Depuis son apparition, la Covid-19 a paralysé plusieurs secteurs dans le monde entier. Le Burundi n’a pas été épargné. Comment le pays a-t-il pu contenir cette crise sur le plan sanitaire. Quelles infrastructures mises en place pour quels résultats, les défis, les leçons apprises … Jimbere a enquêté.
Tout n’a pas été noir. Loin de là ! En effet, depuis l’annonce des premiers cas le 31 mars jusqu’au 6 octobre 2020, la pandémie n’avait fait qu’un seul décès sur un total de 514 personnes testées positives [total de tests : 40.145]. Parmi les cas positifs, 495 ont guéri, selon le Rapport synthétique du Ministère de la Santé évaluant la campagne « Ndakira sinandura kandi sinanduza », initiée par le Président de la République.
Deux mois ses sont écoulées sans qu’il y’ait de cas déclarés positifs à la Covid-19. Les frontières fermées vont être recouvertes. Mais pour longtemps. Le début de l’année 2021 va enregistrer une recrudescence des cas positifs au virus : en une semaine, au total, 140 cas positifs déclarés.
Dans l’immédiat, le 11 janvier 2021, le Comité national chargé de lutter contre la propagation de la Covid-19 adopte de nouvelles mesures, notamment la fermeture de toutes les frontières terrestres et maritimes, la reprise de la campagne nationale de dépistage de la Covid-19, sur une période de 30 jours et le port obligatoire du masque dans les transports publics.
Les réalisations
Selon Dr. Liliane Nkengurutse, Conseiller aux services des Urgences du ministère, le dispositif existant de lutte contre le virus Ebola a beaucoup aidé dans la riposte contre la Covid-19. « Nous étions préparés en termes de personnel soignant au niveau des différents points d’entrée du pays. Nous n’avons fait qu’augmenter la capacité du personnel ainsi que des équipements sur des zones de screening déjà installées. »
En effet, plus de 1.800 prestataires au niveau national ont bénéficié de la formation sur le renforcement de la prévention et contrôle des infections, tandis que 100 personnes ont été formées prise en charge des malades au niveau nationale.
Même si le dispositif de lutte contre la Covid-19 n’est pas parfait, et que les CDS choisis pour devenir des hôpitaux communaux ne disposent pas assez des moyens financiers et capacités techniques pour assumer le rôle qui sera bientôt le leur, l’on notera toutefois la mise en place des infrastructures sur toutes les zones d’entrée du pays, lesquelles serviront également dans l’avenir en des moments de pareils de crise.
Tous les 35 points d’entrée officiellement connus comme fonctionnels et frontaliers avec la RDC, le Rwanda et la Tanzanie, seront bientôt construits en dur. Aujourd’hui ces sites sont aménagés certains en tentes, d’autres en conteneurs, assure Déo Niyonkuru, Directeur des Infrastructures sanitaires et Equipements. Et de rappeler que le Gouvernement du Burundi compte construire au moins une salle de triage et d’isolement dans chaque commune pour pouvoir traiter chaque cas au niveau du point d’entrée où il est constaté.
Tout de même des défis aussi …
Malgré ce tableau reluisant brossé par les techniciens du Ministère de la Santé, ceux-ci indiquent que la bataille contre la Covid-19 n’a pas été sans défis. En effet, les moyens pour satisfaire tous les besoins du ministère en matière de prévention et gestion de telles crises ne sont pas suffisants. Dr. Liliane donne, entre autres exemples, les difficultés rencontrées par l’Equipe d’intervention rapide qui ont été occasionnées par un manque criant de véhicules. « Cette situation a compliqué la tâche de suivi et traçage de personnes-contacts. Ce problème s’est fait remarquer tant au niveau central, que périphérique. »
L’intensification de la communication afin de sensibiliser la population au dépistage systématique a constitué un autre défi. « Certes l’on a mis en place centre d’appel 117, mais le numéro ne fonctionne pas adéquatement comme on l’aurait souhaité. Par ailleurs, le Centre d’opérations d’urgences pourrait aider beaucoup plus mieux car il travaillerait 24h sur 24. »
Toujours, en termes d’infrastructures, alors qu’au niveau des points d’entrée, on y remarque beaucoup de cas positifs en provenance de l’extérieur, la gestion de ces cas s’est avérée plutôt difficile car il n’y a pas des infrastructures efficaces pour pouvoir s’occuper de ces gens-là. « Si on pouvait avoir un dispositif à l’instar de celui se trouvant à l’aéroport de Bujumbura sur les autres frontières les plus fréquentées comme Kobero et Mugina pouvant dépister les gens sur place avant de fréquenter les hôtels prévus, ça serait une grande avancée. »
Quid des leçons apprises ?
Au chapitre de leçons tirées de cette pandémie, Dr. Liliane salue la formation en prévention et contrôle des infections qui aura beaucoup aidé dans la lutte contre la Covid-19. Pour elle, grâce à cet acquis, les infections pourront difficilement casser la barrière de transmission car tout le monde s’est approprié l’approche de l’application des précautions de se prévenir de telles maladies.
Quant au Dr. Jean Claude Habiyaremye, du district sanitaire de province Cibitoke (ouest du Burundi), cette crise aura rappelé à la population l’importance des bonnes pratiques d’hygiène, telles que le lavage des mains ou la distanciation sociale, ce qui a, en outre, permis la diminution sensible des maladies de mains sales jusqu’à 40%. « Ces mesures ont été salutaires, et il est primordial qu’elles perdurent même après la Covid-19. » Un souhait partagé par ses collègues de Makamba (sud), Muyinga (nord), et Ruyigi (est).