Des formations organisées à l’intention des docteurs des plantes, la création de cliniques phytosanitaires, la sensibilisation de la population sur la médecine des plantes, étude analysant l’état des lieux des laboratoires au Burundi afin de répondre aux besoins du pays… Voilà quelques grandes réalisations du projet Plantwise en 2022, présentées ce 26 juin 2023 au King’s Conference à Bujumbura.
Financé par Nuffic et le Royaume des Pays-Bas depuis 2021, sous la coordination de l’ISABU et de l’ONG CAB-Internationale, Plantwise vise le renforcement des systèmes phytosanitaires nationaux, permettant au pays de fournir aux agriculteurs les connaissances nécessaires pour les aider à ne pas perdre leurs récoltes à cause des maladies et autres ravageurs. Objectif, à terme : une production abondante pour nourrir le plus grand nombre, comme l’indique Dr. Ir Célestin Niyongere, coordinateur de ce programme à l’ISABU.
Le coordinateur confie que l’une des interventions clé du programme Plantwise au Burundi est la mise en place de cliniques de plantes gérées par des spécialistes formés localement. « Les cliniques des plantes fonctionnent comme des cliniques de santé humaine : les agriculteurs les visitent avec des échantillons de leurs cultures, les docteurs les diagnostiquent et font des recommandations scientifiques sur la manière de les gérer, déterminé si elles sont attaquées par des maladies ou des ravageurs », explique-t-il.
Dans sa présentation du rapport des activités réalisées en 2022, Niyongere a indiqué que 68 nouvelles cliniques de plantes ont été créées. Elles s’ajoutent aux 48 qui existaient auparavant. Aujourd’hui donc, elles sont 116 à couvrir l’étendue du pays. Chaque commune, qui fait partie des 17 provinces agricoles du Burundi, possède au moins une clinique, sans oublier les formations dispensées aux 327 personnes comme docteurs des plantes. 55 personnes ont été formées pour renforcer les capacités nationales.
Des visites qui forment
Dr. Ir Célestin Niyongere a souligné que parmi les réalisations majeures du projet, figurent aussi 1.545 agriculteurs qui ont visité les cliniques phytosanitaires en 2022, et enregistrés dans le système de gestion en ligne Plantwise (POMS). Cela représente une augmentation de 47 % par rapport à 2021. Huit guides de décision sur la lutte contre les ravageurs (PMDG) et quatre fiches d’information pour les agriculteurs ont été produits par les partenaires locaux. Soit 31 au total, dont 16 publiés dans la banque de connaissances Plantwise.
Ce projet a commandité une étude analysant l’état des lieux des laboratoires au Burundi afin de répondre aux besoins du pays, l’inclusion des modules de formations dans les curricula universitaires et des écoles techniques (ITABU).
Plantwise a également renforcé les capacités d’environ 450 membres du personnel (12 % de femmes) des organisations partenaires.
L’augmenter de la production agricole comme leitmotiv
Prosper Dodiko, Secrétaire Permanent au Ministère de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’élevage confie: « La gestion des maladies et des ravageurs est devenue une composante non-négligeable dans la production agricole. Ces organismes nuisibles causent non seulement des pertes de rendements, mais aussi peuvent affecter la qualité des récoltes. La présence de ces organismes nuisibles ou les résidus des pesticides freinent l’accès aux marchés les plus lucratifs. »
Et de poursuivre: « C’est dans ce cadre que le secteur agricole du pays doit s’adapter en tenant compte des risques de pertes des cultures, de pollution de l’environnement et de la santé des consommateurs suite à l’utilisation excessive des pesticides toxiques. Le projet Plantwise est en phase parfaite avec les changements nécessaires de cette adaptation. »
Dr. Alfred Niyokwishimira, Directeur Général de l’ISABU se réjouit du projet:« Nous sommes ravis de présenter l’excellent travail réalisé jusqu’ici par le programme Plantwise au Burundi. En effet, plus de 244.653 agriculteurs ont été sensibilisés en 2022 par le biais des cliniques phytosanitaires, de rassemblements, de conversations communautaires, et indirectement par des campagnes de vulgarisation de masse. Il est encourageant de noter que la grande majorité des agriculteurs, soit 89 %, sont satisfaits des conseils et des recommandations qu’ils ont reçus de la part des docteurs des plantes. »
Il indique aussi que, plus le système phytosanitaire national est solide, mieux le pays sera équipé pour aider les agriculteurs à fournir un approvisionnement alimentaire sûr, durable, et améliorer les moyens de subsistance.
Le rôle central du gouvernement
S’exprimant au nom de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas, Jan Willem Nibbering a déclaré que l’ambassade des Pays-Bas est très heureuse de pouvoir soutenir le programme Plantwise : le système que le programme aide à mettre en place sera institutionnalisé dans le système gouvernemental plus large.
Néanmoins, il indique que les agriculteurs doivent disposer du savoir-faire ainsi que des moyens nécessaires pour prévenir et combattre les ravageurs et les maladies. Pour les petits exploitants, Jan Willem Nibbering indique qu’il est difficile d’acquérir individuellement ce savoir-faire et d’obtenir par eux-mêmes les moyens nécessaires.
Pour cela, ils ont besoin du soutien d’autres acteurs institutionnels, tant publics que privés. « Le gouvernement a un rôle central dans ce soutien, car il a la compétence d’assurer la mise en place et le fonctionnement d’un système de soutien phytosanitaire qui répond aux besoins des exploitants agricoles », conclut-il.
Des défis à relever
Dr. Ir Célestin Niyongere a relevé quelques défis majeurs. Au niveau national, le système d’aide au diagnostic est resté largement embryonnaire. Par ailleurs, la faible capacité des laboratoires (lacunes techniques en matière d’installations et de ressources humaines) et le manque de coordination entre les institutions ont accru la vulnérabilité du pays face aux ravageurs et aux maladies transfrontalières, affaiblissant ainsi le potentiel du commerce des denrées agricoles.
Du côté des agriculteurs, malgré leur disposition à adopter les meilleures pratiques prescrites par les interventions de Plantwise, certaines de ces recommandations, dont l’utilisation d’équipements de protection, sont jugées coûteuses. En outre, la disponibilité de l’équipement et l’accès aux intrants agricoles, dont les produits phytosanitaires, restent un problème.
Enfin, Dodiko Prosper se réjouit que le rapport de Plantwise ait montré l’état des lieux des laboratoires aux Burundi. Il assure qu’il va être valorisé, via surtout la mise en place d’au moins un laboratoire bien équipé, capable de mener toutes les analyses nécessaires.
« Ensemble, nous pouvons développer un système durable afin de produire des aliments sains », espère-t-il.