Malgré son sol fertile, le Burundi détient le triste record de la plus forte proportion d’enfants souffrant de malnutrition chronique au monde. Au creux de ses collines, une lueur d’espoir brille grâce à l’initiative conjointe de l’UNICEF et de World Vision: un projet qui vise à améliorer les pratiques d’alimentation complémentaire chez les nourrissons de moins de deux ans…
Contre la malnutrition affectant les enfants au Burundi, l’UNICEF Burundi avait déjà le programme « Maman Lumière ». Des mères modèles mobilisées pour éduquer la population sur les pratiques d’alimentation améliorées destinées aux enfants de moins de deux ans, en portant notamment la promotion du « bol d’alimentation complémentaire« … Le projet pilote s’étend sur les provinces de Rutana et Makamba, où 22.000 soignants ont reçu des messages et conseils sur la nutrition des enfants. Chaque sous-colline dispose désormais de son propre agent de santé communautaire et l’ensemble de la colline bénéficie du soutien d’une « Maman Lumière ».
Ces efforts ont déjà commencé à porter leurs fruits, avec une baisse significative des cas de malnutrition sévère chez les enfants dans la région de Kinzanza, Rutana: « Depuis près de 9 mois, chaque sous-colline de Kinzanza (Rutana) dispose de son propre agent de santé communautaire et l’ensemble de la colline bénéficie du soutien d’une « Maman Lumière ». Avant le projet, il y avait un problème récurrent de malnutrition sévère chez les enfants , mais à présent, les statistiques témoignent d’une baisse significative de ces cas« , témoigne Dr Japhet Ndenzako, directeur du CDS Kinzanza.
EN SAVOIR PLUS | Le bol d’alimentation complémentaire, une innovation pour la nutrition des enfants
Le Dr Japhet Ndenzako a exprimé sans ambages sa satisfaction quant aux résultats probants du projet soutenu par l’UNICEF, visant à fournir des bols d’alimentation complémentaire aux familles défavorisées de la région. Toutefois, ce que le Dr Ndenzako souligne est le sentiment d’exclusion éprouvé par des familles vivant sur d’autres collines, où le projet n’est pas encore implanté. Selon les propos même du Docteur, certaines d’entre elles découvrent le projet à travers des séances de démonstration culinaire organisées à l’hôpital. Frappées d’admiration devant un tel concept, ces familles souhaitent, dans leur ensemble, que ce projet ambitieux soit étendu à travers tout le pays, offrant ainsi l’espoir d’une vie meilleure à tous.
Les « Mamans Lumières », gardiennes de la santé nutritionnelle des enfants…
Niyonkuru Emelyne, une mère-modèle de la colline Kinzanza dans la commune Gitanga de la Province Rutana, détaille l’importance cruciale des « Mamans-lumières » dans la lutte contre la malnutrition infantile. Ces mères sont responsables de nourrir les enfants souffrant de troubles alimentaires, tout en jouant un rôle éducatif important. Elles sont choisies pour guider d’autres mères dans les bonnes pratiques d’une alimentation saine et équilibrée, fournissant des conseils pratiques sur les aliments adaptés aux jeunes enfants. Selon Niyonkuru Emelyne, trois critères sociaux doivent être remplis pour être élue « Maman-lumière »: l’accessibilité de son domicile par rapport à la route, une relation saine avec son conjoint, et une bonne réputation au sein de la communauté
Le projet « Bol alimentaire complémentaire » initié par l’UNICEF Burundi est hautement apprécié par les parents qui en bénéficient. Joselyne Niyukuri, mère de quatre enfants, témoigne de l’efficacité du programme: « Mon troisième enfant avait un sérieux problème de perte de poids. Au cours des premiers jours, je pensais qu’il était atteint d’un problème de santé, mais après avoir consulté un médecin et bénéficié du projet, un seul mois a suffi pour observer une amélioration significative chez mon bébé ».
Cette intervention qui permet de fournir aux enfants un complément nutritionnel essentiel pour leur croissance et leur développement, soulignant ainsi l’importance de telles initiatives pour lutter contre la malnutrition infantile.
Non sans l’intervention des agents communautaires
Le projet « Bol alimentaire complémentaire » initié par UNICEF Burundi en collaboration avec les agents de santé communautaires, s’appuie sur la mobilisation des familles, l’ikibano – l’entourage. David Niyomukiza, un agent de santé communautaire sur la colline Rongero (Province Rutana), explique comment les agents de santé communautaires sont sélectionnés: « La dynamique et l’engagement au sein de la communauté sont des facteurs clés pour devenir un tel agent. Mis à part que les candidats doivent avoir une certaine compétence en lecture et en écriture, ils doivent également prouver leurs connaissances de base en nutrition lors d’un test écrit ». Ces agents sont chargés de sensibiliser les familles à l’importance d’une alimentation saine et équilibrée pour les jeunes enfants lors de réunions de sensibilisation dans la communauté.
Pendant les réunions de sensibilisation, les familles sont invitées à participer activement et à poser des questions. Si nécessaire, les agents de santé communautaires redirigent les familles vers des médecins lors de séances de démonstration culinaires à l’hôpital.
Cependant, les agents de santé communautaires font face à des défis, notamment des problèmes financiers tels que l’organisation de réunions de sensibilisation en raison d’un manque de téléphones et des frais de communication pour inviter les familles aux réunions, comme le souligne David et son équipe à Rongero.