Presque nul au début des années 1990, le taux de pénétration du mobile au Burundi frôle aujourd’hui les 55%. Le marché du numérique bondit également pour atteindre près d’un million d’abonnés, soit un taux de pénétration de 8%, mais en dessous de la moyenne régionale (EAC) estimée autour de 30% …
Selon le dernier rapport de l’observatoire des marchés des services de la téléphonie fixe et mobile produit trimestriellement par l’Agence de Régulation et de Contrôle des Télécommunications (ARCT), le nombre d’abonnés à la téléphonie mobile est passé de 6,3 millions fin 2018 à plus 6,5 millions au premier trimestre de 2019, pour atteindre un taux de pénétration de 54.74%. En 2005, la Banque Mondiale estimait ce taux à moins de 2%.
Les cabines téléphoniques publiques jetées à l’oubliette
Télé-tax ! La génération Z (ceux qui ont moins de 20 ans) ignore certainement cet appareil. Autrefois, avant les progrès de la téléphonie mobile, pour passer un appel domestique ou international, la plupart des « Bujumburois » utilisaient les cabines téléphoniques. Le télé-tax servait alors à facturer le coût des appels, à partir de 50 Fbu. A l’époque, faut-il reconnaître que seuls les plus aisés pouvaient s’offrir le raccordement d’une ligne téléphonique privée.
De jour comme de nuit, kiosques et boutiques dans certains quartiers de la capitale économique ne désemplissaient pas, les clients faisant la queue afin de téléphoner. Depuis, ces points de vente commerciaux ont disparu pour donner place à cette myriade d’agents qui pilulent dans les centres urbains pour vendre des cartes prépayées. Alors qu’en 2005, le parc d’abonnés à la téléphonie fixe était de 27.744 (Banque Mondiale), l’ARCT l’a évalué mars 2019 à 24.144, soit un taux de pénétration de 0,2 %.
???? Ferdinand, millionnaire au #Burundi grâce à la vente des cartes SIM https://t.co/datqZA3z5Y
A peine la trentaine, cet entrepreneur est à la tête d'une société avec plus de 1.500 agents d’@EconetBurundi, plus de 800 agents avec Lumicash, plus de 300 agents avec Pesaflash, etc pic.twitter.com/PrH3fwvs3e
— Jimbere (@JimbereMag) April 9, 2019
Le numérique propulsé par le cellulaire
L’internet qui fût introduit au Burundi en 1996 par un groupe d’opérateurs privés (regroupés au sein de la société Cbinet), affichait en 2007 un taux de pénétration de 0,21%. Début 2019, il est passé à 8%, soit près d’un million d’abonnés, 99% de l’effectif utilisant l’internet mobile.
L’explosion de l’utilisation de la téléphonie mobile et l’installation du réseau de fibre optique disposant d’une des plus fortes densités d’Afrique (avec environ 6.000 km sur une superficie de 27.834 km2), sont autant de facteurs qui ont boosté le nombre d’internautes au Burundi. Mais, même si relativement le coût des smartphones a baissé de même que le coût de l’internet, le revenu du Burundais moyen estimé à 0,8$/jour reste une limite pour répondre à un usage plus poussé de l’outil.
Un autre handicap majeur auquel se heurtent les opérateurs télécoms dans leurs ambitions d’expansion, l’absence d’électricité. Elle fait toujours défaut dans beaucoup de coins du pays: seulement 2 % de la population y ont accès (PND 2018-2017), les pays voisins affichant des taux bien plus importants, 8 % (EAC) ou 15% (CEPGL)…