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Dans la tête des concubines

© Jimbere/ Dans le village III, Annonciate Niyongere est devenue la risée dans tout son village

Du haut de ses vingt-quatre ans, Annonciate Niyongere, nouveau-né sur le dos, s’est irréversiblement retrouvée dans le concubinage.

«Quand il m’a annoncé qu’il était déjà marié, j’ai sombré dans une colère noire. Mais j’étais enceinte, je ne pouvais plus faire marche arrière.»

C’est un vendredi  presque ordinaire dans le village III de la commune Gihanga de la province Bubanza. Sur la 6ème rue dudit village, Annonciate Niyongere n’y est plus à son aise. Depuis des semaines, le chef du village et d’autres femmes de la localité l’ont obligé à décamper du foyer familial où elle vit avec son « mari ».

« Accusée » de vivre en concubinage avec le père de son enfant, Annonciate Niyongere est devenue un  sujet de  raillerie dans le village.  Son compagnon, le regard méfiant ne pipe mot. Se refusant à tout commentaire sur  sa compagne, le partenaire d’Annonciate, continue calmement de s’activer sur la tonsure de son client. Il tient un  salon de coiffure devant lequel Annonciate vend du crédit de recharge. Ce jour, elle n’a pas vaqué à ses activités.

Quelques instants plus tard, des doigts pointent une femme. Elle roule à vélo, un nourrisson dans son dos. Visiblement pressée, elle a l’air de fuir. D’abord sur ses gardes, puis timide,  Annonciate délie sa langue. «Je savais déjà que mon mari avait vécu avec une autre femme. Mais je ne savais pas qu’ils étaient mariés. Il a volontairement omis ce détail de taille.»

 Annonciate vient de totaliser une année de vie commune  avec le père de son enfant. Quand la femme de ce dernier, raconte-t-elle, a su que son mari vivait avec une autre femme, elle est venue illico dans le village. «Elle a même  abandonné ses propres enfants à Ngara où elle habite pour venir vérifier par elle-même», concède Annonciate Niyongere sans cacher son ébahissement.

Oui par amour

 Pour faire pression sur son mari, ajoute Annonciate, la femme de son mari est venue lui imposer leurs enfants. «Cela fait deux mois, qu’elle nous a  abandonné ses six enfants dont l’âge est compris entre 14 et 3 ans. Elle est ensuite retournée à Ngara».

Confuse, Annonciate reste, malgré cela entichée de son mari : «Je m’entends bien avec lui et il prend bien soin de nous. Il m’a juste dit que sa séparation de sa première épouse résulte d’un profond désaccord et je le crois.»

 Selon toujours Annonciate, son compagnon a cédé une maison à sa femme que cette dernière a boudé : «Me bouter dehors avec un bébé de deux semaines m’a terriblement froissée.»

Annonciate Niyongere avoue vivre dans le grand inconnu : «Je ne sais pas comment cette situation va se dénouer ». A la question de savoir si elle se sent en sécurité dans son village, elle répond avec simplicité: «Aussi longtemps que mon mari m’aime, tout va pour le mieux.» Et elle défend bec et ongles le père de son enfant : « Il y a une raison qui a fait qu’il se sépare avec sa première épouse. Pourquoi voudrait-on lui imposer une femme qu’il n’aime pas ».

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