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Faire circuler l’information, l’un des grands défis du PAEEJ

Cela fait plus de 8 mois que le Programme d’Autonomisation Economique et d’Emploi des Jeunes a été créé, mais, apparemment, bon nombre de jeunes, surtout dans le milieu rural, ignorent son existence. La réussite de la mission herculéenne du PAEEJ de réduire le chômage des jeunes burundais nécessitera impérativement une bonne circulation de l’information sur ses outils et objectifs. Reportage.

C’est par un matin bien brumeux que nous arrivons sur la colline Mugendo dans la commune Nyabiraba le lundi 6 décembre. Il est 8h 40 minutes, et il peut pleuvoir d’un temps à l’autre. Nous sommes allés documenter l’action des jeunes dans les coopératives sur cette colline. Nous commençons la rencontre avec Jacques, un jeune membre du Comité Exécutif de la coopérative Sangwe de Mugendo. Selon lui, les jeunes de la localité participent de façon enthousiaste dans l’activité agricole de cette coopérative.

Au détour de la conversation avec d’autres jeunes (diplômés), une question se glisse : les jeunes d’ici sont-ils au courant de l’existence d’un fonds de 48 milliards – ai-je nommé le PAEEJ – mis en place par le Président de la République pour financer leurs initiatives et créer de l’emploi ? Gilbert, Samuel, Claude, Mireille et Emelyne, ce sont 5 jeunes sur la colline, tous au chômage. Le premier est lauréat de l’Ecole Normale Supérieure, le second a fait l’Institut Supérieur de Commerce, et le reste a un diplôme des humanités générales. A la question, personne ne semble être au courant de ce que c’est vraiment le PAEEJ. Plus grave : en recoupant les informations de nos correspondants en province qui nous parviennent depuis Bubanza, Cankuzo, Kayanza, ou encore Bururi, plus de 70% de jeunes interrogés ignorent l’existence de cette structure. Et pourtant …

8 mois se sont déjà écoulés depuis la création du PAEEJ

Mis en place par le Président Evariste Ndayishimiye le 7 avril 2021, son objectif est de réduire le taux de chômage des jeunes à travers la sensibilisation sur le changement de mentalité, l’appui à l’entrepreneuriat et l’insertion socioprofessionnelle. Ce laboratoire de solutions pour la très épineuse question de chômage ambitionne de financer 3.000 micro-projets (c’est-à-dire un micro projet par Colline de recensement), d’accompagner la création et la consolidation de 18 PME, et de créer 100.000 emplois des jeunes scolarisés, d’ici 2025 – la première phase du programme est d’une durée de 4 ans.

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Pr Désiré Manirakiza : « Comme beaucoup peuvent se le dire, la mission du PAEEJ, Ce n’est pas celle de distribuer de l’argent. Ceux qui le pensent ainsi n’ont qu’à déchanter. C’est d’ailleurs tout l’enjeu de notre mission, amener les jeunes burundais à apprendre à concevoir des projets consistants avant de penser au financement. »

« Créer de telle structure est certes une bonne chose, mais cela ne suffit pas … »

Pour Faustin Ndikumana, à la tête du PARCEM, des conditions pour la réussite effective du PAEEJ doivent être préalablement réunies, notamment l’importance de la vulgarisation et la sensibilisation sur ces initiatives par des mécanismes qui font qu’aucun jeune ne soit pas laissé derrière par l’ignorance de l’existence d’un tel fonds.

Faustin Ndikumana:« les critères d’accompagnement et de financement doivent être objectifs, il faut privilégier la compétitivité des projets, il faut aussi veiller à la capacité technique de gestion et de suivi de ceux qui sont chargés de la coordination de ce programme à ses différents échelons.»

Par ailleurs, selon cet économiste, étant donné que le modèle associatif a déjà montré ses limites au Burundi, le PAEEJ ne devrait pas exclure le soutien des initiatives personnelles. Concernant le fonctionnement du PAEEJ, le Coordinateur National, Pr Désiré Manirakiza, était de passage dans les studios du Magazine Jimbere juillet dernier pour en prler. Retrouvez l’extrait de son interview dans le premier numéro de NUKU

Faustin Ndikumana a également invité le Gouvernement du Burundi à réfléchir déjà sur la question des débouchées : « Même si les jeunes se mettent à produire, sans débouchés, les problèmes seront toujours les mêmes, et les mécontentements persisteront. » Dans ce cadre, lors du Forum National sur le Développement du Burundi 2021, le Coordinateur National du PAEEJ avait même plaidé pour des quotas dans les marchés publics réservés aux entreprises des jeunes.

Eraste Nzosaba du Conseil National des Jeunes, quant à lui, note un problème de chevauchement entre les différents programmes du Gouvernement qui ont comme mission la réduction du chômage chez les jeunes : « Aujourd’hui, il y a un certain chevauchement entre les structures mises sur pied pour résoudre l’épineuse question de l’emploi au Burundi : ABEJ, OBM, PAEEJ, FIGA, … qui fait quoi exactement ? La mise en place d’un organe central qui assure la coordination s’exige. »

Le décret présidentiel de ce 6 décembre 2021 portant modification du fonctionnement du PAEEJ vient certainement répondre aux soucis relevés. Affaire à suivre …

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