La constitution burundaise accorde un quota de 30% à la représentation féminine dans les hautes instances politiques. Malgré cela, les femmes sont invisibles dans les organes de prise de décision. D’où proviennent alors celles qui sont élues ?
Au sein des partis Cndd-Fdd et Uprona aucune femme dirige un bureau provincial. Nancy Ninette Mutoni, porte-parole du Cndd-Fdd, ne le nie pas. Cependant, elle relativise : »Bien que les femmes ne soient pas nombreuses dans les organes de prise de décision de notre parti, elles sont présentes. Dans nos instances provinciales, il y a au moins une place réservée à une femme sur six places disponibles. » Un avis partagé par Olivier Nkurunziza, Président de l’Uprona. « Certes aucune femme n’est à la tête de notre parti dans les provinces mais elles sont bien représentées au niveau du comité central et bureaux exécutifs provinciales », souligne-t-il.
Sur un échantillon de trois partis consultés, le Frodebu semble faire mieux. Cette formation politique possède une femme aux commandes d’une Province. Godeliève Ndayihereje, la cheffe de file du Sahwanya FRODEBU à Bururi, dévoile les secrets de son ascension : « J’ai connu la politique encore très jeune. Je n’ai pas hésité à adhérer et militer dans mon parti. J’étais animée par un tel courage que je ne voyais aucun obstacle se dresser devant moi. » Elle se réjouit de pouvoir haranguer la foule pour exprimer les idéaux de son parti. Actuellement, elle s’attelle à la sensibilisation des autres femmes à prendre le devant dans leurs communautés. Parmi les sept postes provinciaux disponibles au Frodebu, trois sont exclusivement réservés aux femmes.
La société burundaise freine les ambitions politiques des femmes
Pour Pierre Claver Nahimana, Président du Frodebu, cette sous-représentation féminine peut s’expliquer, en partie, par leur manque d’audace. De surcroit, ceci est accentué par certaines croyances burundaises souvent « misogyne ». « Il y a des hommes qui n‘acceptent pas facilement d’être dirigés par les femmes. Ils s’appuient sur certains dictons Kirundi rabaissant la femme comme la poule ne peut pas chanter quand le coq est là »
Nancy Ninette Mutoni, quant à elle, estime que les femmes ont parfois une perception erronée de la politique. La plupart pensent que la politique est une arène réservée aux hommes. Du coup, elles s’y désintéressent. A cela s’ajoute que la femme burundaise est réduite aux activités champêtres et les tâches ménagères.
Selon le sociologue Lambert Nikoyandemye, la société burundaise devrait offrir d’égales possibilités aux hommes et aux femmes pour booster la représentativité féminine. Aux femmes burundaises, il les appelle à plus d’aspirations pour les postes importants.