Nommé meilleur joueur de la saison 2022 par la Febabu, Guibert Nijimbere aura été un acteur clé dans les quatre titres que son club Urunani a remportés. Si, aujourd’hui, il est considéré comme un joueur complet, il n’a pas toujours été vu comme tel
Pas besoin d’avoir les deux mètres, ou être tout en muscle pour exceller au basketball. Guibert défie tous ces préjugés. Avec 1m86 seulement et un corps frêle, le meneur d’Urunani a mis dans sa poche tous les amateurs de la balle orange au Burundi. Ses principaux atouts: rapide, dribbleur, organisateur de jeu, détente sèche…
Le coach Aimé Bitagoye l’admet: «Guibert a une palette de jeu si étoffée qu’il est très difficile de le contrer. Il évolue à un niveau international.» Pour l’anecdote, Bitagoye est celui qui a lancé Guibert dans le grand bain en le faisant débuter avec New Star quand il avait tout juste 16 ans.
Guibert possède d’autres qualités qui le placent au niveau des leaders. Toujours à l’écoute quand son entraîneur lui parle, son implication dans les séances d’entrainement est sans égal. Il participe activement dans les tâches défensives, adresse des conseils à ses jeunes partenaires…
Distribuer des offrandes, c’est presque le repas quotidien du jeune meneur. Durant cette saison, il a délivré au moins quatre passes décisives dans chaque rencontre disputée. En 2018, quand il évoluait au Rwanda, il avait été élu le meilleur dans cet exercice avec le club d’IPRC. La saison suivante, en 2019, il sera sélectionné dans le All Star Game (rencontre qui oppose les meilleurs joueurs du championnat). Shooter de renom, il a reçu le trophée du meilleur tireur à 3 points dans la même édition.
Les points et les passes de Guibert ont rapporté gros à Urunani: Super Final, Tournoi Des Héros, Viva Basketball League et les Play Off sont les grandes compétitions remportées par l’équipe durant la saison qui vient de s’écouler.
Des débuts précoces mais difficiles
Né en 1996, Guibert est le deuxième enfant des Nijimbere dans une fratrie de neuf. Dans la famille des Nijimbere, ça parle basketball non stop, ça se transmet dans les gênes.
Son père est une ancienne star de la balle orange à l’Université, et ses deux frères évoluent à un niveau respectable au Burundi: l’aîné, Forestier Nijimbere, est capitaine de New Star et le petit frère, Bénit Nijimbere, est la véritable vedette de l’équipe les Hippos.
Alors qu’il s’amusait à jouer avec ses amis sur un court de Basketball, Aimé Bitagoye, entraîneur de New Star en 2012, repère le talent du jeune adolescent et lui propose immédiatement de rejoindre l’équipe B (Junior) de New Star. Le second des Nijimbere ne refusera pas cette avance. Il déclarera plus tard: «C’était en quelque sorte une chance qui m’était offerte pour réaliser mon rêve de toujours. Faire carrière dans le monde du basketball était une obsession.»
Avec le courage et l’abnégation que le jeune Guibert montrait dans l’équipe junior, Coach Bitagoye décida de l’intégrer dans l’équipe senior une année plus tard. Une décision qui n’avait pas plu à plusieurs fans de New Star qui estimaient que le joueur n’avait pas le niveau.
L’entraîneur continua de lui offrir plus d’espace. Décision forte: au moins quatre minutes de temps de jeu au jeune meneur dans chaque match de New Star, histoire de faciliter sa progression. «Je me souviens l’avoir mis dans un choc au sommet contre Urunani, et il défendait face à un Elvis Hakizimana qui jouait à cet instant son meilleur basket. A chaque fois qu’il le dépassait, il y avait de mauvais commentaires, parfois même des huées dans le public. C’est dire combien il était difficile pour le jeune débutant de résister à cette pression», assure Aimé Bitagoye. Et d’ajouter: «Aujourd’hui, je suis l’un des plus heureux de voir à quel niveau il évolue. Au début, je disais que Guibert Nijimbere représentait l’avenir du club New Star et du basketball burundais.»
Vers de nouveaux horizons?
L’année 2015 sera marquée par une saison blanche pour le Basketball Burundais (période de crise), mais Guibert n’est pas resté assis. Il en a profité pour travailler son physique, sa détente, son shoot. Bref, il s’est amélioré.
En 2016, les connaisseurs de la balle orange ne tarderont pas à tomber sous le charme et admirer ses prouesses sur les parquets. Même ses détracteurs du début sont devenus fans.
Après une année d’enchantement, IPRC du Rwanda lui fera les yeux doux. Cette équipe universitaire lui donnera l’occasion d’évoluer en 1ère division Rwandaise, tout en lui assurant une bourse d’études dans la Faculté d’ingénierie civile. Après de bonnes performances à IPRC, il sera recruté, fin de saison, par Patriot, un club qui joue les premiers rôles au Rwanda. Il a permis à cette dernière équipe remporter le titre de champion du Rwanda en 2019 et se qualifier dans la Basketball African League.
2021 sera l’année du retour au Burundi, à Urunani, qui avait un vaste projet de bâtir une meilleure équipe dans la sous-région. Guibert figurait au cœur du projet.
La suite, vous la connaissez. Dans la région de Zone 5, Urunani est parmi les clubs qui comptent, et sa visibilité dépasse les frontières de l’Afrique de l’Est.
Un départ vers d’autres parties du continent où il n’a jamais mis les pieds n’est pas à exclure…