Le Ministère du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme vient de boucler le premier recensement national des artisans. Ce grand projet a permis d’identifier, d’enregistrer numériquement et de géolocaliser 32.021 artisans répartis dans 116 métiers. Une base de données qui servira pour accompagner le secteur, notamment dans la promotion des exportations.
« Début juin, nous avons achevé l’identification et l’enregistrement numérique et géographique des artisans. Le secteur compte 116 métiers et emploie environ 32.021 artisans », déclare Pascal Barutwanayo, Directeur Général de l’artisanat au Ministère du Commerce, du Transport, de l’Industrie et du Tourisme.
Cette base de données, souligne M. Barutwanayo, va améliorer la compétitivité des opérateurs de l’artisanat et faciliter leur accès aux marchés internationaux. « C’est clair dans la politique nationale de l’artisanat, explique-t-il, notre vision est d’accroître la contribution de ce secteur à l’économie du pays en augmentant les exportations vers les marchés internationaux. »
Un artisan gagne en moyenne 1 440 714 Fbu par an
D’après cette enquête, le revenu moyen annuel d’un artisan s’élève à 1.440.714 Fbu. Cependant, derrière ce chiffre se cache de disparités entre les différentes communes et filières.
De plus, certaines communes génèrent des revenus plus élevés. La commune de Muha vient en tête de liste avec un revenu moyen annuel de 7.279.310 Fbu. Puis, la commune Mwumba située dans la province de Ngozi avec un revenu de 3.056.396 Fbu, ensuite Butaganzwa dans la province de Kayanza avec 2. 920.101 Fbu, et enfin Musigati en province Bubanza qui enregistre 2.110.382 Fbu.
La filière agroalimentaire est plus rentable
La filière agroalimentaire écoule plus que d’autres, avec un revenu annuel moyen de 3.268.760 Fbu, le bois avec 1.662.365 Fbu, le métal avec 1.665.391 Fbu, l’audiovisuel et la communication avec 1.474.253 Fbu.
D’après cette étude, au Burundi, les artisanats exercent dans 12 filières réparties en trois domaines dont la production, l’art et les services.
Peu de femmes dans le secteur
« Nous avons recensé 43 coopératives artisans », indique Pascal Barutwanayo. Sur un effectif de 32.021 artisans, seuls 1.218 travaillent en coopératives. De surcroît, 27.235 artisans dont 16.545 jeunes et 5.404 femmes vivent principalement du métier.
Les artisans du lait et des céréales installés dans les communes de Ngozi, Muha et Musigati gagnent un revenu élevé par rapport aux autres. Par exemple, la production de fromage génère un revenu annuel moyen de 36.050.000 Fbu, tandis que la production de beurre rapporte 12.362.333 Fbu. De plus, le secteur de la meunerie atteint des revenus de 22.135.091 Fbu.
La CEEAC promeut l’artisanat
En Afrique Centrale, l’artisanat est l’un des secteurs clés pour stimuler les exportations. Cela ressort des déclarations faites lors de la conférence des ministres en charge de l’artisanat des pays membres de la CEEAC, organisée par le Comité de Coordination pour le Développement et la Promotion de l’Artisanat (CODEPA) le 13 juin 2024 à Bujumbura.
D’après Marie Chantal Nijimbere, le ministre ayant le secteur de l’artisanat dans ses attributions, cette conférence des ministres en charge de l’artisanat des pays membres de la CEEAC de l’espace CODEPA a pour objectif principal de se convenir sur une démarche commune pour lever les contraintes au développement de l’artisanat des pays membres de la CEEAC de l’espace CODEPA. « La Vision, le Burundi pays émergent 2040 et pays développé en 2060, met l’artisanat parmi les secteurs porteurs de la croissance économique à travers aussi la politique nationale de l’artisanat 2022-2032 et sa stratégie de mise en œuvre », précise-t-elle
Le manque de visibilité des produits de l’Afrique centrale
Pour Jacqueline Lydia Mikolo, ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’artisanat au Congo Brazzaville, l’initiative du gouvernement du Burundi est louable: « Nous remercions le Burundi qui a organisé cette conférence pour discuter comment promouvoir le secteur artisanat qui revêt une importance capitale dans le développement des pays membres de la CEEAC ».
Dans son discours, Hyppolite Jean-Paul Ngate Robard, ministre des petites et moyennes entreprises de la promotion du secteur privé en République Centrafricaine souligne l’absence de visibilité des produits artisanaux de la CEEAC malgré son énorme potentiel : « Nous sommes étouffés par les produits artisanaux en provenance de l’Afrique de l’Ouest où le secteur de l’artisanat est très développé. »