Dix mois après la mise en place du Programme d’Autonomisation Economique et d’Emplois des Jeunes (PAEEJ), des Groupements Economiques des Jeunes Solidaires (GEJS) dits «Coopératives-PAEEJ» sont en cours de création sur toutes les collines du Burundi pour bénéficier des financements du PAEEJ. Les réalités sur terrain…
Dans quelques jours, c’est le 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes. Le PAEEJ a choisi cette date symbolique pour signer la (les) première (s) convention (s) de financement avec les jeunes burundais dans l’entrepreneuriat, répartis dans trois catégories. Selon le Pr Désiré Manirakiza, coordinateur du PAEEJ, cette catégorisation tient du principe de la sécurité du capital : « Dans certains cas, le PAEEJ imposera la cogestion des projets pour certaines catégories de demandeurs de financement. » Un tour à l’intérieur du pays pour essayer de comprendre les attentes des uns (les jeunes) et des autres (PAEEJ).
Les «Coopératives-PAEEJ», la première catégorie des jeunes qui vont bénéficier des financements du PAEEJ pour effectuer des projets agro-pastoraux, uniquement. Le PAEEJ rappelle que l’agriculture et l’élevage sont au cœur de l’économie du Burundi. Ainsi, sur les 3.000 collines du Burundi, une «Coopérative-PAEEJ» sera créée par colline, donc au total 3.000 GEJS. Aujourd’hui, cinq provinces du pays, Gitega, Mwaro, Bururi, Ngozi et Kayanza, comptent déjà ces «Coopérative-PAEEJ» composées de 20 à 25 membres (14 à 40 ans), sans emplois, résidant sur la colline où est implémenté le projet, …
Notre petite descente commence par Kibogoye, l’une des 31 collines de la commune Giheta, province Gitega. Nous rencontrons Ferdinand Nicintije, 6 ans au chômage, maintenant membre du GEJS Kibogoye, il nous accueille dans le «rugo» (enclos): « Comme vous voyez, il y’a des travaux de construction d’un poulailler en cours. Il va abriter 300 poussins que l’on attend avec le financement du PAEEJ », raconte-t-il d’un air motivé.
Mais, Ferdinand et ses voisins, sont-ils prêts pour bien gérer la nouvelle entreprise ? Le PAEEJ rassure : « A travers notre département de Renforcement des Capacités, nous avons organisé des activités de formation dans le but de doter les jeunes des capacités et des compétences dans différents domaines dont les techniques agropastorales et en technique d’irrigation afin d’augmenter la production grâce à l’utilisation efficace des techniques modernes. »
Apparemment, à Giheta, selon un certain Wilbert Dusabe, le jeune entrepreneur à succès qui a dispensé la formation sur l’élevage de poules à l’endroit des jeunes de ces groupements, l’objectif de développement communautaire sera atteint : « Les futurs bénéficiaires sont sur le bon chemin avec les préparatifs et surtout confiants des progrès et des retombées de ce programme. »
Plus loin à Kayanza, le récit n’est pas le même…
La deuxième catégorie à recevoir les financements du PAEEJ est celle des jeunes qui vont se regrouper pour créer une unité de transformation de la matière première issue de la production de la première catégorie. La troisième catégorie concerne les jeunes entrepreneurs à succès qui vont postuler pour des crédits à 7% de taux d’intérêt, contrairement aux deux premières qui reçoivent des fonds remboursables à taux zéro.
Ismaël Niyongabo, jeune de 32 ans, à la tête d’un atelier de menuiserie dénommé « Twitezimbere » dans la commune et province, se confie : « Je ne suis pas au courant des activités du PAEEJ. » Nous essayons de lui en parler. Avec un peu de confusion sur les missions du PAEEJ et de la « banque des jeunes » BIJE, Ismaël trouve le premier plutôt intéressant, malgré que, visiblement, il ne comprend pas certains points, comme le dépôt des candidatures de demande de financement en ligne.
Communiquer, le secret de la réussite
Alors, le fait qu’une opportunité de 48 milliards Fbu reste « un mystère » à ces bénéficiaires questionne. Pour le Pr Désiré Manirakiza, cela souligne le « désintérêt » affiché par les jeunes burundais à l’égard des programmes publics. « Ils sont généralement ludiques, d’autres accros au politique. Bref, difficiles à gérer », ajoutera-t-il. D’un avis contraire, Pamphile un jeune entrepreneur dans la cuniculture à Kayanza, situe le problème au niveau de la communication des administratifs à la base : « La plupart des fois, ceux-ci excluent certains concernés lorsqu’il s’agit de transmettre une information. »
A ce propos, Emmanuel Ntacombaye, chef du cabinet au bureau du gouverneur de Ngozi, reconnait quelques manquements et suggère une communication inclusive au niveau des administratifs. Et d’inviter, à son tour, les jeunes à déconsidérer le PAEEJ comme un programme non pas dédié à quelques jeunes, mais à tout jeune burundais, désireux de s’épanouir, de se développer.
La réussite du PAEEJ va dépendre de l’implication de chaque intervenant, et comme dans notre dernier article sur l’action du PAEEJ, cela passe d’abord par l’amélioration de la circulation de l’information. Et pour un programme dédié aux jeunes burundais, Jimbere est toujours prêt pour offrir sa modeste contribution …