La Fédération Luthérienne Mondiale (FLM) en consortium avec le BBIN (Burundi Business Incubator) avec un appui financier du PNUD, met désormais à l’endroit des jeunes et femmes des provinces de Cankuzo et Muyinga, un projet phare pour leur autonomisation économique. Une initiative qui mise sur l’innovation…
Le slogan « Be your own boss (sois ton propre patron) » occupe, ces dernières années, une place de choix dans la mentalité burundaise. Avec le tarissement du concept « emploi » sur le marché de travail, même celui de candidature s’efface progressivement au profit du fameux vocable « entrepreneuriat », surtout depuis 2021, avec l’avènement du Programme d’Autonomisation Economique et Emploi des Jeunes (PAEEJ), la Banque d’Investissement des Jeunes (BIJE), la Banque d’Investissement et de Développement de la Femme (BIDF en sigle).
Malgré ces efforts conjugués par le Gouvernement dans la mise en place de ces programmes, le passage vers l’auto emploi reste parsemé d’embûches liées notamment à la couverture limitée de tous les besoins entrepreneuriaux. C’est dans cette optique que le consortium de la Fédération Luthérienne Mondiale (FLM) et BBIN (Burundi Business Incubator), avec l’appui financier du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), dans le cadre de son initiative MOONSHOT, prennent la balle sur le bond, dans le cadre du portefeuille appui à l’entreprenariat innovant, pour les jeunes et les femmes des provinces de Cankuzo et Muyinga.
Comme l’a fait savoir Martine Nibasumba, Directrice Pays de FLM lors des ateliers de lancement officiel de ce projet qui ont eu lieu respectivement du 10 au 11 septembre à Cankuzo et à Muyinga, ce projet s’inscrit dans le cadre de l’initiative MOONSHOT et vise à apporter une réponse holistique aux défis de l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes du Burundi mais il va également contribuer à l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD nº4, 8,9 et 10), afin de positionner le Burundi dans la zone de libre-échange continentale Africaine(ZLECAF).
L’innovation au cœur du business
30 jeunes et femmes ayant des meilleures idées innovantes, indique Mme Nibasumba, seront identifiés et répartis en 2 cohortes de 15 personnes pour participer aux boots camps du programme GERME : Trouvez votre idée d’entreprise (TRIE) et Créez votre entreprise (CREE), à la fin desquels, ils seront répartis en 30 Microentreprises satellites (MIESA) de 50 personnes chacune (1.530 membres au total). Ces dernières vont bénéficier d’un réseautage et seront facilitées lors de la mobilisation des fonds de démarrage. Et de préciser : « La sélection des bénéficiaires se fera sur base des critères objectifs et suivant une nette et franche collaboration entre les membres du comité de sélection issus de toutes les parties prenantes ».
Dans la même optique, Joachim Gashanya, chef de projet a précisé la plus-value de ce projet : « Les bénéficiaires du projet seront dotés d’importantes capacités et seront connectés à d’autres entrepreneurs ayant été accompagnés par d’autres acteurs ».
Ensuite, Joachim a fait noter qu’une plateforme digitale pour la visibilité et la traçabilité de tous les bénéficiaires du projet est en cours de conception : « Cette dernière hébergera également leurs identifiants, afin de faciliter l’objectivité et de prévenir le double comptage et le double financement, mais aussi un suivi décentralisé ».
Plein de secteurs porteurs
Mathias Kinezero, économiste rural et consultant indépendant dans le domaine de la conduite des projets, décrit, sur base du rapport d’enquêtes menées au mois d’aout dernier, l’état des lieux de cette zone d’intervention : les provinces de Cankuzo et Muyinga revêtent biens des potentialités que les jeunes et femmes devraient capitaliser, notamment en agri-élevage, transformation agroalimentaire, secteur de construction, hôtellerie et tourisme. « Le nouveau découpage administratif devrait également se transformer en une véritable opportunité pour ceux de la province Cankuzo», a-t-il conclu.
Cependant, cet expert met en exergue certains défis à relever pour profiter pleinement de ces opportunités : « Les jeunes et femmes sont souvent confrontés au manque du capital de démarrage, à l’accès limité au crédit, lequel est accordé moyennant un taux d’intérêt exorbitant ». En outre, Mathias dévoile la peur du risque et le manque de connaissances en élaboration du plan d’affaires comme facteur défavorisant l’entrepreneuriat chez les jeunes et les femmes, tandis que le défaut des infrastructures et des équipements informatiques constitue une entrave majeure à l’épanouissement de l’entrepreneuriat.
Projet accueilli à bras ouverts
Pour Godeberthe Ndayisenga, Directeur adjoint de la BIJE, ce projet vient à point nommé car il vient appuyer d’autres initiatives et programmes existants qui ne peuvent pas couvrir les besoins de tous les jeunes et femmes entrepreneurs. « Je demanderais aux gestionnaires du projet d’identifier les opportunités d’affaires propices à chaque zone afin d’aider les bénéficiaires à opérer leurs entreprises à bon escient et avec succès », a-t-elle suggéré.
Toofan Nzambiyumva, jeune entrepreneur en commune Buhinyuza, ne cache pas son enthousiasme : « Ce projet vient à point nommé, d’autant plus qu’il vient appuyer le jeune et la femme dans l’innovation ».
Quant à Jean Claude Barutwanayo, Gouverneur de la province Muyinga, il réitère son remerciement à la FLM et la BBIN d’avoir identifié sa province pour abriter le projet : « Je demande à toutes les parties prenantes, et plus particulièrement les administratifs, à suivre de près et à faciliter le bon déroulement des activités de ce projet afin d’enregistrer des impacts mesurables et durables sur le vécu des bénéficiaires »
Même son de cloche chez Boniface Banyiyezako, Gouverneur de Cankuzo, qui exprime sa gratitude à l’endroit du PNUD, et le consortium FLM-BBIN pour le choix de sa province, et réitère son soutient : « Je m’engage, au nom de l’administration locale, à apporter tout le soutien nécessaire pour garantir la réussite de ce projet », et d’ajouter « Ensemble, nous pouvons créer un environnement favorable à l’épanouissement de l’entrepreneuriat, un environnement où les jeunes et les femmes peuvent prospérer et atteindre leur plein potentiel ».
Du côté d’Abel Ciza, qui avait représenté le ministère ayant le commerce dans ses attributions, c’est l’immense honneur de piloter l‘initiative MOONSHOT qu’il place au-delà d’un simple projet de développement : « C’est une vision audacieuse pour l’avenir, une stratégie pour transformer les défis en opportunités, et une feuille de route pour positionner notre pays comme un hub d’innovation en Afrique de l’Est. »
Vous saurez que ce projet, qui est à sa première phase de deux ans, s’inscrit dans l’initiative ambitieuse MOONSHOT, conçue par le PNUD, en collaboration avec FLM, BBIN, et tant d’autres partenaires au développement, et qui a une cible de 40.000 bénéficiaires à travers tout le pays.
Présente au Burundi depuis 2006, la Fédération Luthérienne Mondiale (FLM) intervient principalement dans les provinces Cankuzo et Ruyigi à travers ses domaines programmatiques tels que les moyens de subsistance résilients au climat, la protection et la cohésion sociale.