La transparence dans la gestion des entités communale : c’était le thème du débat récemment organisé en province de Ruyigi, lors de l’émission « Umunoni ». * Un constat : les citoyens doivent être davantage impliqués.
Selon la constitution (article 51), tout(e) burundais (e) a « le droit de participer soit directement, soit indirectement, via ses représentants, à la direction et à la gestion des affaires de l’Etat sous réserve des conditions légales notamment d’âge et de capacité ». En clair, sauf contr’ordre, tout le monde a un droit de regard, peut poser des questions, émettre des propositions. Mais la réalité est toute autre, et diffère selon les communes*
« Certains projets nous sont communiqués, d’autres non », témoigne un citoyen de Bishe à Rusaka en province Mwaro. Autre son de cloche en province de Gitega, à Gishubi. Là, certains membres de la population se réjouissent de la transparence affichée par le comité des conseillers communaux. « Nous devrions être informés du budget communal. C’est le fruit des taxes, celui de nos activités. La commune doit informer, conscientiser la population pour qu’elle participe aux projets communautaires », indique une femme de Rusaka. Carine Kaneza, l’administratrice de cette commune, s’étonne. « J’informe mes subalternes en passant par les conseillers communaux, j’associe toujours l’opinion publique aux projets communautaires. »
Bref, tout le monde n’est pas sur la même longueur d’onde…
???? « Les élus ont l’obligation de rendre compte à la population du développement communal. Ils doivent faire l’inventaire de ce qui se passe au sein des communes, les problèmes et leurs remèdes », Elias Sentamba, expert en bonne gouvernance https://t.co/RjNsik9LB6#Burundi pic.twitter.com/Hs8ErI52nx
— Jimbere (@JimbereMag) October 20, 2022
Informer, c’est essentiel
Pour Jean Baptiste Kirininzigo de l’association burundaise des élus locaux, le Plan Communal de Développement Communautaire, PCDC, doit être élaboré par les élus en présence de la population locale. « Idéalement, tout projet figurant dans le PCDC émane du consentement des citoyens. Et ces derniers doivent toujours participer dans son élaboration, même si peu répondent à cette invitation », regrette-t-il. « Hélas, beaucoup pensent toujours que pour avoir accès à ces réunions, il faut appartenir à tel ou tel parti politique », ajoute Ndikumana Merchiades un habitant de la commune Ruyigi. « Il est évident que les élus passent à côté des projets indispensables s’ils les choisissent en l’absence de la population concernée.»
Selon le professeur Elias Sentamba, expert en analyse des politiques publiques, toutes les parties concernées doivent s’asseoir autour de la table pour réfléchir ensemble aux solutions à apporter aux problèmes communautaires. Mots d’ordre : informer, discuter, communiquer.
Pour Jean Baptiste Kirininzigo, ce rôle appartient aux élus locaux. « Quand ils sont bien informés, les citoyens répondent présents. Ils participent et proposent des projets nécessaires et indispensables au développement communal. »
*L’émission Umunoni est produite par une synergie de 10 media burundais dans le cadre du renforcement des capacités sur la bonne gouvernance. Elle est financée par l’Union Européenne avec l’appui technique de La Benevolencija Grands-Lacs.
Une native de la commune de Ruyigi Nizigiyimana Fidès : « Les administrateurs ont proposé à construire une école. Après un consentement avec les habitants de la commune Bweru, ils se sont convenus sur la construction d’un centre de santé. C’est pourquoi, il est toujours nécessaire d’associer la population à ces réunions. »
Un habitant de Bishe dans la commune Rusaka : « Nous leur demandons de nous informer à chaque nouvelle formation. Aussi, ces élus doivent être à écouter de la population. »