Ce lundi 11 février, c’était la Journée internationale des femmes et filles de Sciences. À cette occasion, le Centre de recherches en didactique des disciplines et de diffusion des sciences au Burundi (CRDS) a organisé dans les enceintes de l’Université du Burundi, une séance de réflexion sur la place des femmes et filles dans les filières scientifiques.
Une première au Burundi. Instituée en 2015 par l’Assemblée générale des Nations Unies, la journée internationale des femmes et filles de sciences était jusqu’alors passée inaperçue au pays. « Le CRDS a bien voulu mettre fin à cette longue période d’indifférence envers cette Journée car lorsque plus de la moitié de la population mondiale est mise au ban du domaine scientifique, c’est toute l’humanité qui en sort perdant en général, et le Burundi, en particulier », a noté Dr Alexis Banuza, directeur dudit Centre.
Ambassadrices de la science au féminin, la Miss science 2018 et sa dauphine, toutes deux élues au sein de la faculté des sciences de l’Université du Burundi à base des compétences purement académiques, sont revenues sur l’importance de la science. «Ce n’est même pas à chercher loin », a expliqué Miss Gloria Pierrette Irakoze. « Imaginez-vous le monde sans la technologie de la communication, sans la technologie médicale, et bien d’autres domaines, où la science intervient. Le monde serait un véritable chaos. Nous autres, femmes et filles, sommes donc appelées à prendre part à cette aventure qui doit impliquer toute la race humaine sans discrimination aucune ».
Femme et sciences, pas toujours le grand amour
Partant des statistiques, Kaneza Micheline, représentante du CJSB (Conseil des Jeunes Scientifiques du Burundi) et enseignante dans la faculté des sciences de l’ingénierie à l’Université du Burundi, a démontré le manque criant des étudiantes dans les filières des STIM (Sciences, Technologies, Ingénierie et Mathématiques). Seuls 17% des effectifs dans les STIM représentent la part de la gent féminine. « Au-delà des chiffres, nous sommes appelés à nous questionner sur les causes profondes de ce phénomène », aura proposé Kaneza. Pour elle, cela serait dû au frein social qui s’opère à travers la socialisation depuis la petite enfance. Selon cette jeune chercheuse, les stéréotypes que la société véhicule sur la science et sa prétendue incompatibilité avec la femme sont pour quelque chose.
« Il y a par exemple un cliché qui voudrait que les hommes soient naturellement plus forts en sciences que les femmes, ce qui est archi-faux », s’est-elle indignée avant de citer un autre cliché, ayant trait au physique : «Les femmes et filles qui font les sciences sont moches et ne peuvent pas être sexy parce qu’elles ont la tête perdue dans des théorèmes, et par conséquent, pas de temps pour entretenir leur sex appeal.» Abondant dans le même sens, Lambert Hakuziyaremye de l’association African Gender Promotion Initiative est revenu sur l’origine en amont du phénomène. « La fille intériorise ses clichés et les emmagasine dans son fort intérieure comme vraie et perd toute confiance en elle-même », explique-t-il.
Après plusieurs interventions, l’idée de faire connaître les femmes qui ont réussi dans le domaine des sciences, dont la conscience collective veut faire une chasse gardée des hommes, a été l’approche proposée pour déconstruire les idées reçues néfastes.