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Cloud Computing : le Burundi accélère sa révolution digitale

À Bujumbura, une formation en Cloud Computing ouvre une nouvelle étape dans la stratégie numérique du Burundi. Organisée par Collectif Ubuntu en partenariat avec l’Université du Lac Tanganyika et l’Université Toulouse INP, elle a permis à 25 experts locaux de renforcer leurs compétences, avec pour objectif d’accélérer la digitalisation des services publics et privés. Malgré les défis techniques, les participants estiment que le pays est prêt à troquer le papier contre les technologies modernes.

Le Burundi pourrait bientôt abandonner définitivement le papier dans ses administrations. « Si l’État le décidait, aucun secteur n’aurait plus besoin de papier : tout pourrait fonctionner grâce aux technologies numériques », ont souligné plusieurs experts en technologies de l’information, le 17 septembre 2025, à l’occasion de la clôture d’une formation intensive sur le Cloud Computing.

Organisée du 11 au 17 septembre par l’association Collectif Ubuntu, en partenariat avec l’Université française Toulouse Institut National Polytechnique (INP)et l’Université du Lac Tanganyika, cette formation s’est tenue pour la troisième fois dans les locaux de l’Université du Lac Tanganyika. Elle avait pour objectif de renforcer les compétences des professionnels du numérique dans le cadre du programme national de digitalisation, qui vise à remplacer progressivement les procédures papier par des solutions numériques.

Une formation stratégique pour la digitalisation du pays

Les participants, issus de diverses universités, banques et entreprises, ont été formés aux dernières avancées du Cloud Computing. Selon François Xavier Mureha, recteur de l’Université du Lac Tanganyika, cette initiative s’inscrit dans les ambitions du Plan National de Développement (PND 2018–2027) et dans la vision stratégique d’un Burundi émergent en 2040 et développé en 2060.

Daniel Hagimont, enseignant à Toulouse INP

Daniel Hagimont, enseignant à Toulouse INP, a souligné l’originalité du programme : « Nous avons introduit des modules encore peu enseignés au Burundi, mais que nous dispensons en France, comme la gestion des centres de données (Data Centers) et leur utilisation. Cela facilite l’accès aux applications et améliore leur efficacité. »

Pour sa part, Dan Freeman Mahoro, président du Collectif Ubuntu, a précisé que, bien qu’aucun suivi post-formation formel ne soit prévu, les organisateurs restent disponibles et maintiennent régulièrement le contact avec les lauréats des éditions précédentes pour leur fournir conseils et opportunités de projets.

Malgré les défis persistants liés à l’électricité et à la lenteur de la connexion Internet, Evariste Ntaryamira, enseignant burundais en France, estime que la priorité demeure la transmission du savoir : « Une fois les problèmes techniques résolus, les étudiants formés pourront rivaliser sur le marché du travail international. »

Des compétences renforcées pour des solutions locales

Les témoignages des participants confirment l’impact concret de la formation. Clovis Muyizigire, récompensé pour son application KWIGA hub, développée avec ses collègues, a intégré l’intelligence artificielle pour faciliter l’accès aux questions et réponses d’examens passés, à destination des enseignants et des élèves.

Pour sa part, Jonathan Nkurunziza, participant pour la troisième fois, a contribué à la création de l’application eFeza, dédiée aux transferts d’argent. Grâce à la formation, son équipe a mis en place un serveur local capable d’héberger jusqu’à 300 applications. « Quand on cherche des données dans une application hébergée au Burundi, elles arrivent plus vite que si elles étaient stockées à l’étranger. De plus, si l’application est hébergée dans un pays comme les États-Unis et qu’un segment du réseau Internet est coupé, les données deviennent inaccessibles », explique-t-il.

Avant la formation, l’idée d’un hébergement local paraissait incertaine aux participants. Aujourd’hui, ils affirment non seulement sa faisabilité, mais attestent qu’elle est déjà en cours de mise en œuvre.

Un appel à l’État et aux jeunes talents

Les experts formés encouragent leurs collègues du secteur à suivre des formations similaires et exhortent l’État burundais à soutenir davantage les initiatives technologiques, qu’ils considèrent comme une richesse nationale. Ils appellent également les organisateurs à élargir le programme afin de toucher un plus grand nombre de jeunes.

Cette troisième édition de la formation a permis de former 25 professionnels. Cinq prix, d’une valeur totale de 3,8 millions de FBu, ont été attribués aux meilleurs projets réalisés en seulement deux jours, incluant des applications académiques, des jeux multi-joueurs et des solutions de virtualisation.

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