Se procurer quelque chose à distance à Bujumbura implique consacrer son temps à des courses, ce qui déstabilise la concentration au milieu du travail. À l’ère du numérique, où tout se fait en un laps de temps, Aurel Igor Ntwari a mis ses compétences dans le progrès du service de livraison. Découverte.
Informaticien formé en Suisse, Ntwari Aurel Igor est un jeune déterminé et plein d’idées novatrices. Dès la fin de ses études supérieures, il rentre dans son pays natal pour employer ses compétences dans l’amélioration des services commerciaux. Depuis, Il est directeur général de Baza Burundi, une société qui fournit les services de livraisons de différents articles à la mairie de Bujumbura.
Assis dans son bureau situé au 3ème quartier de la Zone Nyakabiga, en commune Mukaza, ce jeune de 34 ans raconte la genèse de son aventure audacieuse : « Cette idée m’est venue à l’esprit en 2014, lorsque je rentrais de mes études en Suisse, après avoir manqué les services de livraison comme on en jouit dans d’autres pays ».
C’est ainsi qu’en 2017 que M. Igor crée une société qui s’appelle Baza Burundi, avec pour finalité d’être un compagnon de tous ceux qui veulent acheter différents articles mais qui, par défaut de temps ou d’information, n’y arrivent pas aisément.
Une plateforme innovante
Le premier domaine fut la restauration après avoir que beaucoup de citadins perdent un précieux temps pour se restaurer en dehors de leur milieu de travail. Petit à petit l’oiseau fait son nid. Actuellement vers 12 h, à travers les différentes avenues du centre-ville et occasionnellement dans différentes zones de la ville de Bujumbura, des motocyclistes munis des sacs cubiques sont observables : ce sont les agents de Baza, littéralement : « Demande ! », une société de livraison de la nourriture et tant d’autres articles. Comme Igor le fait savoir, c’est une société qui a exploité le numérique pour répondre à la nécessité qui s’observait dans le domaine de la restauration sur le milieu de travail.
C’est en 2019 qu’Igor commence à prendre des photos des repas qu’il va poster sur Facebook afin d’attirer les nouveaux clients. Actuellement Baza Burundi dispose d’une application accessible sur Play Store et App Store, grâce à laquelle un client peut faire une commande du repas favori, mais suite au manque de connaissances digitales pour la plupart des clients, plusieurs commandes se font encore par téléphone ou sur WhatsApp. Présents seulement en mairie de Bujumbura, Igor rêve, dans l’avenir, d’étendre ses services sur tout le territoire national en livrant des services adaptés aux besoins des clients.
L’autre domaine est la vente en général. Comme l’explique Igor, Baza Burundi est également une plateforme qui permet aux producteurs de vendre leurs produits. À travers son application, Igor affirme que ceux qui veulent écouler leurs produits devraient le consulter pour accroitre le champ de la clientèle.
Effectivement, l’idée d’Igor a créé un impact positif sur la société en raison des 15 emplois permanents que son entreprise a créés. Ce jeune se félicite de l’évolution tangible de son œuvre : « Actuellement, nous pouvons recevoir 200 commandes par semaine, alors qu’elles n’allaient pas au-delà de 70 en 2020. »
Tout n’est pas rose dans l’entrepreneuriat
Entreprendre ne suppose pas tout réussir, on est toujours face aux contraintes extérieures. De même, depuis la création de son entreprise, Igor a fait face aux challenges liés à la confiance : « Au départ, les gens s’inquiétaient de la sécurité du repas que je fournissais arguant du risque d’empoisonnement ».
Outre les mentalités qui tendent à décourager les nouveautés, l’environnement constitue un obstacle. Les matériels sont presque tous importés, du coup la pénurie des devises et celle du carburant devient une entrave majeure à l’entreprise d’Igor. À cela s’ajoutent certaines mesures qui frappent fort sur la vie des entreprises naissantes. « Le problème majeur s’est posé depuis la prise de la mesure contre la libre circulation des motos et tricycles dans la plupart de la ville en 2022 », regrette Igor et pointe les difficultés que rencontrent ses motocyclettes pour avoir du carburant.
Par ailleurs, cet entrepreneur reste convaincu qu’on doit tâcher à ce qu’on reste présent malgré les contraintes du milieu. Car selon lui, une entreprise qui fonctionne au rythme des facilitées ne saurait gagner la confiance des clients.
Pourtant, Aurel Igor sollicite ceux qui prennent les décisions de considérer ceux qui sont les cibles directes : « Lorsque les autorités prennent les décisions qui nous concernent, elles devraient nous associer, au lieu de voir une mesure surprise à laquelle on ne s’est pas préparé ». Effectivement, quand on vient d’importer des équipements si chers, explique Igor, et qu’une mesure contre leur utilisation est prise avant leur mise en œuvre, ça donne lieu à une grande perte. Il rappelle par-là que son projet de livraison participe à l’embellissement de la ville, comme l’est dans les autres pays, car ça réduit considérablement les va-et-vient et contribue à l’optimisation du temps chez les clients.