Comme si l’Histoire ne nous avait rien appris, des appels aux manœuvres délétères à l’encontre d’un individu ou d’un groupe d’individus sont constamment lancés par des personnes souvent aux agendas cachés. Comment éviter de tomber dans le panneau ?
Depuis que le pays est déchiré par des crises cycliques, l’usage de la violence pour régler des différends s’est érigé une place de choix dans la conscience de plus d’un.
Certains habitants de la colline Buhinga, en commune Musongati, de la province Rutana, confrontés à cette réalité, regrettent que la justice populaire s’impose lorsqu’il s’agit de remédier aux cas de vol récurrents : « C’est surtout dans de telles situations qu’on entend des gens qui appellent au lynchage des présumés coupables d’actes de maraudage », s’indigne Catherine* (45 ans), habitant la colline Buhinga.
Pire encore, déplore Egide* (52 ans), les leaders de partis politiques attisent la haine par des discours et des slogans suscitant l’intolérance envers les adversaires politiques : « Ces propos sont traduits en actes violents qui opposent les membres des différents partis politiques, avec comme conséquence des morts et blessés. »
De la pure manipulation
Cependant, relève Egide, cette attitude fait régresser le sens de l’humanité, favorisant ainsi le chaos et la diversion, au profit de certains individus : « Parfois, les auteurs de tels messages ont un double objectif, celui de semer la division, mais aussi de récupérer une certaine opinion pour un soutien afin d’assouvir leurs intérêts, au détriment de ses partisans. »
Pour l’administration communale de Musongati, la population ne doit jamais céder à l’incitation à la violence. D’après Claudine Niyoyitungira, admicom de Musongati, les habitants doivent toujours dénoncer les appels aux actes de violence qui leur sont adressés : « L’on doit se rappeler que la responsabilité face à un délit ou un crime est individuel, et que personne n’a le droit de se faire justice. »
La nécessité de soigner les traumatismes du passé

Selon Rémy Havyarimana, expert en résolution pacifique des conflits, les personnes qui aujourd’hui lancent des messages de haine ou de violence sont des personnes malades, peut-être qui s’ignorent : « Cela se prouve par la manière dont ils s’expriment. D’ailleurs, ce ne sont pas seulement ceux-là, c’est aussi ceux qui les écoutent. Parce qu’une personne qui parle, qui lance des messages de haine et qui s’adresse à d’autres personnes qui sont vulnérables, je veux dire, au point de vue santé mentale, c’est une façon de tourner le couteau dans la plaie, d’attiser la haine. »
Pour cet expert, s’il faut lier la parole aux actes, nous devrions tracer une ligne de démarcation pour tirer une croix sur toute conduite de guerre afin de tourner une nouvelle page de la vie sociale : « Nous devons dire dès aujourd’hui que celui qui se conduit comme dans la guerre se verra confrontée à la loi et les sanctions y relatives. Et l’autorité doit être là pour veiller à ce qu’effectivement, ces punitions soient appliquées à la personne qui incite à la haine. »
*nom d’emprunt
