Cet espace atypique à Bujumbura a réussi à se faire une petite place entre les bars, les boîtes de nuit et les restaurants. Les adultes, les jeunes et les enfants se retrouvent devant les écrans lumineux pour s’adonner à leur passion. Derrière cette entreprise originale se trouve la main infatigable de Vanessa Kaneza.
Une ambiance survoltée règne dans cette petite salle colorée de Kina sise à la galerie « Flic en Flac ». Impossible de ne pas la remarquer, une petite foule d’amasse devant les écrans fluorescents ou les joueurs tiennent fermement des manettes. A l’entrée, des éclats de rires, des sauts de joie et quelques grognements des perdants accueillent les nouveaux arrivants. Les sons électroniques des jeux vidéo se mélangent aux voix animées des joueurs qui fusent en kirundi, en français, en kiswahili et même en anglais. Manettes à la main assis, les joueurs totalement subjugués par les écrans donnent l’impression d’être des pilotes de drones, leur attention est totalement consommée.
De la passion du jeu à l’entrepreneuriat
La directrice de Kina décide de pimenter la vie des ‘’Bujumburois’’ après avoir constaté qu’hormis le sport, la musique et la danse et bien évidemment la dive bouteille, il n’y avait presque rien d’autre comme activité de divertissement pour les jeunes. Elle s’était aussi rendue compte que même si les enfants aiment les jeux vidéo il était rare de voir des familles acheter une console de jeux vidéo pour leurs progénitures parce que celle-ci coutent chère. A 30 ans, Vanessa Kaneza s’y connait très bien en jeu vidéo dès son enfance car elle a commencé à jouer à ses 11 ans avec son petit frère et a fini par y prendre goût jusqu’à aujourd’hui. « Quand j’ai commencé à jouer, ma famille vivait en Belgique où j’ai eu l’occasion de participer dans des foires, des carnavals des aqualibi. Des moments de plaisir que je n’oublierai jamais. De retour au Burundi à mes 14 ans, c’était dommage que tout cela n’y étais pas alors qu’on a un beau climat et des espaces ».
C’est alors qu’à 27 ans, l’ainée d’une fratrie de deux enfants contracte un crédit à la BNDE pour lancer son affaire en 2017. Elle équipe la salle dès les premiers jours, et heureusement la clientèle répond présente. L’emplacement de son entreprise au centre-ville a été aussi un atout, pense-t-elle. Après deux ans, Kina a organisé la première édition du marché de Noël où il y avait des jeux, des spectacles, des concerts et une compétition FIFA 2020 où le grand gagnant a remporté une console PS4.
Étendre Kina pour partager la passion avec plus de monde
Avec une clientèle majoritairement homme, le jeu préféré est le football ; mais il est aussi important d’avoir de nouveaux jeux adaptés à tous les âges pour satisfaire plus de clients. « Kina a acheté FIFA 2019 trois mois après sa sortie. On n’était pas du tout contents mais avec FIFA 2020, ils se sont racheté. On l’a eu dès sa sortie », raconte fièrement Axel, un des habitués. Si tout semble bien marché, les défis ne manquent pas. « La salle devient de plus en plus petite. Les clients doivent jouer tour à tour car le nombre d’écrans ne suffit pas. Des fois, les coupures de courant assez fréquentes empirent la situation », a déclaré Nelson, un des employés de Kina-Game World.
Chez Kina tout le monde a le droit de s’amuser, même les enfants en situation de rue qui ne peuvent pas se payer une partie ont un créneau gratuit réservé à eux.
Grâce aux recettes de Kina, Vanessa a réussi à rembourser son crédit. Elle rêve désormais d’ouvrir d’autres agences dans d’autres villes pour apporter plus de gaieté aux Burundais mais aussi d’étendre son entreprise du divertissement à d’autres jeux. Aujourd’hui, KINA-GAME WORLD compte 5 employés permanents.