Le musicien de 31 ans voudrait rester discret… Sauf que son talent l’entend autrement
Né à Gatara dans la province de Kayanza en 1990, Dooder Chris (son nom de scène) grandit à Ngozi chez sa grand-mère. Sa très catholique famille accepte qu’il chante à l’Eglise, et lui refuse les scènes profanes. Dooder bâtit ainsi sa passion pour la musique avec les amis dans la Fraternité Jeunesse Lumière de Ngozi. En 2005, au lycée, il devient le maître du ténor de la chorale « Les Séraphins de la Sainte Cité ».
Parallèlement, comme président du club RFI au lycée le Soleil du Savoir, Dooder participe à des compétitions de chant de la Francophonie en 2010, où il finit troisième dans la finale à l’Institut Français du Burundi: « Je me sentais dans les airs. Pour la première fois que je foulais le sol de Bujumbura, j’étais reconnu en ville, et me classait dans le chant, moi qui croyais être voué à la guitare », se souvient Dooder.
Une expérience qui nourrira sa soif d’apprendre la musique. 2011, il quitte le secondaire par le lycée Buye avec une maîtrise de la guitare et une voix pour accompagner ses morceaux. « Je me souviens de ces temps-là. Je ne le faisais que pour m’amuser. Nous passions des répétitions avec Masterland, Difficile 5G, Endo Mic et bien d’autres dans les vallées et sur les collines …»
Titulaire d’une bourse d’étude en Chine en 2012, notre artiste amateur se fera oublier localement, avec les années : «Yeah, c’est vrai nous avons fait des répétitions ensemble. Mais je ne me rappelle pas son vrai nom » confirme le producteur et chanteur Masterland .
Les chemins de l’art… malgré eux
Après ses études en langue chinoise, Dooder embrasse le marketing et le commercial à Pékin. L’artiste en lui se réveille ! Cette fois-ci, il intègre des groupes d’artistes. En passant du Tianjin Church Choir, Xing Xing Star Band jusqu’au Mitabe Band, Dooder apprend et tombe amoureux du blues.
Chanteur, guitariste, bassiste, percussionniste, tambourinaire, … etc, Dooder est touche-à-tout. Le Burundais en profite pour créer le “Great Buffalo Blues” Band en 2016.
Dans moins de 10 ans, Dooder Chris s’est déjà reproduit sur plus de 30 scènes y compris le Fukuoka au Japan, le Fellow Festival de Shanghai et le Youxi Music Festival en Mongolie.
Habitant Pékin, il pratique la musique comme gagne-pain, loin des attentes assez strictes de sa famille, qui le préfère dans le chant religieux. Toutes ses années sans nouvelles de l’aventure profane du jeune garçon, il aura fallu qu’une parenté découvre le compte Instagram de l’artiste sur lequel ce dernier poste ses œuvres, pour que la famille découvre son vrai profil…
La peur de décevoir « les attentes de sa famille » renforce l’envie de couper son talent des mélomanes burundais. Pas pour longtemps! Une vidéo de l’interprétation par la Great Buffalo Blues Band du morceau « Simoni » de Léonce Ngabo crée nostalgie et applaudissements dans l’auditoire burundais. Tout le monde veut connaître qui c’est !
« A vrai dire, je n’ai pas enseigné toutes les chansons burundaises à ma band. Plutôt, avec eux, j’apprends beaucoup. Avec l’intégration des nouveaux, les artistes chinois ont appris beaucoup de chansons et cette expertise leur a valu la vedette jusqu’aujourd’hui» explique Dooder en riant.
Voilà donc pour la petite histoire de Dooder Chris.
Son vrai nom? Silence. Avant de répondre: « Ndayishimiye Egide! »