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Chemin de fer Uvinza-Gitega : comment faire face à l’imminente concurrence commerciale ?

Nul n’ignore les opportunités qu’offre le chemin de fer sur l’économie nationale d’un pays. Avec la construction du chemin de fer Uvinza –Gitega, le Burundi va d’une part gagner en termes d’échanges commerciaux avec les autres pays. D’autre part, le Burundi risque d’être inondé par des marchandises de la sous-région mettant à mal la production des acteurs locaux. Comment conjurer ce mauvais sort ?

Les choses semblent s’accélérer. Le projet évoqué, il y’a plus de deux ans, va enfin être m. La construction du chemin de fer partant d’Uvinza en Tanzanie, jusqu’à Gitega au Burundi en passant par Musongati, va démarrer. Pour la Tanzanie, le début des travaux de construction est pour bientôt. Une société turque a gagné le marché pour sa construction. Du côté du Burundi, la superficie que couvrira la zone du projet a été déjà cartographiée. 1.124,2393 ha, soit l’espace nécessaire. La campagne d’inventaire des biens qui feront objet d’expropriation a commencé le 10 octobre 2022.

Dans son discours, lors du lancement de cette campagne à Rutana, la province où doit passer cette voie ferrée, Capitaine Dieudonné Dukundane, Ministre des Infrastructures, a indiqué que cet axe va permettre au Burundi d’économiser 100$ par tonne sur le coût de transport des marchandises.

En outre, cette voie à écartement standard et électrifié va faciliter au maximum les échanges et la mobilité des voyageurs car le train fera le trajet à une vitesse variant entre 120 km et 150 km, ce qui va réduire le temps mis pour arriver à Dar Es Salaam : il sera de 10 heures sur une distance de 1500 km.

Abondant dans le même sens, l’économiste Prosper Niyoboke souligne un certain désenclavement du pays : « Cette voie va relier le Burundi et la Tanzanie, qui a un accès sur l’océan indien. Du coup, le flux des marchandises vers l’extérieur du continent va s’améliorer, ce qui avantagera le Burundi d’une certaine manière »

Rendre compétitifs les secteurs publics et privés, un préalable

Afin de profiter au maximum des avantages de ce chemin de fer, Prosper Niyoboke propose de mettre en place des mécanismes pour rendre l’économie burundaise plus compétitive. La première est la transformation agricole, principale activité des burundais. « Il faut que nous partons de l’agriculture de subsistance pour se concentrer surtout sur l’agriculture orientée vers le marché avec des techniques agricoles modernes afin de satisfaire la demande locale et faire les exportations agricoles », explique-t-il.

La seconde est l’exploitation du potentiel agricole et minier que le Burundi possède. « L’extraction des minerais doit être coordonnée et bien réglementée pour attirer les investisseurs. La segmentation de la filière légume au niveau des régions les plus productives doit être une priorité afin de relancer ce secteur qui présente des potentialités commerciales énormes », indique-t-il.

Les acteurs économiques locaux, poursuit-t-il, devraient être des professionnels pour être compétitifs. A ce point, Prosper Niyoboke indique qu’il y’a nécessité de redynamiser certaines entreprises publiques et privées pour travailler dans la logique de satisfaire la demande locale d’une part et extérieure d’autre part.

La nécessité de développer les infrastructures

De surcroit, l’Etat doit jouer le rôle de conscientiser et responsabiliser les acteurs pour qu’ils puissent développer leurs capacités de production. « Le gouvernement devrait penser aussi à des actions d’incitations en termes d’investissement qui doivent être mobilisées pour que les investissements directs étrangers puissent connaitre un flux élevé », annonce M. Niyoboke.

Les axes de communication notamment les axes routiers doivent être développés pour faciliter le port des marchandises d’un endroit à un autre, souligne Prosper Niyoboke. « Cela impulse les échanges entre les endroits les plus reculés du pays et l’extérieur » ajoute-t-il.

Ce professeur d’université avance aussi la nécessite d’améliorer les infrastructures électriques. Pour lui, l’énergie électrique est la base du développement industriel. « Avec le déficit énergétique actuel, nous ne pouvons pas espérer concurrencer les acteurs étrangers », conclut-il.

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