Dans l’élan de la célébration de la Journée internationale de la femme, la FIADI qui regroupe 16 filles/femmes ingénieures organisait ce vendredi 6 mars à l’IFB une conférence-débat sur l’implication de la femme dans l’ingénierie : défis et opportunités.
Un débat riche et animé. Pour l’occasion, la FIADI (Association des Femmes Ingénieures pour le Développement Inclusif) avait convié des invités de marque comme la première femme à avoir décroché un doctorat en Ingéniorat civil ou le Directeur Général de Sogea Satom.
Thème du jour : « L’ingénierie et genre au Burundi : des femmes dans le métier d’hommes ».
Et la question qui a servi de trame au débat : l’effectif très réduit des femmes dans ce métier utile pour le Burundi, cela alors que la part des femmes dans la vie active est estimée à 54%. Les stéréotypes, la culture, le manque de modèle, ou même l’estime de soi, seront cités parmi les grandes barrières qui freinent l’accès des femmes.
« Il est vrai que ce domaine ne donne pas de cadeaux. C’est un métier exigeant. Mais jusqu’ à présent, les faits démontrent que celles qui s’y mettent réussissent. Les places sont ouvertes dans les universités, tant public que privé. Il faut les investir », indiquera Michèle Mukeshimana, Professeure d’université. Pour elle, les Burundaises devraient passer outre les « Qu’en dira-t-on ?», et embrasser les carrières qui les intéressent, car, ajoute-t-elle, il n’y a point de métier inaccessible à la femme.
Elle y sera rejointe par Leila Kateferi, ingénieure en génie mécanique, dans ce raisonnement : « Quand je suis partie pour l’Allemagne afin d’embrasser la mécanique à l’université, j’étais la risée de tous, moins comprise. Personne ne me voyait réussir. Mais puisque j’étais passionnée, rien ne pouvait me bloquer », témoigne celle qui est à la tête de KTF Concept, une entreprise écolo productrice de charbons issus de la transformation des balles de riz.
La société et ses maux, comment faire face ?
Abbé Ntabona Adrien, Spécialiste de la culture burundaise affirmera à son tour que les stéréotypes autour de la femme et de certains métiers n’ont pas lieu d’être, car la femme est, par excellence, la plus battante dans tous les domaines. « Quand on dit » Urya mugore ni magore magabo », cela n’est pas dénigrant. Plutôt, c’est la démonstration de l’assiduité chère aux dames, car elles sont capables d’accomplir des merveilles. La femme ingénieure, ça fait affaire »
Néanmoins, la maternité et les responsabilités du foyer, peuvent freiner la femme au travail, explique Claudette Ngendandumwe, 25 ans d’expérience dans le domaine, membre de FIADI. « Encore célibataires, les filles qui embrassent notre secteur sont parfois taxées de garçons manqués, de moins douces et par conséquent vouées à l’échec dans les relations. Et quand elles parviennent à fonder des foyers, le poids des responsabilités pèse beaucoup sur leur efficacité au travail ». Pour cela, elle appellera au soutien des conjoints : « C’est primordial pour l’épanouissement des femmes dans le métier. »
Quant à l’accroissement de l’effectif des filles dans la construction, Jeannette Kaneza, présidente et représentante légale de FIADI, fait savoir qu’une sensibilisation pour inciter les jeunes filles à fréquenter les domaines techniques est une nécessité. Elle interpelle ainsi ceux qui lance des appels d’offre à cesser de stigmatiser la gent féminine dans l’attribution des marchés.
De son coté, Diallo Alhassane, Directeur Général de la Sogea Satom, présent dans 22 pays du monde dont le Burundi, fera savoir que la société est très ouverte pour les candidatures féminines, mais que malheureusement, les prestataires se comptaient sur le bout des doigts.