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Editorial

Entrepreneuriat: l’urgence de passer à l’échelle

Blaise Nkuriyingoma a été Rédacteur en Chef, puis Directeur des Programmes du Magazine Jimbere

De 2010 à 2021, l’Office Burundais des Recettes, dans sa catégorie de «Grands contribuables» (ceux dont le chiffre d’affaires annuel va au-delà de 700 millions de Fbu), ne comptait que 12 jeunes entrepreneurs, soit 2% de l’effectif total. Un chiffre mis en évidence par la Directrice de la Maison de l’Entrepreneur (MDE) à l’ADISCO, Chantal Ntima, lors du Forum National des Jeunes Entrepreneurs au Stade Intwari, le 3 février 2022.
Invitée à présenter l’état des lieux des jeunes entrepreneurs burundais , la question de départ était: «Combien sont-ils ?» Dans son exposé, elle rappellera malheureusement toute la difficulté d’obtenir les données en rapport avec l’entrepreneuriat des jeunes au Burundi…

Pourtant, le sujet est grave: avec plus de 65% des Burundais ayant moins de 25 ans (soit l’équivalent de près de huit millions de citoyens) qui se heurtent au chômage grandissant dans le pays (il avoisinerait les 65% dans la catégorie « jeune »), la problématique de l’emploi des jeunes constitue un enjeu majeur du présent et du futur du Burundi. D’où un intérêt accru des décideurs publics et acteurs privés pour l’entrepreneuriat, comme une des réponses fortes au manque d’emploi: cela a notamment permis la naissance de nombreuses initiatives génératrices de revenus à travers le pays…

Mais, aujourd’hui, il est temps de passer à l’échelon supérieur. Car, le contexte évolue, et voici le topo de la situation: le tissu entrepreneurial burundais est constitué à 95% par des micros, petites et moyennes entreprises (plus de 250.000 MPME) qui assurent 83% des emplois, mais avec moins de 10% du PIB comme chiffre d’affaires. Ces entreprises, dont seulement 13% sont clientes des institutions financières, peinent à se développer, et par conséquent sont incapables de garantir des emplois décents (Revue Economique et Monétaire de la BRB – Décembre, 2018).

Dans de tels cas, comment offrir de vraies perspectives à ces milliers de jeunes burundais qui arrivent sur le marché du travail chaque année ? Comment leur assurer des emplois avec des revenus stables et durables? Il faut soutenir l’entrepreneuriat burundais formel, en s’inspirant par exemple du modèle d’I&F Entrepreneuriat, premier incubateur d’entreprises en République Démocratique du Congo.
Dans les colonnes de ce quatrième édition de NUKU, notre collègue Roland Rugero nous fait découvrir cette expérience congolaise, qui a permis la création d’une zone industrielle pour couver les industries naissantes : avec l’appui de la Fondation Roi Baudouin, plus de 1.000 entreprises se trouvent en incubation grâce à une stratégie gagnant-gagnant entre porteurs de projets et investisseurs.

Au Burundi, le temps des pilotes s’achève… A l’image d’I&F Entrepreneuriat, les «anges» intermédiaires au plus près des jeunes entreprises, incubateurs, accélérateurs, etc. sont déjà identifiés.
Leur professionnalisation, grâce notamment à une mobilisation financière et humaine accrue des bailleurs de fonds, des institutions publiques et du secteur privé, peut aider les jeunes entreprises à atteindre le stade de maturation.
Et de là, être en mesure de traiter avec de potentiels investisseurs ou concurrents, en assurant des retours conformes aux attentes du marché.

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