Inutile de trop parler pour décrire Jonas, les grands et petits reconnaissent facilement le proprio du cybercafé du coin. Une idée qui l’a eu depuis l’université. Et c’est notamment grâce à son flair entrepreneurial qu’il occupe aujourd’hui le poste de conseiller communal chargé des questions économiques à Bugabira, à 18 km du chef-lieu de la province Kirundo.
Tout commence en 2011. Jonas est en première année à l’Université du Burundi. Il remarque rapidement le besoin constant des étudiants à photocopier les syllabus, et pense déjà à se lancer dans ce business. A l’époque, le jeune homme vit encore hors du campus universitaire, en famille. Ces dépenses sont alors réduites. Cette situation lui permet de mettre de côté une partie de la bourse estudiantine, et quelques sous reçus ou gagnés ici-là.
De l’université à Bugabira …
En 3 ans, Jonas parvient à économiser une somme d’environ 500.000 Fbu pour s’acheter une imprimante et un ordinateur de bureau. Et quand il déménage au campus, sa chambre se transforme en un secrétariat public, au discret. A la fin du cursus, Jonas est affecté pour enseigner l’informatique au Lycée communal Nyamabuye. Il emmène avec lui son petit matériel pour ouvrir un secrétariat public. Le second dans cette localité qui n’en compte qu’un seul, et éloigné.
Son premier salaire lui permet de s’équiper avec du matériel plus moderne. Le nouveau professeur qui n’hésite pas à prêter aux élèves ses ordinateurs pour des exercices pratiques gagne rapidement l’admiration des jeunes et devient le role model dans ce petit centre de Bugabira. « L’école n’avait pas d’ordinateurs pour les exercices pratiques. Pour l’occasion, j’apportais alors les miens. J’ai eu également à collaborer avec des jeunes finalistes du lycée : en travaillant ensemble au cybercafé, ils ont pu trouver les moyens pour financer leurs études supérieures. »
Jeune, entrepreneur et déjà expert en thématiques économiques …
A 32 ans, Jonas Ngendakumana est le conseiller de la commune Bugabira chargé des questions économiques. Sûrement que son courage, son dévouement à la communauté, et sa passion entrepreneuriale ont influencé sa candidature.
« Mon travail me permet de rester dans la peau d’un entrepreneur parce que je travaille principalement avec les coopératives communautaires sur les collines en renforçant leurs capacités managériales. C’est également à moi qu’il revient de finaliser et approuver les projets à être financés par le FONIC (Fonds national d’investissement communal). » Précise fièrement le jeune entrepreneur.
Par mois, le cybercafé de Jonas rapporte entre 100.000 Fbu et 300.000 Fbu par mois. Une affaire pas si facile à Bugabira. « Je rencontre des difficultés dans la maintenance et la réparation du matériel du cyber. C’est trop cher. Pour trouver les techniciens, je dois me rendre dans la ville de Kirundo. » Mais son gros souci reste le manque de capital consistant. « Je rêve grand pour ma commune. »
Espérons que les rêves du jeune entrepreneur pourront devenir réalité. D’ailleurs, le jour de notre visite, il était en train de développer sur papier un projet à soumettre à la BIJE (Banque d’investissement pour les jeunes) …
Dans le cadre du projet « Tuyage » financé par l’USAID, le Magazine Jimbere s’associe avec Search For Common Ground au Burundi (partenaire de mise en œuvre du projet) dans la production d’une série d’articles économiques