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ICUMUniverse: vers une série de films d’animation Made in Burundi ?

Le groupe Icumu, composé de jeunes burundais passionnés par l’animation, vient de créer la première animation basée sur des faits historico-culturels au Burundi. Bien que précoce, leur première production de 6 minutes 30 secondes laisse présager de belles perspectives pour l’industrie de l’animation burundaise.

Dans ce court-métrage, le Groupe Icumu utilise une approche innovante pour raconter l’histoire et la culture locale de manière divertissante et instructive. En utilisant des personnages animés inspirés de la culture burundaise, le groupe a réussi à captiver son public avec une histoire pleine de sens et riche en détails historiques lors du coup de projection de la première qui a eu lieu le 21mars dernier au Centre Culturel Izuba.

Après deux ans et neuf mois de travail acharné, le Groupe Icumu a finalement achevé son premier court-métrage, ouvrant ainsi la voie à une longue série qui relate les contes et fables traditionnels du Burundi. La première animation de ce genre au Burundi, « Gahanga », raconte une histoire bien connue de tous les écoliers burundais intitulée « Gahanga wishwe n’iki ? ».

Coup de chapeau pour une première 

Cette animation produite par le Groupe ICUMU, un collectif de 7 jeunes tous conduits par la passion de l’animation, court métrage d’une durée de 5 minutes relate l’histoire d’un personnage qui a du mal à garder un secret pour lui-même, ce qui entraîne des conséquences négatives.

Le dessin animé qui nous replonge dans la beauté de la littérature burundaise avec les textes et fables appris en 3ème année primaire, a été créé en utilisant un mélange de techniques d’animation telles que la stop-motion, l’animation d’images, la rotoscopie et l’animation par ordinateur. Avec une telle variété de techniques, le résultat final est une animation 2D riche en textures et en profondeurs, qui donne vie aux personnages et à l’environnement virtuel dans lequel ils évoluent.

En outre, la conception des décors et des personnages a été réalisée avec des techniques d’éclairage pour évoquer la couleur et l’atmosphère de l’environnement burundais. Cette attention aux détails dans la conception de l’animation contribue à créer une ambiance de réalisme et d’immersion pour les spectateurs, accentuant ainsi l’expérience de visionnage globale.

« La combinaison de différentes techniques d’animation et la conception minutieuse des décors et des personnages ajoutent une dimension significative à l’animation Gahanga, en faisant une production exceptionnelle qui capture l’attention des spectateurs tout en offrant une expérience visuelle immersive », indique MASUDI Andy Colle, Graphiste responsable de la vectorisation et de l’animation au sein du groupe.

La traversée des contraintes …

Nos jeunes créateurs ont rencontré des défis importants dans la production de leur projet d’animation du fait du manque de moyens. En effet, le processus de production d’un court métrage peut être complexe et semé d’embûches, en particulier pour les jeunes artistes débutants confrontés à des défis financiers, techniques et logistiques. « Le manque des ressources financières nous a découragés à un moment donné puisque nous étions limités sur le choix des accessoires et des équipements nécessaires pour donner vie à l’animation », fait savoir Guy Darcy Iradukunda, Coordinateur du groupe ICUMU.

Des difficultés techniques, comme le choix de la bonne machine adaptée à l’animation, l’ajustement des éclairages, le montage, associés à des défis logistiques n’ont pas manqué. La réalisation d’un projet d’animation peut être un véritable parcours du combattant pour les jeunes artistes, confrontés à de nombreux obstacles et difficultés.

Une détermination à toute épreuve

Mais grâce au soutien de l’Université du Burundi et à la mise à disposition d’un local pour travailler sur leur projet, le groupe ICUMU a réussi à surmonter ce premier obstacle.

Cependant, cette salle ne répondait pas encore aux exigences nécessaires pour la mise en place d’un environnement de travail optimal et efficient. En effet, comme l’a souligné l’un des membres du groupe, les difficultés financières ont été un véritable frein pour l’obtention d’un bureau adéquat pour travailler sur leur projet : «  Nous avons dû nous contenter d’une petite salle, bien que ce choix soit le fruit d’une grande recherche ».

Le manque de moyens financiers a, en quelque sorte, limité les choix du groupe quant à la location d’un bureau convenable pour la réalisation de leur projet. Malgré ces contraintes, le groupe ICUMU n’a pas baissé les bras et a travaillé avec ardeur pour transformer cette petite salle en un lieu de création propice à l’épanouissement artistique et professionnel. Les difficultés financières et logistiques n’ont pas freiné l’enthousiasme et la détermination des jeunes artistes qui ont su exploiter d’autres ressources et moyens créatifs pour faire aboutir leur projet d’animation.

Bien qu’il soit encore tôt pour dire que ce groupe de jeunes talentueux est en train de donner un nouvel élan à l’industrie de l’animation burundaise, leur travail est un pas important dans la bonne direction. En produisant des contenus innovants basés sur des faits historico-culturels locaux, le groupe Icumu montre qu’il est possible de créer une animation burundaise authentique et de qualité.

Des lendemains radieux…

Aux côtés du groupe Icumu se trouvait Pacy Nzitonda, un dessinateur, animateur et producteur qui a accompagné les jeunes lors de leur travail. Il a félicité les membres du groupe pour leur bravoure. « Pour ceux qui connaissent la complexité de ce métier, ils savent combien c’est dur ne fût-ce que de réaliser 10 minutes d’animation. Bravo à eux », a-t-il souligné.

Sa fierté et sa satisfaction sont donc tout à fait compréhensibles car il sait mieux que quiconque le travail que représente la création d’une animation de qualité. Son soutien au groupe Icumu témoigne également de l’importance de l’entraide et l’encouragement dans le domaine de la création cinématographique, et son appui a sûrement eu un impact très positif sur les jeunes créateurs.

Ils ne s’arrêtent pas là puisqu’ils ont également produit une bande dessinée tirée de la même histoire, témoignant ainsi de leur créativité et de leur capacité à explorer différentes formes d’expression artistique. Ils ont su transformer leur vision en réalité, en proposant une œuvre à la fois originale, inspirante et d’une grande qualité.

En produisant une bande dessinée, les jeunes artistes ont également démontré leur capacité à explorer différentes formes de narration et à trouver les moyens d’adapter leur récit à différents supports. Cela montre leur polyvalence et leur connaissance du langage visuel, qui sont des compétences essentielles dans le monde actuel de l’art et des médias. Leur réussite dans ces différents domaines témoigne de leur talent prometteur et des « perspectives d’avenir » qui s’offrent à eux dans le monde de l’animation et des arts graphiques.

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