 25 au 27 novembre, je participerai dans une conférence « The Global Gender Summit 2019 » organisée par la Banque Africaine de Développement.
Quel est le plus grand défi comme styliste?
Me faire reconnaître comme designer. Pour la simple raison que beaucoup de personnes ne respectent pas ce travail, mais surtout ne le comprennent pas. L’autre défi, c’est de pouvoir vivre de ce métier. C’est très difficile certes, mais c’est faisable. Comme dans tous les domaines, il suffit juste de persévérer et de recourir aux potentiels investisseurs. Les entrepreneurs en général, savent que rien n’est jamais garanti mais qui ne tente rien na rien. (Rires). Si la société burundaise pouvait acheter les produits locaux, du made in Burundi, cela changerait et donnerait beaucoup d’espoir.
Quels sont vos projets pour les prochaines années?
J’en ai beaucoup… (Rires). Mais dans les prochaines années, la priorité sera d’ouvrir ma ligne de vêtements dans d’autres pays de l’Afrique de l’Est. Je voudrais bien pouvoir exporter à l’étranger. L’autre grand projet, c’est de créer un consortium de designers du Burundi afin de pouvoir échanger, agrandir et valoriser notre travail.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui voudrait suivre vos traces?
Premièrement, il faut croire en soi et en ce qu’il fait. La deuxième chose, c’est de se former, se documenter afin d’être unique dans son style et d’y croire. Être à l’écoute des critiques constructives. Et surtout s’investir et ne surtout pas lâcher son rêve!