Bien qu’un consensus de plus en plus large se dégageait au fil des années concernant les bienfaits du programme Menyumenyeshe, il s’est avéré, malgré tout, nécessaire de changer l’approche qui ne réussissait que péniblement à affronter les nombreuses résistances d’une organisation pédagogique cloisonnée. Un choix s’est dessiné alors, celui de mettre en place l’AGE (Approche Globale de l’Ecole), avec un engagement de responsabiliser l’élève. Mais comment cela s’est-il effectivement implémenté dans la vie scolaire de tous les jours ? Petite enquête.
« Menyumenyeshe c’est d’abord l’éveil à la responsabilité dans le comportement sexuel des élèves », avertit d’entrée de jeu Nahayo Adrien, Président du réseau Menyumenyeshe de Murima, commune et province Kayanza. Pour lui, la responsabilité dont il est question ici ne saurait se faire sans l’appropriation du fonctionnement du programme et de l’approche par les jeunes ː « Le postulat de départ est clair dans la nouvelle Approche Globale Ecole, l’élève est la nouvelle plaque tournante du programme, donc celui qui doit tenir les rênes dans l’organisation des clubs de santé. » éclaire-t-il.
Le nouveau mantraː l’élève qui doit être aux commandes
Dans cet esprit de responsabiliser les jeunes élèves, au Lycée Communal de Murima, c’est eux-mêmes qui dressent les plans d’action, fait savoir Emery Nduwayo, jeune attaché aux clubs de santé dans le réseau Menyumenyeshe ː « A part la direction du club de santé qui leur revient, les jeunes élèves ont mis sur pied aussi un comité chargé d’animation culturelle au sein duquel les jeunes préparent des sketchs et des poèmes qu’ils vont performer dans les collines lors des descentes de sensibilisation. C’est eux-mêmes qui choisissent les thèmes à développer et les jours de descente et sur quelle colline ils veulent aller, les élèves conduisent aussi des travaux en groupe. », précise-t-il
Si des responsabilités sont attribuées aux élèves, c’est en revanche, aux meilleurs d’eux qu’est confiée la direction des clubs de santé, selon Ndayishimiye Connie père-éducateur à l’école fondamentale de Rutegamaː « L’assiduité dans la participation à la vie de l’établissement et la bonne volonté dans les activités proposées par le club doivent être récompensées et c’est donc les dirigeants des clubs qui ont fait preuve des bonnes qualités de leadership, de volonté et de sens d’organisation. »
« Responsabiliser à l’école c’est responsabiliser pour la communauté »
Au Lycée communal de Murima, un comité d’animation culturelle a été mis en place. Mateso Jean Berchmans expliqueː « Pour eux, les sketchs deviennent une occasion de s’exprimer sur des sujets qui ont trait à leur milieu d’apprentissage et à leur bien-être social et en leur confiant le pilotage des clubs, ça leur a permis également d’acquérir des compétences nécessaires pour devenir des apprenants responsables qui s’auto surveillent. Nous veillons notamment à la prise en considération de l’opinion de tous les élèves impliqués dans le cadre du processus décisionnel et le souci d’encourager les élèves à devenir des leaders et à participer à l’élaboration et à la mise en œuvre des initiatives à l’école et dans l’ensemble de la communauté. »
Si le rôle de l’élève est mis en avant à l’ECOFO Rutegama, c’est aussi parce qu’a cette école, les enseignants et la direction de l’école ont bien compris que toute approche qui lie l’organisation et l’animation des activités du club sans la pleine participation des élèves dans la prise de décision serait vouée à l’échec. Vision des choses de la part de Kaneza Galine, Directrice de L’ECOFO Rutegama, ː « En le faisant ainsi, on se rassure de la primauté des besoins de l’enfant car responsabiliser les élèves, c’est aussi faire à ce qu’ils puissent se réaliser à l’école et dans la communauté. »
Ndikumana Consolate, enseignante à cette même école et chef de réseau Rutegamaː « La pleine gestion des activités du club par les élèves eux-mêmes aide aussi dans la reconnaissance de la capacité qu’a l’enfant de s’organiser et de faire des choix. C’est aussi pour souci du développement intégral. Ainsi l’école s’affirme comme étant un lieu où l’enfant apprend véritablement à se prendre en main sur le plan intellectuel, physique, affectif. », l’AGE ne pouvait prétendre à mieux.