Au moment où la plupart des ménages burundais utilisent le charbon de bois comme principale source d’énergie, la tourbe de l’Onatour peut jouer le rôle du bon substituant et ainsi aider à la protection des forêts et de l’environnement. Récit.
Au Burundi, le bois sert à couvrir 100% des besoins en énergie domestique. Il occupe 95 % de la balance énergétique nationale et un kilo de charbon provient de la carbonisation de 10 kilos de bois.
En plus d’être une source de déforestation, ce charbon s’obtient à un prix exorbitant. En effet à Bujumbura, le prix d’un sac de charbon de bois gravite autour de 38.000 Fbu et 40.000 Fbu. Malgré tout, il reste convoité par plus d’un à cause de son accessibilité. Pourtant, le Burundi regorge de millions de tonnes de tourbes, un combustible qui pourrait remplacer le charbon de bois.
De fausses idées autour de la tourbe
Les études faites antérieurement montrent que les estimations des ressources en tourbe économiquement exploitables s’élèvent à 57 millions de tonnes concentrées dans les marais des plateaux (Gitanga, Gisozi, et Matana) ainsi que dans la vallée de l’Akanyaru (Buyongwe). Environ 416.159 tonnes de tourbe ont déjà été exploitées par l’office nationale de la tourbe (Onatour) depuis 1977 soit ±0.73% des réserves.
Le tableau ci-dessous décrit une étude du potentiel en tourbe faite en mai 2020 (source : Onatour)
TOURBIERES | SUPERFICIE (en Ha) | TONNAGE (en tonne) |
KASHIRU | 16 | 200.000 |
GISOZI | 28 | 336.000 |
KIDIMBAGU | 51 | 310.000 |
GITANGA | 171 | 763.000 |
BUYONGWE | 12.000 | 19.000.000 |
TOTAL | 12.266 | 20.609.000 |
Jinny Ange Ndayiteho, chef de service planification et exploitation de la tourbe à l’Onatour fait savoir que la production annuelle est influencée par différents facteurs dont une idée reçue selon laquelle les briquettes de tourbe entrainent l’usure rapide des marmites. Pour lui, le seul désagrément posé actuellement par ces briquettes est qu’elles dégagent une quantité considérable de fumée qui contient du CO2.
Des solutions pour en booster la consommation
Pour en venir à bout, Emile Ndikuwayo, chef des services commerciaux à l’Onatour informe que cette société produira bientôt des briquettes carbonisées à base de la tourbe qui n‘émettent pas du carbone et efficace pour toute cuisson : « Avec ce nouveau produit, nous espérons attirer plus des ménages et leur fournir nos produits. » Actuellement, cette entreprise compte quelques clients des foyers collectifs (camps militaires du ministère de la Défense Nationale et des Anciens Combattants-MDNAC) et certaines industries burundaises de production.
Estella Benimana, chargée des services administratifs souligne qu’auparavant certaines écoles à système d’internat et les prisons étaient leurs fidèles clients. Pour des raisons partagées, cette clientèle s’est rabattue sur le bois de chauffe, ce qui a impacté la production annuelle.
Un avis partagé par le chef des services commerciaux : « Notre production varie selon la loi de l’offre et de la demande. Si nos clients nous sollicitent plus, nous serons obligés de produire plus »
En attendant l’arrivée de la briquette carbonisée de l’Onatour, Kage Ltd, producteur des briquettes bio à base de gousse de maïs, l’entreprise « Bika igiti » productrice des foyers améliorés et d’autres écologistes tentent au mieux d’insérer de nouveaux types de briquettes qui pourraient réduire l’utilisation illicite du bois de chauffe. Toutefois, ces entreprises font encore face aux mentalités de la société qui jugent encore leurs produits chers et inefficaces.